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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE(S) SLASHER(S) DU MOIS : JACK FROST 1 & 2 (1997, 2000)

D’après la légende anglo-saxonne, Jack Frost était un elfe aux cheveux blancs maîtrisant le pouvoir du gel et de la glace. Comme tous les mythes passés dans la moulinette des films d’horreur américains, le résultat tire entre la parodie et l’irrévérence. Une combinaison qui sert à certains métrages, et qui nuisent à d’autres. La solution ne tient pas du mystère, il faut juste trouver le juste milieu. Et au registre des tueurs en série lorgnant de (trop) près vers la blague salace, Jack Frost n’y va pas avec le dos de la cuillère. Dans ce film réalisé en 1997 (et sa suite de 2000), Michael Cooney met en scène un tueur complètement barge qui subit un accident le soir de son transfert pour son exécution. Transformé en bonhomme de neige, il part semer l’horreur dans la petite bourgade dirigée par le shérif responsable de son arrestation.

Un taré comme on n’en fait plus… et heureusement !

Ces deux slashers vont donc au-delà du tueur déguisé et fonce tête baissée vers le fantastique, malheureusement trop porté sur la comédie de bas étage. C’est bien dommage, puisque l’idée, aussi saugrenue qu’elle soit, aurait pu donner lieu à des situations un peu plus inquiétantes, voire fun dans l’idée ou la mise en scène. Le premier film aborde même de temps en temps le lourd sujet du deuil ou de la période post-traumatique du shérif tourmenté par les menaces prononcées par le tueur après son procès. Après tout, le réalisateur a tout de même été le scénariste de Memories et Identity, preuve d’une certaine maîtrise du drame et du suspense.

C’est tellement improbable que ça en devient impayable…
Un tueur qui ne vous laissera pas de glace…

Ici, par contre, place au délire, avec des répliques de la mort, des situations cocasses, et des meurtres gratinés au reblochon : décapitation à la luge, étoile et boules de Noël plantées en plein visage, manche de hache enfoncé dans la gorge, strangulation à la guirlande, empalement aux stalagmites et dégivrages en tous genres, dont la cultissime scène de la baignoire avec une Shannon Elizabeth encore débutante mais déjà attachée au pastiche (et aux scènes coquines) avant American Pie, Scary Movie et 13 Fantômes. Dès lors qu’on accepte la part de nullité qu’oblige ce genre de larcin télévisuel, en plus d’une réalisation dénuée de charme, on peut avoir espoir de passer un bon moment. Il s’agit quand même d’un bonhomme de neige tueur, que diable ! L’occasion de se fendre la poire est unique ! L’humour, pourtant d’une lourdeur sans nom, auquel se prête notre tueur psychopathe fait penser au pire de Freddy Krueger ou du nabot vénal Leprechaun (parmi d’autres plus récents représentants tels que Killjoy, Gingerbread Man ou Funnyman). Ça vanne donc à chaque meurtre, avec plus ou moins de talent, parodiant autant au passage Psychose que Qui veut la peau de Roger Rabbit, le but étant davantage de frôler le fou rire que la peur viscérale. Preuve en est le final, durant lequel le shérif et son armée de bras cassés affrontent le bonhomme de neige armés de sèche-cheveux (mention spéciale à la vanne du siècle durant cette scène : « Il vaut mieux laisser choir ! ») !

« Oh, Jack… comme tu as de grandes dents ! »

Niveau crédibilité, on repassera, bien que celui qui s’attendait à du sérieux en matant Jack Frost s’est incontestablement trompé d’étagère dans les rayons du video-club. On passera dès lors les séquences complètement à côté de la plaque, comme les interminables dialogues machistes entre le shérif et la police d’état, le fait que la jeune nympho aille prendre un bain juste après s’être séché les cheveux, ou le délire sur la mutation génétique comme délire scientifique sur la présence de l’âme. Après 90 minutes de totale disgrâce, place à la séquelle, Jack Frost 2 : Revenge of the mutant killer snowman, qui ira encore plus loin dans la démence : le bonhomme de neige allant jusqu’à geler une île des Caraïbes pour perpétrer une nouvelle hécatombe contre son ennemi juré !

Y’a comme un léger courant d’air…

Au programme cette fois, notre congélateur sur pattes tue à grands renforts de carottes, de pince à spaghettis ou d’enclume géante, quand il ne décapite pas avec la force d’un canon à neige, comme dans un mauvais cartoon. Égorgements, tranchage de doigts, arrachage de langue, bataille de boules de neige version gore, la parodie baisse donc d’un cran et finit par ennuyer plus qu’elle n’amuse, poussant même le vice de présenter la vue subjective et les pensées lubriques d’un glaçon possédé parcourir l’anatomie généreuse d’une bimbo en bikini. Jack Frost marquera donc davantage les mémoires par son idée de départ que par les films dans lesquels il sévit. Le design du bonhomme de neige n’aura jamais la faiblesse du niveau de la séquelle, pastichant Godzilla ou Gremlins avec des mini-boules de neige tueuses, parmi d’autres irrévérences indigestes menées par des effets spéciaux dignes d’une production Syfy. Recouvert d’un tapis de neige et d’une épaisse dose de mauvais goût qui ne ferait même pas frémir (ou rire) un enfant de 5 ans, Jack Frost 2 enterrera un des serial killers les plus déjantés jamais vu à l’écran, au point même de faire naître certains regrets.

Pour ceux qui se demandent où est passée la carotte…

JACK FROST & JACK FROST 2 : REVENGE OF THE MUTANT KILLER SNOWMAN,
FILMS DE MICHAEL COONEY, USA, 1997 & 2000

● les + : Un tueur forcément hors du commun, adepte de la blague qui tâche et de meurtres complètement barrés
● les – :
Un humour aux confins de la nullité absolue, surtout dans l'(encore plus) inutile et idiot second opus
● les meilleures séquences des films :
le meurtre au sapin de Noël, le défilé de vannes à la fin du premier opus
● les pires scènes des films :
le combat au sèche-cheveux et le délire du Picasso du premier film, le duel à la carotte et toute la vile bêtise du second.

Verdicts : ***** / *****

Dans le même (mauvais) genre : Gutterballs, un tueur qui a les boules…

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Retrouvez chaque 1er du mois un nouveau film dans la rubrique Le slasher du mois,
sans oublier les tueurs fous du cinéma de genre dans Génération croquemitaines : les ancêtres et descendants de Michael Myers !

… et un joyeux Noël !

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