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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : PARCOURS SANGLANT (THE GREENSKEEPER), 2002

Une question résumera le tout : aujourd’hui, quel film peut-on réaliser avec 80.000$ ? Rappelons qu’Halloween de John Carpenter en avait coûté 300.000 en 1978 et, aussi minimaliste soit-il, avait eu un impact considérable sur le cinéma américain. Les années 2000 ont collé une sacrée claque au genre, réduisant non seulement le slasher à sa représentation scénaristique la plus idiote, mais en plombant aussi tout ce qui peut faire la force d’un film : son interprétation et sa réalisation. Pour le cas de Greenskeeper, nous sommes en 2002. Le film met en scène un tueur affublé d’une combinaison d’apiculteur et armé d’une cisaille, tranchant dans le vif une bande de jeunes lors d’une soirée improvisée dans un club de golf. Tout de suite, à la lecture d’un tel synopsis, on est un cran en dessous. Mais à la vision du film, on se rendra compte qu’en fait, on est en-dessous de tout. Bien-sûr, le film n’a pas la prétention de renouveler quoi que ce soit, mais il n’illustre même pas les fondements du genre et en est plus une insulte qu’un exemple.

Un slasher bien ras le gazon, ce navet tout terrain…

Pour ce méfait, ils s’y sont mis à trois. Kevin Greene, Adam Johnson et Tripp Norton, trois sombres inconnus aux prétentions de carrière aussi hautes que le gazon du terrain de golf du film, ont sans doute cédé à l’idée de faire un film de potes, avec les moyens du bord, un casting poubelle, un scénario de la taille d’un timbre, et deux caisses de bière par jour de tournage. La concurrence dans le genre étant très rude, il est indéniable que la seule énergie de l’équipe a été placée dans la recherche d’une idée de tenue et de cadre inédits, qu’importe l’histoire, qu’importe le mobile. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y a ni l’un ni l’autre, et que l’ennui est au rendez-vous dès les premières minutes, même pour ceux qui voulaient considérer ce film comme un bon popcorn movie de samedi soir. Plus dure sera la chute.

Un suspense digne d’un épisode des Feux de l’amour

Allen est un jeune étudiant au physique ingrat, à l’esprit limité et à la situation familiale catastrophique. Sa petite amie est une éternelle insatisfaite arrogante, sa mère est alcoolisée jusqu’à la moelle et son beau-père est un riche profiteur qui diminue systématiquement le jeune garçon en toutes circonstances. Ses amis sont une bande de geek adeptes de nanars horrifiques. Il n’a aucune situation, est continuellement sur la paille, et s’imagine devenir un grand scénariste malgré son cruel manque d’idées. Ce n’est que dans son travail d’agent de maintenance sur un terrain de golf qu’Allan trouve un peu de considération, notamment auprès de son collègue Otis. Mais un soir, alors qu’une beuverie de riches adolescents s’organise sur le tard sur son lieu de travail, Allan va devoir en découdre avec un tueur sadique qui élimine tous les membres de cette fête avec une barbarie inquiétante.

« AAAAH ! Mais c’est trop mal joué !! »

Qui est ce tueur et que veut-il ? À la vue du désastre ambiant, la réponse à ces questions ne promet pas beaucoup d’intérêt. Seules quelques mises à mort bien trempées permettraient au film de se distinguer et d’acquérir une quelconque notoriété. Le but aurait pu être atteint si la réalisation encore une fois ne venait faire défaut au métrage. Car des idées salaces en matière de meurtres, il y en a. Et ce malgré des acteurs au QI d’une balle de golf, et malgré une absurdité évidente de tout ce qui défile à l’écran. En vrac, nous aurons un égorgement, une décapitation à la cisaille ou à la lame de tondeuse, un empalement avec un drapeau, et même un corps perforé par l’appareil servant à faire les trous sur un terrain de golf. Tout est fou, tout sonne faux. Attention : spoiler ! Nous sommes face à un film qui réalise en cours de route qu’il n’a rien à raconter et sombre à chaque minute dans une stupidité plus indigeste. Eculé mais pas prévisible (qui serait assez con pour imaginer de pareilles méfaits ?), The Greenskeeper finit par exposer l’odieuse machination de son tueur. Alors que tout semblait accuser le propre père d’Allan, ancien gardien défiguré par l’explosion d’une tondeuse et laissé pour mort sur le green, c’est en fait le beau-père pompeux qui cherchait dans cette éradication de masse le moyen de mettre la main sur le club de golf. Si un mobile pareil ne vous a pas donné envie de vous tirer une balle (de golf) en pleine tête, vous êtes parés pour vous coltiner encore une belle brochette de slashers de pacotille, à l’image de Shredder, Bloody Murder, ou autres pépites hypercaloriques nées des années 2000. Pour les autres, armez-vous de courage et de bon sens pour trouver le moyen d’éviter ces sous-produits dans votre quête du slasher ultime.

On empale et on s’empale avec dextérité, quitte à se faire le gazon…

PARCOURS SANGLANT (THE GREENSKEEPER), UN FILM DE KEVIN GREENE, ADAM JOHNSON & TRIPP NORTON, USA, 2002

● les + : des armes et mises à mort sordides
● les – :
aucun scénario, aucune matière grise, aucun intérêt.
● comparé à Michael Myers :
pardon ??
● meilleure scène du film :
le générique de fin, bien entendu
● pire séquence des films :
sur 90 minutes de film, dur d’en trouver une qui soit moins pire qu’une autre.

Verdict : *****

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