L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN
4 octobre 2022
HALLOWEEN 5 VS HALLOWEEN REMAKE : L’IMPROBABLE AFFRONTEMENT
– ANALYSE DE ZESHAPE – HΔLLOWEEN 5 ˅ϟ HΔLLOWEEN REMΔKE POMPAGE OU HOMMAGE ?
Il est évident que cela paraît difficile à croire au premier abord, mais force est de constater qu’involontairement ou non, Halloween Remakea puisé bon nombre d’idées dans Halloween 5. Si Rob Zombie n’a peut-être jamais vu le film de Dominique Othenin–Girard, ce dossier se chargera de mettre en lumière le grand nombre de coïncidences et de points communs entre lesdeux métrages, prouvant qu’il y a bel et bien une transmission d’idées, à telpoint qu’on peut difficilement penser que cela soit le fruit du hasard.
Le point de vue de Dominique Othenin-Girard Lors de notre entretien de 2010 à Genève, Dominique Othenin-Girard avait indiqué ne pas s’être montré très curieux de ce que la saga Halloween avait présenté aux fans après son film. « Je n’ai vu aucune des suites d’Halloween 5. Cependant, je sais qu’Halloween 7a choisi d’ignorer les précédents pour démarrer là où l’original s’était arrêté, mais ça ne m’a pas atteint personnellement que mon film ait été rayé. Je suis fier d’Halloween 5. D’autant plus fier que beaucoup de mes idées et de mes choix de mises en scènes ont été repris après. J’ai toutefois vu le remake. Je l’ai trouvé affreux. Mais ce qui m‘a sauté aux yeux, c’est tout ce qu’il avait repris de mon film. Alors, que vous dire ? Mon Halloween préféré ? Le 5, évidemment (rires) ! Et sinon, le premier, mais certainement pas celui de Monsieur Rob Zombie ! ». Aucun doute, ça annonce la couleur...
Tina / Laurie : conception d’une héroïne déjantée
Dominique Othenin-Girard a été fustigé par les fans pour avoir donné le statut d’héroïne à un personnage extraverti et souvent énervant : Tina Williams. Pour les fans de slashers, la final girl doit correspondre à un certain schéma : prude, intelligente, réservée, mais combattante. Le personnage emblématique réunissant tous ces traits de personnalité est bien évidemment Laurie Strode dans le film de John Carpenter. Signant pourtant un remake du film original, Rob Zombie choisira étonnamment de faire de son héroïne une jeune fille beaucoup plus délurée, si ce n’est… libérée, bien loin du personnage interprété par Jamie Lee Curtis en 1978. Moderne, grossière, et parlant ouvertement de sexe en simulant même des orgasmes devant ses parents ou des enfants, la Laurie Strode du remake de Rob Zombie a un tempérament bien plus proche de Tina d’Halloween 5 que de l’archétype commun dans la plupart des slasher movies.
L’agressivité du Dr Loomis Rob Zombie n’attendra pas que son film soit exploité à outrance pour pousser ses personnages dans leurs retranchements. Après avoir entièrement revu et corrigé la « délicatesse » de son héroïne Laurie Strode, il transforme l’inquiet et mystérieux Dr Loomis original en en faisant un homme indélicat et borné, hystérique et hurleur. Exactement ce que le bon docteur est devenu dansHalloween 5: la revanche de Michael Myers. Et d’après les doutes que soulève Dominique Othenin-Girard, les ressemblances ne s’arrêteraient pas là : « Un personnage poussé dans ses retranchements est irrémédiablement conduit à une mort certaine. Nous avions le droit dans Halloween 5 de tuer le Dr Loomis. Et à la vue du résultat dans le remake, je me demande si Rob Zombie n’a pas eu droit au même privilège ».
La genèse de Michael Myers
« Nous n’avons pas eu le temps et le budget de nous concentrer sur cette partie du scénario que j’avais écrit, mais 70% de ce que Rob Zombie a développé dans son film était ce que nous avions envisagé pour explorer la genèse de Michael Myers dans Halloween 5« . S’il n’y a aucune trace concrète de ce que tenait à illustrer Dominique Othenin-Girard pour les jeunes années de Michael Myers, il reste cette photo rare du Dr Loomis dans son bureau à Smith’s Grove. « Je ne me souviens pas très bien pourquoi nous avions tourné cette scène. Mais il me semble que le Dr Loomis retournait dans l’asile de Myers pour chercher des indices sur le tueur dans ses anciennes archives de psychiatre. Rappelons-nous qu’en l’absence de l’aide de Jamie, Loomis est le seul dans Halloween 5 à envisager le retour de Michael Myers, quand tout son entourage ne veut même pas en entendre parler ». Et c’est lorsque Loomis replonge dans ses notes qu’intervenaient des scènes révélant les origines de Michael Myers, ses années en prison et ses consultations avec son psychiatre. Aujourd’hui encore, Dominique Othenin-Girard est sûr que beaucoup des éléments amenés par Rob Zombie dans son remake ont été avancés par Malek Akkad, d’après des éléments que Moustapha Akkad et Dominique Othenin-Girard avaient examiné à l‘époque du tournage d’Halloween 5.
Le fracas de la vitre du véhicule de police L’agression mortelle de l’agent qui surveillait la maison de Myers était bien plus longue à l’origine, mais a été censurée, comme de nombreuses autres séquences jugées trop gores : « La censure a été sévère avec nous, et nous avons raccourci bon nombre de nos scènes sanglantes. Je suis triste pour l’équipe des effets visuels qui avait fait de l’excellent travail, mais je ne suis pas personnellement touché par cette décision. Les scènes gores, aussi censurées soient-elles, ne changent rien au défilement d’idées que j’ai mis en place dans le scénario. En fait, la censure ne coupe que des secondes, pas des scènes entières qui auraient pu nuire à l’histoire ». Ce fracas de vitre se retrouve aussi dans Halloween de Rob Zombie. Et là encore, c’est celui d’un véhicule de police. Cette fois, c’est Laurie qui subira l’assaut de Michael Myers.
Rachel / Lynda : la découverte du cadavre
Dans le remake d‘Halloween de Rob Zombie, Laurie se retrouve face au cadavre de Lynda, alors que dans le film original, c’est celui d’Annie qu’elle découvre. Si c’est bien au film de Carpenter que se réfère cette scène, on ne peut pas s’empêcher d’y voir beaucoup de points communs avec Halloween 5. En effet, la réaction de Laurie est très proche de celle de Jamie qui, elle, découvre le corps inanimé de sa demi-sœur Rachel. Mais surtout, cela a lieu dans l’ancienne demeure de Myers dans les deux films, et cette découverte est précédée de l’arrivée de Myers dans l’ombre pour une confrontation mémorable.
Michael Myers tombe le masque Inutile ici de s’étendre particulièrement, les ressemblances sont flagrantes. Dans Halloween remake tout comme Halloween 5 près de vingt ans auparavant, Michael Myers, confronté à l‘innocence de sa proie et envahi d’une humanité inattendue, tombe le masque et se livre totalement à sa victime. « Je n’ai pas eu vent que monsieur Rob Zombie ait été attaqué pour avoir choisi de donner à Michael Myers ce souhait de dévoiler les sentiments qui l’habitent. C’est étrange, quand on voit à quel point les extraits se ressemblent dans nos deux films ».
Au plus près du croquemitaine
Dans les dernières minutes d’Halloween remake, Laurie se réveille nez-à-nez avec son bourreau, après que ce dernier lui ait foncé dessus et qu‘ils aient tout deux chuté de l’étage de la maison. Dans Halloween 5, à la fin du film également, c’est le Dr Loomis, qui lui s’effondre d’épuisement sur le croquemitaine inanimé. Deux séquences très proches dans leur trame autant que dans leur mise en scène, qui valent vraiment qu’on soulève l’idée qu’en 2007, Rob Zombie se soit inspiré de près ou de loin à de nombreuses idées envisagées ou développées dans le métrage de Dominique Othenin-Girard en 1989. Aujourd’hui encore, le doute subsiste...
C’est dommage de voir ça sous cet angle. Je trouve au contraire que Dominique Othenin-Girard est tout à fait légitime quand il met en lumière ces éléments, ou quand il dénonce la façon dont ces parallèles ont été considérés au moment de la sortie des deux films. Et au-delà de ça, quel mal y a-t-il à être fier de ses films, plutôt que de les renier ?
Damien 5 octobre 2022
J’avais totalement zappé ta rencontre avec ce « grand » réal. Toujours est-il que le bougre semble avoir un égo à la hauteur de ses divers foirages.
ze shape 7 octobre 2022 — Auteur d'un article
C’est dommage de voir ça sous cet angle. Je trouve au contraire que Dominique Othenin-Girard est tout à fait légitime quand il met en lumière ces éléments, ou quand il dénonce la façon dont ces parallèles ont été considérés au moment de la sortie des deux films. Et au-delà de ça, quel mal y a-t-il à être fier de ses films, plutôt que de les renier ?