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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

SAGA HALLOWEEN : L’HÉRITAGE DE MICHAEL MYERS (2/3)

RETROUVEZ LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE AVEC LES PROPOS DE NICK CASTLE ET TONY MORAN (INTERPRÈTES DE MICHAEL MYERS DANS LE FILM ORIGINAL DE JOHN CARPENTER) EN CLIQUANT ICI.

Aux six interprètes de Michael Myers dans La nuit des masques s’ajoute encore le visage du tueur enfant, précoce dans l’art de manier le couteau. Will Sandin, du haut de ses 8 ans, incarne le rôle et inscrit à son tour son minois d’apparence innocente dans la spirale halloweenesque. Dans Halloween II (1981, sous les traits d’Adamn Gunn) puis Halloween Kills (2021, incarné par Christian Michael Pates), cette allure angélique véritablement maléfique reviendra à l’écran pour des séquences de flash-back étroitement liées à cette nuit d’Halloween 1963.

Sous les airs innocents d’un enfant (Will Sandin), se cache le Mal à l’état brut…

« Nous tournions Halloween au mois de mars, et je venais tout juste d’avoir 8 ans. J’avais à l’origine auditionné pour le rôle de Tommy Doyle. J’ai eu un rappel pour une audition, sauf que cette fois, je n’avais aucune réplique. Ils m’ont juste demandé d’avoir un visage véhiculant de la peur. Et c’est tout. Plus tard, notre agent nous a appelé et a indiqué à ma mère que j’avais le rôle. D’abord, c’est ma mère qui m’a induit dans le métier d’acteur-enfant. C’était son idée. Par contre, une fois que j’avais commencé, j’étais complètement dedans. Beaucoup de spots publicitaires tout d’abord, notamment pour Buc Wheats, une marque de céréales qui n’existe plus, une pour des jouets de chez Fisher-Price…
Le tournage avait lieu à Pasadena, mon jour de tournage était un vendredi. Puisque nous tournions la nuit, j’avais passé la journée à faire mes devoirs dans le van. J’ai tourné ma scène, et c’était terminé. Ma mère n’avait aucun souci avec le fait que je tourne dans un film d’horreur. Ça n’était qu’un job. Mais nous avons dû quitter la séance de la première après la moitié du film car il terrifiait ma sœur plus jeune de 2 ans… En grandissant, je n’ai jamais mentionné à quiconque que j’avais joué Michael Myers. Les enfants de mon quartier ont fini par le découvrir, et ils ont trouvé ça cool. Mais personne ne m’a traité différemment sous ce prétexte. Des années plus tard, on ne m’a pas planté à des rendez-vous amoureux pour ça.
Je pense que personne n’était en mesure de prédire ce que Halloween allait devenir. Quand je l’ai vu, j’ai trouvé que c’était un grand film d’horreur, très effrayant. Quand il a été possible de le voir à la maison, j’ai appris que non seulement mes amis aimaient ce film, mais aussi ceux de mes parents. Je réalisais que c’était vraiment une réussite, et sa popularité allait en grandissant années après années. Quand ils ont lancé l’idée d’une suite, je savais que ça allait être énorme.
Je me suis prêté au jeu des conventions à partir de 2008, la convention Halloween returns to Haddonfield, et j’ai du mal à croire qu’aujourd’hui encore je parle d’un film à très petit budget que j’ai tourné il y a plus de 40 ans ! Un jour, un fan m’a montré son tatouage du jeune Myers. C’était mon visage d’enfant sur son torse. Vraiment surréaliste !
« 

Dick Warlock, Jamie Lee Curtis et Donald Pleasence sur le tournage d’Halloween II.

Endossant le rôle de Michael Myers dans Halloween II (1981), première suite du chef d’œuvre de Carpenter, Dick Warlock incarne aussi un policier dans ce même film, et un des droïdes tueurs de Cochran dans Halloween III (1982). Un membre de la grande famille de cinéma de John Carpenter, qui a donné au personnage de Myers une approche nouvelle avec une démarche plus robotique et dépourvue de la moindre humanité.

« J’étais un cascadeur dans l’équipe de New York 1997 de John Carpenter. Quelques mois après son bouclage, la productrice Debra Hill m’a contacté pour me parler d’un autre projet sur lequel elle travaillait. C’était Halloween II, et lorsque je suis arrivé pour parler de séquences de cascades que j’allais être amené à réaliser, j’ai avoué ne pas avoir vu l’original. Debra m’a indiqué : « Tu devrais y jeter un œil. C’en est la suite directe ». Après cette discussion, je descendais le couloir pour rencontrer le réalisateur Rick Rosenthal. Sur mon chemin, il y avait le masque du tueur sur une chaise d’un des bureaux complètement vides. Je l’ai enfilé et je suis entré dans le bureau du réalisateur. « Qui êtes-vous ? » m’a-t-il demandé. Je n’ai rien répondu. « Mais enfin, qui êtes-vous ?! » répéta-t-il plus vigoureusement. Là, j’ai coupé court à la supercherie, j’ai enlevé mon masque, et me suis présenté. Nous avons parlé des fameuses cascades du film, puis, en me dirigeant vers la sortie, je lui ai lancé : « Y’aurait-il une raison pour laquelle je ne puisse pas jouer ce rôle ? », et Rosenthal m’a répondu : « Non, si c’est que Debra veut, ça ne me pose pas de problème ».
J’ai fini par voir le premier Halloween, afin de me préparer au rôle. Après cette scène où Jamie Lee Curtis est enfermée dans un placard, et qu’elle frappe Myers à l’œil avec un cintre, le tueur se redresse et tourne la tête vers elle d’une façon presque mécanique. Mes déplacements dans Halloween II, toute cette démarche, était basée sur cette séquence.
À la fin du tournage, j’ai demandé à Debra si je pouvais conserver des éléments du costume. Elle m’a répondu « Bien sûr ! Nous n’allons plus jamais faire quoi que ce soit avec ce personnage, dorénavant », alors j’ai pris le masque, la combinaison, le scalpel, le couteau de boucher et les chaussures. J’ai conservé ces objets pendant des années, jusqu’à ce que je découvre à quel point Halloween était un véritable phénomène. Don Shanks, qui interprète le rôle de Myers dans une des suites et que j’ai rencontré lors du tournage d’un épisode de Mariés, deux enfants en 1997, m’a demandé pourquoi je ne participais pas à des conventions avec lui et les autres. Je n’avais aucune idée de ce dont il parlait. Je me suis rendu à l’une d’elles et cette passion de la part des fans était tout bonnement incroyable. Je ne pensais pas que la saga puisse être aussi populaire. J’ai aussi appris qu’il ne m’était pas possible d’emmener les fameux objets conservés après le film sur des événements publics car les fans les auraient mis en pièces. Beaucoup d’entre eux auraient souhaité en conserver un morceau (littéralement). Plus tard, j’ai vendu ces objets à Mark Roberts, un passionné d’horreur qui dirigeait une maison hantée à Toledo, dans l’Ohio. Il m’a par la suite révélé qu’il avait assuré le masque à hauteur de 250.000$, tellement plus que le prix auquel je lui avais vendu ! J’aurais vraiment du garder tous ces collectors ! »

Don Shanks prend la pose avec le masque d’Halloween 5 devant la maison de Michael Myers.

En 1989, c’est le cascadeur Don Shanks qui incarne le croquemitaine dans Halloween 5 : la revanche de Michael Myers, réalisé par le suisse Dominique Othenin-Girard. Sa première incursion dans le genre s’est faite quelques années plus tôt avec le slasher Douce nuit, sanglante nuit dans lequel il a assuré plusieurs figures.

« Une connaissance avec laquelle je travaillais sur le plateau de la série télé CHIPS m’a appelé pour me dire qu’un film allait se tourner à Salt Lake City et me demander si j’étais disposé à rencontrer le réalisateur pour en réaliser les cascades. Je trouvais étrange de devoir rencontrer le réalisateur pour une mission de cascades, et en apprenant qu’il s’agissait du nouvel Halloween, je me suis dit qu’ils souhaiteraient sans doute m’avoir pour le rôle. Le réalisateur m’a dit « Je voudrais que tu marches comme du bois sur de l’eau. Être rigide, et fluide. Tu es une force qui s’oppose à l’eau. Tu dois donc être assez rigide pour faire face à elle, mais également assez fluide pour te fondre avec elle ». J’ai gardé cette image en mémoire pour incarner le personnage dans le film.
Être acteur, c’était un rêve de gosse. J’ai grandi dans une ferme à Piasa, dans l’Illinois. Il y avait peut-être une centaine de gamins dans toute la ville. J’ai vu le film Le Corsaire rouge (Crimson Pirates), avec Burt Lancaster, quand j’étais enfant. Je transformais la grange à foin en navire, je me suspendais à mon mât bricolé et m’y balançais comme un boucanier. Je regardais de vieux westerns et m’essayais à recréer des montures fantaisistes en guise de chevaux.
J’avais 29 ans lorsque le premier Halloween est sorti sur les écrans, et je l’avais trouvé génial. On avait envie de savoir quelles étaient les motivations de Michael. Face à son masque blanc inexpressif, on y projetait toutes nos propres peurs. J’étais obnubilé par cette pensée en sortant de la séance. Et pourtant, je n’ai pas été surexcité par l’idée d’incarner le rôle dans le film. Je travaillais comme acteur et cascadeur depuis de nombreuses années déjà à ce moment-là, assez, presque, pour en être déjà un peu blasé. Sans doute de par le fait que souvent j’étais lié à des projets qui m’exaltaient, qui devaient avoir lieu, et qui soudain passaient à la trappe.
C’est l’engouement autour du film qui m’a réellement surpris. Après le tournage, je m’étais dit
« Voilà, c’est chose faite ». Trente ans après, je participe encore à des conventions et y rencontre des milliers de fans. J’ai été jusqu’à signer 180.000 photos en un weekend. Et les fans connaissent les films mieux que nous qui y avons participé ! Ils les regardent encore et encore. Parfois ils mentionnent un détail face auquel je me retrouve à dire… que je ne m’en souviens même pas ».

ZeShape et Chris Durand, interprète de Michael Myers dans Halloween H20

Au redémarrage de la franchise en 1998, accompagnant le retour de Jamie Lee Curtis dans la saga, c’est le cascadeur Christopher Durand, surnommé « Shapey » par l’actrice, qui s’affuble du masque pour Halloween, 20 ans après.

« J’étais à l’apogée de ma carrière de cascadeur, participant sans cesse à de  nouvelles productions pour le cinéma et la télévision. L’opportunité s’est présentée parce que je connaissais Donna Keegan, la doublure de Jamie Lee Curtis sur True Lies. Elle était coordinatrice des cascades sur Halloween 20 ans après. Ils étaient à la recherche d’une centaine d’acteurs pour interpréter le rôle, avant de considérer l’idée de se tourner vers un cascadeur, parce que ça reste un rôle très physique. Donna leur a donné cinq options, et nous faisions tous les 5 la même taille et poids (1,83m pour 88kg, corpulence de Nick Castle, premier interprète du rôle en 1978). La taille était particulièrement importante parce que l’équipe du film souhaitait s’éloigner des dernières productions et revenir aux fondamentaux de l’original. Concrètement, Halloween 20 ans après n’était pas le septième film de la saga, mais la continuité directe d’Halloween I et II. Nous nous sommes assis tous les 5 face au réalisateur et son premier assistant. Puis il restait moi et un autre concurrent au titre, puis la décision revenait à l’équipe du film de choisir avec qui ils souhaitaient travailler pendant les deux prochains mois de tournage. Mon concurrent avait une sorte d’étincelle dans les yeux. Tu sentais qu’il pouvait exploser à tout instant. Moi, j’étais plus sur la réserve, un gars un peu froid. Et j’étais la première recommandation de Donna.
Je ne savais pas grand-chose sur Michael Myers. J’étais trop jeune pour voir Halloween à sa sortie. Je n’y étais pas autorisé. Je me souvenais en avoir beaucoup entendu parler, mais ça n’avait pas pour autant éveillé d’intérêt chez moi. Je n’étais pas friand de films d’horreur. Et donc en remportant le rôle, je n’avais pour être honnête aucune idée de l’enjeu. Mais ça a joué en ma faveur car je me rendais sur le tournage sans appréhension ni préjugé. Aucune prise de tête, je devais juste savoir comment jouer Michael Myers à ma façon. Je réalisais que je devais apporter au personnage autre chose qu’un style de marche. Je devais y inclure mes propres mouvements. Je me référais aux tigres. Quand leurs yeux se portent sur leur proie et que leur regard ne s’en écarte plus, c’est terrifiant. Primal. C’est ce que Michael est. C’est un archétype, l’essence-même du tueur. Selon moi rien ne représentait mieux Myers qu’un tigre. Michael a son propre statut dans le monde de l’horreur. Les classiques originaux étaient Dracula, Frankenstein et le Loup-garou. Le trio suivant était Michael, Freddy, et Jason. Incarner Michael, c’est comme incarner Dracula, ça ne peut être plus iconique comme rôle.
Les fans de la saga Halloween sont les gens les plus adorables du monde. Ils sont toujours si impatients de nous rencontrer, et ils souhaiteraient passer des heures à traîner et discuter de Halloween, ce qui est amusant pour ma part car je n’ai jamais regardé un autre métrage de la saga que 20 ans après, et ce uniquement parce que j’ai assisté à la première du film !
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