ZESHAPEHALLOWEEN

L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : DR RICTUS (1992)

Croquemitaine décalé passablement oublié, le docteur Evan Rendell est sans doute l’un des tueurs les plus efficaces et plus amusants de l’histoire du cinéma. Après avoir longtemps louché vers des lieux insolites, en revenant régulièrement dans les hôpitaux pour faire trembler les spectateurs (Halloween 2, Terreur à l’hôpital central), l’idée de rendre un médecin fou du scalpel n’était certes pas très originale mais garantissait un bon nombre de situations frissonnantes. Et l’acteur Larry Drake (Darkman) sait hautement nous convaincre de la folie de son personnage. Evan Rendell est en fait le fils d’un célèbre médecin ayant déjà sombré dans la démence après la mort de sa chère et tendre femme.

Viens voir le docteur, non n’aie pas peur…

Le point de départ est donc simple, et Rendell tient à venger son père des villageois qui l’ont assassinés. Pour cela, il se vêtit de sa blouse et s’installe dans la bourgade en tant que médecin officiel. Mais soudainement, après quelques premiers meurtres assez fades, le bougre étant aussi ravagé que le fut son père, si ce n’est davantage encore, le voilà qui change d’objectif : après avoir découvert qu’une jeune fille, Jennifer (l’héroïne du métrage, interprété par la toujours fadasse Holly Marie Combs de la série Charmed) a des problèmes cardiaques, il se met dans l’idée de la sauver. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que la mère de Rendell est morte des mêmes symptômes. Mais ce revirement n’est pas sans conséquence, pour un esprit aussi dérangé que celui du bon docteur… Si le film surfe sur une large couche de grand-guignol, il s’avère être un choix particulièrement réjouissant, à l’heure où le slasher a presque épuisé toutes ses cartouches après près de 15 ans d’offices réguliers au cinéma. L’humour du docteur étant déjà très décalé, il suffisait d’affubler le personnage d’un rire étrange et flippant, surtout lorsqu’il résonne dans les couloirs d’un hôpital déjà bien dangereux. Dr. Rictus met donc sa pâle histoire de slasher de côté pour se concentrer sur son tueur burlesque et déjanté en misant tout sur sur l’interprétation et le physique de Larry Drake. Étouffement avec un sparadrap géant, thermomètre planté dans le bec, zigounette sectionnée au scalpel, les meurtres fusent et se détachent les uns des autres, mais sont tous orchestrés de manière intelligente et guidés par l’humour tout particulier du bourreau. Celui-ci ne sera d’ailleurs pas à l’abri de sévices : une balle dans le ventre et des ciseaux plantés dans la cuisse, des blessures qui l’amèneront à s’opérer lui-même lors d’une scène hallucinante bercée d’une douce schizophrénie…

Une héroïne terriblement ennuyeuse, heureusement en voie d’aller chez le bon docteur…

Le métrage peut donc sembler classique par l’idée du tueur-médecin mais celui-ci renverse ingénieusement la barre grâce à un comportement hors-du-commun. Des meurtres rigolos, une intrigue ordinaire mais efficace, un film donc fort appréciable bien que méconnu dans nos contrées. Le film a pourtant eu les honneurs du prix du public au Festival d’Avoriaz, alors en compétition avec les rouleaux compresseurs Braindead, Evil Dead III et Candyman. Mais le film réussit à jouer sur les peurs légitimes des êtres en blouses blanches tout en lorgnant vers la comédie populaire (registre de Freddy Krueger depuis développé dans des métrages de plus en plus méta). Nous sommes encore à quelques années du légendaire Le Dentiste de Brian Yuzna mais déjà prêts à plonger de pleins pieds dans la folie d’un médecin totalement alternatif. Cette gigantesque farce veut surtout que le public ait peur des médecins plutôt que de son croquemitaine dérangé, le scénariste et réalisateur Manny Cotto (qui a écrit bon nombre d’intrigues pour la télévision via les séries 24 heures chrono, Dexter, American Horror Story et L’Exorciste) ayant opté d’incorporer à leur métrage toutes les idées qui leur passaient par la tête sans offrir à leur tueur le soin de revenir dans une suite. Le résultat donne un slasher d’apparence convenu mais qui remplit haut-la-main son contrat de divertissement humoristique délirant, malgré que passées les surprises de son irrésistible tueur, le reste du métrage n’ait pas tout à fait la même saveur…

Le docteur a des mains d’orfèvre…

DR RICTUS (DR GIGGLES), UN FILM DE MANNY COTTO, USA, 1992

● les + : Un tueur aussi sympathique que dément, dans un film bourré de gags et de situations irrésistibles
● les – :
Une héroïne en-deça des attentes, qui plombe un peu l’aspect décalé du métrage
● les meilleures séquences du film :
les délires du Dr Rictus, et l’examen buccal toujours aussi drôle 30 ans après
● la pire scène du film :
le final peut-être un peu facile…

Verdict : *****

Dans le même genre, pour rire et trembler en même temps :
American Psycho 2 est fait pour vous !

Au Suivant Poste

Précedent Poste

Poster un Commentaire

quatre × un =

© 2024 ZESHAPEHALLOWEEN

Thème par Anders Norén