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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

ANALYSE : HALLOWEEN H20 & FREDDY SORT DE LA NUIT, les retours aux origines

Par intermittence, quand une saga de films est sur le déclin, un retour aux origines s’impose. Dans les années 2000 à 2010 ce retour aux origines rimait irrémédiablement avec un remake, tandis que depuis quelques temps la mode revient à la suite tardive qui reprend le film d’origine pour y rattacher un opus bercé de nostalgie (Halloween 2018, Massacre à la tronçonneuse 2022). Toutefois, dans les années 90, une alternative parfois bien plus subtile a été envisagée sur deux métrages emblématiques. Ignorer mais pas effacer, telle était la règle des épisodes 7 des Griffes de la Nuit et Halloween, qui parvenaient par un subterfuge à entretenir un mythe tout en se concentrant sur la thématique essentielle qui a participé à son succès. Pour Halloween 7, l’actrice emblématique Jamie Lee Curtis reprend les rennes, et le style renoue directement avec l’approche de John Carpenter (un temps envisagé à la mise en scène). Un retour chic. Pour Freddy 7, c’est à la fois le retour de l’actrice vedette du premier opus : Heather Langenkamp, et du créateur de Freddy : Wes Craven. Un retour choc.

Les années 90 signent des retours aux sources pour deux sagas emblématiques.

Le chic et le choc, une formule qui permet aux deux films de s’inscrire au fer rouge dans leur saga respective. Le choc Freddy 7 disséquera le personnage du croquemitaine de Elm Street, sa mythologie et ses valeurs pour une exploration des cauchemars inédite et surprenante. Le chic Halloween H20 réunira un casting glamour et rafraîchissant, pour une transposition de l’horreur moderne sur fond de mélancolie. Deux méthodes qui marqueront les esprits, même si les deux films n’ont pas eu le même succès critique et public. Du point de vue des chiffres, Freddy sort de la nuit a remporté 20 millions de dollars pour un budget estimé à 8 millions, tandis que H20 a raflé 55 millions de dollars pour un coût de base de 17 millions. Malgré ces chiffres, les deux films ont aujourd’hui une consécration inverse, Freddy 7 ayant une meilleure note du public sur IMDb que Halloween 20 ans après (6.4/10 contre 5.8), idem pour allociné avec 2,4/5 pour Freddy 7 contre 2 pour Halloween H20.

Heather Langenkamp, de retour 10 ans après Les Griffes de la nuit

Lorsqu’on se replace dans le contexte de l’époque, la méthode n’en est encore qu’à ses débuts et fonctionne du tonnerre. Jamie Lee Curtis et Heather Langenkamp, deux des plus célèbres scream queens du genre, reviennent donc pour un ultime frisson (sur le papier, tout du moins, puisque Jamie Lee Curtis reviendra encore par la suite dans son rôle culte à quatre reprises !). La recette de ces grands retours émoustille les fans. La première revient de sa propre initiative pour son rôle de Laurie Strode, 17 ans après Halloween II. La seconde a laissé passer une demie douzaine d’années depuis Freddy 3 pour remettre à nouveau Nancy face à son pire cauchemar, mais dans la réalité cette fois. Pour l’anecdote, cette idée de film dans le film, qui permettait à Heather Langenkamp de faire son come-back au cinéma et ainsi explorer une nouvelle forme d’interprétation, était d’ailleurs prévue pour les premières bribes du scénario d’Halloween 8. En effet, avant le projet final d’Halloween Resurrection, Jamie Lee Curtis devait jouer son propre rôle, confronté à une excessive passion de fans pour Michael Myers, dont la popularité se serait inspirée d’une part beaucoup plus réelle qu’escomptée. Si cette pirouette entre la réalité et la fiction déchaîne les passions, elle marque aussi la fin d’une saga qui ne peut plus, après cela, revenir sur le mythe qui en est à l’origine. C’est pourquoi la saga des Griffes de la Nuit n’a trouvé depuis de matière à renaître que via un versus avec Vendredi 13 dans Freddy contre Jason en 2003 et un remake de sinistre facture (et d’ores et déjà oublié) en 2010.

« Allô Nancy ? Quel est ton film d’horreur préféré ?’

Autre fait intéressant concernant ces deux opus, l’influence de Wes Craven, d’abord via la métaphore et l’emprise de la fiction sur le réel. On ne peut revoir aujourd’hui Freddy sort de la nuit sans remarquer les nombreuses similitudes qui seront explorées, parfois à outrance, dans la saga Scream, réalisée seulement deux ans après Freddy sort de la nuit. La simple énonciation des termes de « film dans le film », crédo de ce septième Freddy, sera l’adage de Stab et consort dans les séquelles du film culte mettant en scène le célèbre Ghostface que Wes Craven et son scénariste Kevin Williamson présentèrent à la surface du monde. Scream ira jusqu’à créer les bases du néo-slasher, dont Halloween 20 ans après sera indéniablement un des premiers prototypes.

Freddy Krueger, un brûlé plutôt dur à cuire…

Pour Les griffes de la nuit comme pour Halloween, les épisodes 7 débarquent sur les écrans en 1994 et 1998. L’un transpose un renouveau dans le mythe, l’autre renoue avec le concept de base, sauce anniversaire. Mais les deux alignent les clins d’œil aux films originaux, pour pimenter l’intérêt des fans et boucler la boucle. Laurie se retrouve face au placard, est blessée à la même épaule. Nancy retrouve la langue de Freddy au téléphone quand elle ne se revoit pas à travers l’écran du téléviseur dans le rôle qui l’a révélé au monde. Mais pour plonger aux origines, les deux films choisissent d’exclure les éléments qui les précédaient. Halloween éradique pas moins de quatre films, tandis que Freddy les ignore tous superbement sans pour autant les effacer des mémoires, certaines références implicites soulignera ce phénomène d’attraction/répulsion pour n’assumer qu’à moitié l’existence-même de ces séquelles. Ignorer mais pas effacer. Si le succès d’Halloween 20 ans après a été apparent, le manque de succès de Freddy sort de la nuit apparaît presque démérité. L’équation Heather Langenkamp, Robert Englund (interprète de Freddy) et Wes Craven sonnait comme l’apothéose de la saga Freddy, tandis que pour Halloween H20, bien que l’on pleure l’absence de Donald Pleasence, le final offrait un moment d’anthologie au genre et aux fans. Dans un cas comme dans l’autre, les tentatives auront été nombreuses pour raviver la flamme des grands débuts, ces origines qui auront valu à chaque saga leur longévité et leurs coups de théâtre. Aujourd’hui encore, il n’appartient qu’au public d’en apprécier toutes les subtilités. Car un film et une saga, quels qu’ils soient, vivent avant tout dans le cœur des fans.

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