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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : RÉSURRECTION (1999)

Que celles et ceux qui pensaient que l’opus du mois allait traiter d’un slasher inconnu avec Christophe Lambert se rassurent, Résurrection n’en est pas un. Le thriller mis en scène par Russell Mulcahy avec son protégé de Highlander a certes beaucoup de prétentions, comme celle de s’élever au rang des œuvres psychologiques intenses façon Seven, mais pas d’être un bête slasher comme il en coule mille par an depuis le regain pour le genre à la fin des années 90. Pourtant, Résurrection a quelques bribes empruntées à cette vague post-Scream, et au slasher en général, comme tous les films mettant en scène un tueur en série, qui en plus de présenter un look atypique et des procédures calculatrices, expose ses méfaits avec dextérité pour mieux embobiner le spectateur jusqu’à l’issue finale.

Un duo de flics confronté à une horreur viscérale

Dans Résurrection, notre tueur mystérieux qui sévit à Chicago s’est donné pour mission de répondre à un appel de Dieu en recomposant le corps du Christ pour son prochain retour sur Terre. Pour cela, des victimes rigoureusement sélectionnées seront prélevées d’un de leurs membres. Bras, jambes, tronc, tête, les corps s’entassent tandis que s’assemble quelque part un amas putride censé représenter la résurrection de Jésus pour le jour de Pâques. Et c’est justement les quelques jours qui précèdent la fête biblique qui restent à l’inspecteur Prudhomme (Christophe Lambert) pour mettre la main sur le tueur forcené qui s’adonne à pareil dessein. Car au-delà d’empêcher de nouveaux meurtres, la date buttoir importe aussi pour éviter au tueur de réussir son œuvre et de disparaître.

Tout dans le style et la lumière fait penser à Seven

Aux codes du slasher, au-delà de ce que les films de serial killers exposent à l’accoutumée, Résurrection présente un tueur à la stratégie emprunte à une chance calculatrice assez exceptionnelle (enterrer un corps au Jardin des plantes, réussir à voler la jambe d’un patient dans un hôpital, jouer des codes légaux lors de mises en examen), doublée d’un recours à la violence plutôt conséquent (couper et arracher une jambe avec une précision chirurgicale, déplacer le corps d’un homme obèse par souci de mise en scène) surtout quand on découvre au final le tueur censé être doté d’une force colossale à la vue des méfaits, mais qui en fait est gaulé comme une mouche. Ajoutons à ça un penchant certain pour le morbide (son mobile, original et inédit, s’offre le luxe d’être absolument terrifiant), et un costume atypique digne d’un slasher movie (masque-cagoule en plastique jaune parsemé de trous, bonnet, veste). Bien entendu, et malgré que la mise en scène ne soit pas ici vraiment digne d’un grand thriller, nous ne verrons jamais le tueur commettre véritablement un de ses meurtres face caméra. Mais la vue assez prononcée des résultats de ses méfaits suffit à coller le tournis à n’importe qui. Devant un tel fou furieux, les victimes ne feront pas le poids, et subiront les pires outrages que ne saura empêcher la police, malgré l’aide assez providentielle de la religion via le recours à la Bible et au prêtre de la famille (interprété par un David Cronenberg soporifique).

Une ambiance bien cra-cra comme on les aime (pas ?)

Si le film de Russell Mulcahy se regarde sans déplaisir, force est de constater que comme beaucoup (trop) d’œuvres similaires nageant entre plusieurs genres (l’action, l’horreur et le film noir), Résurrection n’est pas l’emblème en la matière, souffrant d’un lien trop rapproché à Seven (nous voguons ici parfaitement entre le style des années 90 et une trame des années 2000) avec un mode de procédé identique, un tueur trop surfait malgré un charisme certain, et une mise en scène et des personnages clichés qui plombent l’apport psychologique de l’ensemble. Restent de belles images proprement glaçantes, un Christophe Lambert convaincu (à défaut d’être réellement convainquant), et une musique mystique qui colle bien à l’image. Notre tueur, quant à lui, après avoir par tous les moyens (surtout les plus immoraux et sanglants) tenté de véhiculer son message apocalyptique, disparaîtra dans un dernier élan abject durant lequel il voudra sacrifier un nouveau-né, avant de subir la chute promise à toute personne perpétrant un affront au Seigneur. Une sorte de justice biblique qui n’aura épargné aucun personnage du film, et qui, peut-être, saura encore une fois passer comme message au spectateur que la religion est un poison mortel pour qui souhaite y lorgner de trop près…

Loué soit le nouveau Seigneur…

RESURRECTION, UN FILM DE RUSSELL MULCAHY, USA/CANADA, 1999

● les + : un thriller glaçant bien plus finaud qu’il n’y paraît
● les – :
une mise en scène un peu cliché qui ne s’épargne pas la comparaison avec un ersatz de Seven
● meilleures scènes du film :
le dévoilement sinistre du tueur, la scène de la jambe sanglante, la course-poursuite dans la gare, la stupéfiante découverte du corps du ‘Christ’
● pires séquences du film :
les scènes de commissariat, clichées au possible, et le final, sommaire et peut-être en-deçà de ce que le film laissait espérer

VERDICT : *****

Une plongée dans l’enfer sanglant d’un tueur en série illuminé

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Retrouvez chaque 1er du mois un nouveau film dans la rubrique Le slasher du mois,
sans oublier les tueurs fous du cinéma de genre dans Génération croquemitaines : les ancêtres et descendants de Michael Myers !

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