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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : APPRENTI TUEUR (CUTTING CLASS, 1989)

À l’orée des années 90, le slasher movie s’essouffle, aussi les métrages catalogués de près ou de loin à ce genre tentent d’accompagner les nouvelles tendances, quand ils ne sont pas en mesure de les créer eux-même. La mouvance moderne est au thriller, amorcé par Le Beau-Père, Hitcher et Liaison fatale, les tueurs en série devant tomber le masque et exprimer toute leur folie à visage découvert. Finis les costumes de clown, de monstre, voire d’astronaute, il est temps de se montrer plus original dans les mobiles et les actions. Cutting Class (en VF Apprenti tueur) se situe à peu près entre ces deux modes, encore inscrit dans la pure tradition du slasher stéréotypé tout en lorgnant sévèrement vers ce que le thriller s’apprêtera à afficher à l’écran dans les années à venir, en atteignant l’excellence d’un Basic Instinct ou Silence des agneaux. Un bon point pour Cutting Class sur son aspect précurseur, puisque son intrigue, plus fouillée qu’il n’y paraît, a été mise en scène en 1987 malgré sa sortie qui n’a eu lieu que 2 ans plus tard.

Et si on bouleversait un peu les stéréotypes ?

Bien entendu, plaçant son action dans un lycée blindé d’ados passablement immatures, le niveau restera assez limité. Une interprétation juvénile et un humour assez passable entacheront également un peu le potentiel originel. Son intrigue se posera sur le cas Brian Woods, jeune étudiant relâché de l’asile après un enfermement de cinq ans pour schizophrénie violente. Son retour au lycée s’accompagne de disparitions étranges, posant immédiatement de nombreux soupçons sur l’équilibre mental du jeune garçon. Mais Paula, la ravissante pom-pom girl, est la seule à accorder un peu de compassion à Brian, au grand damne de son petit ami Dwight, le bellâtre du campus.

Y’a pas que les hautes études qui prennent la tête…

La force de Cutting Class est le jeu duquel il se délecte pour brouiller des pistes devenues évidentes après de trop nombreuses tentatives dans le genre. L’attention portée sur Brian et ses lubies maladives sont si exagérées que le rendre coupable par défaut force le doute. Dès lors, qui pourrait être à l’origine des meurtres gratinés du métrage (via un arsenal de premier choix : corde, hache, arc et flèches, photocopieuse, trampoline et mât de drapeau, four crématoire) ? Dwight, le petit ami jaloux, incarnation suprême de la suffisance juvénile (à ce niveau « superbement » incarné par un tout jeune Brad Pitt, archétype physique de l’Apollon intellectuellement limité) ? Ou encore un anonyme qui déambulerait sur le campus (le concierge poisseux, le directeur lubrique, le père dévoré d’ambition), animé par de sinistres motivations ? De plus, les relations entre les personnages sont ici plus élaborées qu’à l’accoutumée. Le mobile se justifie de par un traumatisme multiple, embué dans les méandres de l’amitié, de la fascination et des amourettes de lycée. Ce qui peut alors paraître cliché façonne habilement l’intrigue, jusqu’à la grande scène finale où le tueur affronte ses dernières victimes armé d’une ponceuse circulaire.

Un désaxé qui n’y va pas avec le dos de la cuillère…

Dommage encore une fois que l’humour rabaisse aussi intentionnellement les qualités du métrage (le père de l’héroïne, procureur de la république, blessé par une flèche dès les premières minutes du film qui rampe du début à la fin en tentant d’alerter les secours). L’interprétation, un peu bancale chez les seconds rôles, est plutôt convaincante de la part du trio de tête : Brian, interprété par Donovan Leitch Jr, vu dans Le Blob en 1988, Paula, campée par le joli minois Jill Schoelen (une habituée du genre avec Popcorn en 1991, Le Beau-Père en 1987 et Le Fantôme de l’Opéra avec Robert Englund en 1989, qui n’a pourtant que très peu d’éloges à faire sur l’expérience d’actrice qu’elle aura vécu pour ce film), et bien entendu Dwight, joué par Brad Pitt, dont le physique n’a déjà d’égal qu’un égo surdimensionné. Enfin, au-delà d’une révélation troublante durant laquelle le tueur inscrit ses motifs dans les besoins de la société, restent quelques scènes originales et novatrices, comme la séquence où un professeur se retrouve à devoir résoudre un problème de mathématiques pour trouver la porte de son salut, ou l’affrontement musclé dans l’atelier du campus au bout duquel l’assassin finira éviscéré par une disqueuse, un marteau préalablement planté dans le crâne. S’il n’est pas un illustre modèle d’innovation dans le genre, Cutting Class (unique réalisation de Rospo Pallenberg, le scénariste et directeur de seconde équipe de… L’Exorciste II, aïe !) a toutefois de nombreuses qualités qui sont autant de bouffées d’air au milieu de tous ses congénères.

Florilège d’armes et de situations qui rend l’intrigue bien moins évidente qu’elle ne parait…

CUTTING CLASS, UN FILM DE ROSPO PALLENBERG, USA, 1989

● les + : Jouer avec les évidences, rien de plus savoureux dans un genre épuisé jusqu’à l’os (+ mention au titre du générique final : Man Talk d’Andy Prieboy)
● les – :
un humour déplorable fort regrettable
● meilleures scènes du film :
le savoureux meurtre du trampoline, la séquence du problème de maths et la confrontation finale
● pires séquences du film :
le père bedonnant qui traîne sa masse d’un bout à l’autre du film

Verdict : *****

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