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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : THE SANDMAN (1995)

Les années 90, le cul entre deux chaises, le slasher est à la fois mûr et périmé, les effets spéciaux avancés et kitsch, les histoires originales et éculées. Après le Leprechaun ou Morty le pantin de bois de Terreur, et en attendant le Pinocchio revanchard ou Jack Frost le bonhomme de neige, si le mythe du marchand de sable est un incontournable de la légende du croquemitaine et des cauchemars, il y a eu déjà tant de tueurs mêlés au fantastique que celui-ci ne fait pas forcément trembler les murs. Mais l’idée est bonne, assez pour accoucher d’un dérivé vidéo intéressant. Ici, c’est un condamné à mort qui reçoit lors des derniers sacrements la formule lui permettant de se dématérialiser et devenir un tas de sable d’apparence inerte. Fort de ce pouvoir, le Sandman a trois jours pour éliminer le dernier survivant des familles qu’il a décimé de son vivant, et ce afin de devenir invincible. Griffin, la cible de l’homme de sable, doit donc affronter une menace qui semble inarrêtable. Bien sûr, le scénario est plutôt bateau et des histoires pareilles, les films de genre en regorgent de toutes parts. Pour se démarquer de ses congénères, l’homme de sable va devoir tirer son épingle du jeu en frappant là où on ne s’y attend pas. Et dans un produit aussi faible que cette tentative vidéo, le problème est qu’au niveau des surprises, on restera amèrement sur notre faim.

Un physique de pantin de bois, mais il s’agit bien d’un marchand de sable…

Visuellement, le tueur est plus impressionnant dans la campagne marketing faite autour du film que dans le métrage lui-même. Ni très effrayant, ni très surprenant, ni très drôle, l’homme de sable traverse les trous de serrure comme il traverse le film : sans charisme ni énergie. Ses pouvoirs ne sont pas très subtils puisqu’il étrangle comme un humain, noie en son sable mouvant, défonce des crânes ou dépèce des corps. Ah si : il fait de son bras un pic ou surgit du sol à la manière du T-1000 de Terminator 2 de James Cameron (1991), film auquel on ne peut s’empêcher de penser à chaque mouvement semi-liquide du croquemitaine de sable. Le scénario (signé par le réalisateur du film, Turi Meyer, futur metteur en scène du nullissime Candyman 3 : le jour des morts et tourné depuis dans les séries TV) creusera un peu plus profond dans le cliché en essayant de raconter une histoire à ce croquemitaine improbable. Dès lors il devient lui-même la victime d‘un père bourreau qui lui cousait la bouche et le frappait sans raison. De plus, uni par le sang au jeune homme qu’il doit tuer, ce lien devient un mobile restant surtout un prétexte assez dur à encaisser. Et au-delà de ça, le film ne conserve même pas le suspense sur ce qui peut éradiquer le monstre (l‘eau et la chaleur), puisqu’ils sont cités ou exposés à tout bout de champ durant le métrage…

À la fin du film durant lequel du sable aura vaqué d’un endroit à l’autre de Los Angeles, par toutes les issues possibles et imaginables, le tueur sera éliminé par un mélange de produits visant à transformer le sable en verre. Une belle fournaise crématoire et le générique s’élance, accentué par cette mélodie de conte de fée qui reste dans les mémoires. Mais c’est bien tout ce qu’il y aura à retenir puisque le marchand de sable sera aussi vite oublié que nos rêves au réveil. Si l’ambition de Sleepstalker n’était pas très grande, on regrette tout de même qu’un meilleur traitement n’ait pas été accordé à ce croquemitaine hors du commun. Les effets spéciaux, ambitieux mais limités par un budget évidemment timide, sont signés Gary J. Tunnicliffe, responsable des maquillages à la carrière immensément prolifique (Hellraiser 4 et 8 notamment, Sleepy Hollow, Halloween 6 et Resurrection, Scream 4, Candyman…) À noter au casting de ce petit film sans impact mais sans honteuse prétention non plus, la future héroïne de la série Cold Case, affaires classées : Kathryn Morris, aux côtés de Ken Foree (Halloween remake, Zombie, The Devil’s Rejects). À la musique, le toujours génial compositeur Jim Manzie (Massacre à la tronçonneuse III, Darkside, les contes de la nuit noire, Pumkpinhead II) concocte même un générique envoûtant avec la chanson « Sleep, baby, sleep » interprétée par Teresa Straley, et qui résonne comme une comptine d’outre-tombe à l’emprise délicatement cynique.

THE SANDMAN (SLEEPSTALKER),
UN FILM DE TURI MEYER, USA, 1995

● les + : un tueur intéressant, une musique entêtante et quelques effets spéciaux assez sympathiques
● les – :
un ensemble plutôt médiocre (surtout du côté du scénario et de l’interprétation) malgré un côté old school rigolo
● comparé à Michael Myers : le marchand de sable au sens propre. Pas forcément très fin comme tueur, mais plutôt efficace dans l’idée, à ranger entre Jack Frost, Scarecrow et autres Wishmaster.

Verdict : *****

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