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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : AMERICAN PSYCHO 2 (2002)

Le mot ‘séquelle’ signifie à la fois ‘suite’ et ‘conséquence’. American Psycho 2 serait sans doute un des meilleurs représentants de la ‘suite qui laisse des séquelles’, tant l’irrévérence est immense dans cette production opportuniste de 2002. Une suite à American Psycho, adaptation déjà très controversée du livre de Bret Easton Ellis… pouvait-il y avoir une idée plus brûlante de la part des producteurs ? Certainement pas. Aussi, quitte à pousser le bouchon, autant y aller à fond. Et pour se faire, préparant ainsi d’avance un moyen simple de se justifier, le film va s’étoffer sur une trame humoristique. Patrick Bateman, le tueur siphonné du premier opus (interprété avec brio par Christian Bale) laisse donc sa place à la jeune et sulfureuse Rachael Newman, une étudiante dont l’incommensurable ambition n’a d’égale que le recours mécanique au meurtre. À savoir que le film, réalisé par l’inconnu Morgan J. Freeman, n’avait d’abord aucunement l’intention d’être une suite à American Psycho. Ce sont les producteurs chez Lionsgate qui ont saisi l’opportunité de surfer sur le succès et le buzz générés par le coup de poing de Mary Harron diffusé dans les salles en 2000. Commercialement parlant, l’idée est parfaite, mais inscrira fatalement le métrage en haut de la longue liste des films les plus détestés de la planète. Dès lors, pour illustrer la transition d’American Psycho 1 à 2, la scène d’intro exposera Rachael, petite fille de 12 ans dont la baby-sitter est l’énième victime de Patrick Bateman. Et tandis que ce dernier s’attèle à une nouvelle agression perverse, la fillette s’empare d’un pic à glace et élimine d’un seul coup d’un seul son assaillant. Voilà comment on se débarrasse d’un mythe avec autant de facilité qu’un changement de slip.

C’est sur cette note que le film commence. Rachael Newman devient l’emblème patriote de ce que l’Amérique fait de pire : un savant mélange d’opportunisme, de décadence et de démence, mêlés à une touche sexy et psychomaniaque qui fonctionne comme une bombe à retardement. Son objectif est sa réussite, et gare à ceux qui se dresseront sur sa route ! Pour devenir la nouvelle assistante du professeur Stark (interprété par William Shatner), la jeune psychopathe ne reculera devant rien. Une corde, un cadre de diplôme, un pic à glace, un balai, et même un préservatif deviendront les armes mortelles de sa sinistre hécatombe universitaire. Le tout bien entendu recouvert d’une bonne dose de second (voire troisième) degré, à la différence du premier opus qui s’inscrivait lui dans un registre ultra tendancieux aux confins du malsain.

Tout le décalage d’American Psycho 2 repose sur le contraste entre la parfaite symbiose de l’esprit tourmenté de son héroïne tueuse et de l’absurdité des séquences qui s’enchaînent. Le scénario a beau avoir l’air d’un cliché du thriller de bas étage dont l’issue n’a que peu d’importance, il faudra admettre que l’intrigue est bien ficelée et le plan machiavélique de Rachael, bien que rencontrant tout un tas de difficultés, semble calculé au millimètre près, rendant la facilité de certaines séquences encore plus irrésistibles. À cela, les échanges entre Rachael et son psychiatre seront les véritables démonstrations de ce dont est capable cet esprit malade enfermé dans le corps si parfait de cette étudiante irréprochable à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession. Mila Kunis signe ici sa première véritable interprétation cinématographique, après s’être échappé de la série TV That ’70s show, avant d’être révélée au grand public avec Black Swan en 2010. Une actrice qui démarre au quart de tour, aidée d’une allure classe, d’une silhouette sculpturale, de yeux revolver et d’un sourire ravageur. Le joli minois de l’actrice renforcera d’ailleurs son potentiel puisque son irrévérence et son culot iront de paire avec l’envie du spectateur de la voir irrémédiablement s’en sortir. L’humour noir et décalé du métrage (également renforcé par la musique signée Norman Orenstein) provoque une empathie pour cette tueuse dont la spontanéité et le vice n’ont pas leur pareil. Au final, le film est à voir comme un sketch, une farce décalée, une satire moderne et sans morale sur l’ambition et la jeunesse typiquement américaine (d’où son titre original, All american girl, autrefois indépendant de la mention American Psycho). Aussi cinglante dans ses actes que dans ses répliques, Rachael Newman mérite amplement sa place au panthéon des tueuses les plus givrées du slasher movie, même si le film auquel elle est rattachée mérite toutes les foudres qu’il a choisi délibérément de s’attirer de la part du public. Les plus malicieux sauront toutefois débusquer la perle noire cachée sous les aspects bien craspec d’une carapace un peu repoussante de par l’opportunisme de sa gourmandise hautement commerciale.

Florilège de ce qu’American Psycho 2 va vous servir sur son plateau d’argent…

AMERICAN PSYCHO 2 : ALL AMERICAN GIRL, UN FILM DE MORGAN J. FREEMAN, USA, 2002

● les + : L’irrévérence à son paroxysme : savoureuse et très pimentée (dès lors qu’on a fait l’impasse sur son mauvais goût et qu’on accepte l’humour au troisième degré).
● les – :
Une facilité déconcertante mais qui n’empêche pas le plaisir de l’ensemble.
● les meilleures scènes du film :
Les confrontations entre l’héroïne et son psychiatre, qui dévoilent toute l’étendue démoniaque et décalée de notre tueuse en série.
● la pire scène du film :
« Ricky Martiiiiin ? Rickyyyyy !! »

Verdict : *****

dans la même veine : DISCOPATH (2013)

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