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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

Le slasher du mois : Discopath (2013)

Bienvenue dans les années 70. Les filles chaussent leurs patins à roulettes, les garçons revêtissent leurs plus belles chemises à fleurs et à cols en pelles à tarte, et se déhanchent sur les airs musicaux qui font fureur dans les enceintes radio : le disco. Nous sommes en 1976, Duane Lewis est un garçon timide et maladroit, qui découvre en même temps que les nouvelles tendances dancefloor son irrésistible envie de tuer à l’entente d’un rythme disco. Pourquoi ? Parce que l’alliance de la batterie et des cymbales lui remémore le terrible souvenir de la mort de son père, accidentellement électrocuté lors d’une mauvaise manipulation de câbles. Eh ouais ! C’est sur ce pitch improbable que le canadien Renaud Gauthier, également à l’origine du scénario, va construire son film, étonnamment mis en scène avec le plus grand sérieux du monde. Et ce, malgré l’idée principale saugrenue, l’accent et les expressions dans la plus pure tradition canadienne, et des situations au plus haut sommet de l’improbable. Tourné en 2013, la magie du saut dans le temps opère malgré tout très bien, et c’est avec une curiosité indéniable que le spectateur peut se plonger dans cette étrange aventure. Les bases sont très vite posées, pas de suspense quant à l’identité du tueur, le tout sera de voir comment se peaufineront l’intrigue farfelue et l’enquête policière qui se décline bien entendu en parallèle.

Un cadre qui s’impose…

Du disco, on va en bouffer, peut-être au point de ressentir comme le tueur du film une impression de devenir cinglé au moindre rythme pulsé. Cette surenchère est un peu regrettable, puisqu’encore une fois, le décalage entre le synopsis et la réalisation est énorme. On a en fait droit à un pur thriller calqué sur le mobile assassin le plus débile de tous les temps. Duane, rebaptisé Martin lorsqu’il quitte New York et rejoint le personnel d’une institution religieuse de Montréal, mutile, électrocute, décapite, égorge et lacère avec tout ce qui lui passe sous le gant (du poignard aux vinyles, en passant par le tournevis, rien ne nous est épargné) lorsqu’il ne s’adonne pas au cannibalisme sur des êtres encore vivants. À la vue du carnage, la police n’a d’autre mot à s’écrier qu’un illustre et représentatif : « Tabernac » ! L’improbable de ces situations, mêlées à une certaine lourdeur dans l’interprétation des personnages dans les forces de l’ordre, se confrontent à l’atrocité des actions de Duane qui, entre deux meurtres atroces, violente crapuleusement et sans raison une victime attachée dans une cave, lors de cette scène malsaine dans laquelle il danse nu et couvert de sang et s’amusant à faire tourner des têtes sur des tourne-disques.

Un nouveau Bal de l’horreur venu des lointaines contrées canadiennes…

Tout comme ces disques, on tourne vite en rond. La police piétine, le tueur allonge ses méfaits avec une facilité déconcertante, et l’ennui s’installe à grande vitesse. Le sentiment d’être passé à côté de quelque chose d’énorme est indéniable. En tous les cas, Discopath aurait grandement gagné à être une comédie, l’hommage à la grande époque du disco n’en aurait été que meilleur. Car en ses termes, le film est ici relativement indigeste. Le spectateur, perdu entre les clichés du slasher et ceux grosses moustaches et pattes d’eph, ne saura plus où donner de la tête, jusqu’à un final pompeux durant lequel Duane se jette dans le vide pour un ultime SFX gore ne laissant heureusement aucune chance au film d’accoucher d’une suite (quoique…). Mais que reste-t-il du métrage après une telle débâcle ? Quelle empreinte souhaite laisser Duane au monde de l’horreur ? On ne comprend plus rien à ses motivations, lorsqu’il charcle dans un dancing à la manière d’un Bal de l’horreur sous acide et stroboscope, ou provoque déguisé en nonne un carambolage entre un véhicule de police et un corbillard sur fond de I was made for lovin’ you de Kiss. Un grand n’importe quoi prouvant que le film s’enlise à chaque minute vers une destinée qui lui échappe inexorablement. La tentative n’est pas totalement vaine, puisque le film expose des séquences intéressantes, le tout mené avec un certain talent dans la réalisation, celle-ci altérée peut-être par des interprètes et un synopsis en deçà des espérances. Le tueur, de manière générale, manque de charisme, même si on observe au fur et à mesure du film une étrange transformation chez lui (ses yeux bleus deviennent de plus en plus noirs à chacun de ses meurtres) qui mènera à un twist intelligent mais encore une fois complètement improbable. Enfin, parmi les qualités apportées aux soins techniques, notons que la musique accolée aux actions du tueur ressemble à s’y méprendre au thème The Shape stalks Laurie, une des partitions les plus célèbres que John Carpenter a composé pour Halloween. Un ultime clin d’œil au genre qu’on aurait aimé plus maîtrisé, évitant ainsi au film de sombrer dans l’oubli dès son générique de fin. Ça ne sera malheureusement pas le cas. Disco’s not dead, mais un peu quand même…

Platine vinyle nouvelle génération ?
Entre le slasher et le giallo, notre tueur ne lésine pas sur les moyens…

DISCOPATHE (DISCOPATH), UN FILM DE RENAUD GAUTHIER, CANADA, 2013

● les + : un thriller bien réalisé qui porte un soin très appuyé aux détails techniques et sonores 
● les – :
une déception générale qui ne nous fait éprouver ni rire ni peur ni empathie
● meilleures scènes du film :
les quelques tentatives de thriller malsain, comme la danse nue avec les têtes, le meurtre sous le plancher de verre façon giallo, l’accident au ralenti du corbillard
● pires séquences du film :
les scènes de flics, le personnage du prêtre (inutile), le final un peu facile

Verdict : *****
En effet, on est en droit de se poser la question…

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Retrouvez chaque 1er du mois un nouveau film dans la rubrique Le slasher du mois,
sans oublier les tueurs fous du cinéma de genre dans Génération croquemitaines : les ancêtres et descendants de Michael Myers !

« Tu l’aimes, ma chemise à col en pelle à tarte ? »

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