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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

DOSSIER : TANT QU’IL Y AURA DES SUITES (5/7) : LES SAGAS À RALLONGE

PARTIE 1 : LA MARQUE DES FILMS À SUCCÈS
PARTIE 2 : LES INÉVITABLES SÉQUELLES
PARTIE 3 : LE PHÉNOMÈNE DE LA TRILOGIE

PARTIE 4 : LES EXTENSIONS PLUS OU  MOINS ASSUMÉES

PARTIE 5 : LES SAGAS À RALLONGE
Une série de films s‘affublant d’un cinquième opus devient clairement une série à rallonge. Rares sont les exemples de déclinaisons en 5 tomes qui suivent une logique narrative depuis le début. Toutefois, les Harry Potter suivent leur petit bout de chemin, passant ici par la case de L’ordre du Phoenix qui a marqué dans la presse le premier relâchement critique que la saga tenait intacte jusque-là. Mais rien qui n’empêchera le petit sorcier de Poudlard de poursuivre sa destinée et ensorceler le box-office de ses chiffres improbables. Par appât du gain, la saga Twilight étire le quatrième et dernier opus du livre en deux films de plus de 2 heures pour en arriver cinématographiquement à un chapitre 5 qui en signera également et heureusement le glas.

Entretemps, les vrais opus 5 ont marqué à leur manière une saga en justifiant une ultime fois que celle-ci se serait bien passée d‘un chapitre qui est incontestablement celui de trop. Puppet Master 5 (suite directe du 4) signe les méandres d‘une saga au potentiel énorme mais qui s‘est prise les pieds dans la tapis dès son premier film. Vendredi 13 n’a peur de rien et use du subterfuge le plus pitoyable jamais rencontré au cinéma en remplaçant Jason par un copycat de sinistre mémoire pour Une nouvelle terreur qui n‘en est pas vraiment une. La saga Douce nuit sanglante nuit quant à elle poursuit le creusage de sa tombe en fouillant un nouveau chapitre dans le large monde du ridicule en exposant les projets d’un maniaque avec des jouets qui tuent. Si la trame n’est pas si mauvaise, le film l’est sans conteste. Il n’y aura d’ailleurs jamais d’autres suites à ce fiasco.

Les sagas qui se clôturent par un 5e chapitre ne sont pas nombreuses. L’opus 5 est pourtant rarement le meilleur. Il n’en est pas moins un chapitre transitoire. Étonnamment, hormis pour Douce nuit sanglante nuit précitée ou pour Le retour des morts-vivants 5, les sagas ayant terminé leur course avec un cinquième chapitre ne sont pas sans avoir grandement plu au public : Le fils de Chucky (2004) poursuit les aventures de la poupée tueuse avec un talent rare et engendre le double de ce qu’il a coûté à la production. Destination finale 5, malgré des revenus modestes, se pare d’une réputation bien meilleure que son opus précédent. Enfin, La bataille de la planète des singes clôt la partie filmique de la saga originelle, poursuivant les déboires inter-temporels de l’homme et du singe dans une série télé toujours aussi couronnée de succès, avant de revenir sur le devant de la scène avec un remake de Tim Burton en 2001, et une nouvelle trilogie (Le commencement, L’affrontement et Suprématie, de 2011 à 2017) et de nouveaux opus sous la houlette de la firme Disney.

Horreur et damnation, aucun opus 5 dans le genre horrifique ne peut se parer d’une excellente réputation…

Parallèlement, les cinquièmes chapitres de sagas étant allées au-delà de ce numéro ont en général été bien en-deça des attentes, tant dans les chiffres au box-office que dans leur scénario insipide et facile. Halloween 5 : la revanche de Michael Myers fonce tête baissée après l’immense succès de l’opus 4 et même armé de trois scénaristes, n’est pas fichu de savoir de quoi il parle. Même sort pour Saw V qui rattrape à peine le cauchemar scénaristique d’un quatrième opus décidé à ne pas lâcher la poule aux œufs d’or. Si une franchise s’étoffe jusqu’à son cinquième mandat, il y a moyen facile d’aller au-delà. Freddy l’a bien compris en étirant son univers via toutes les planches possibles. L’enfant du cauchemar, malgré une idée sordide et des effets-spéciaux impressionnants, prouve plus que jamais que la saga du grand brûlé s’enlise dans la redite et le ridicule. Hurlements 5 : re-naissance est un film OVNI à l’intérêt fort discutable mais qui se paye le luxe de ne pas être aussi atrocement pathétique que les chapitres qui l’entourent de toutes parts. La saga Amityville quant à elle se décline au-delà de la maison d’origine pour un nouveau cauchemar resté inédit en France pour des raisons tout aussi obscures. Pour ce qui est de l’ignoble Scary Movie V (oui, oui, il existe), on ne pourra que saluer son statut d’inédit dans nos contrées… Même Scream, qui parvenait à entretenir le miracle de se hisser en haut du panier, ne parvient pas à maintenir le cap avec un 5e épisode de sinistre mémoire (honteusement appelé… Scream au lieu de Scream 5), bien que conservant son public et une nouvelle vague de fans avec la présence d’une certaine touche de fraîcheur dans son casting pour taillader quelques veines sur grand écran.

Les années 2000 ont aussi été témoins de résurrections de sagas qu‘on pensait emballée définitivement. Après avoir été l’atroce bourreau torturé des quatre premiers films, Hellraiser Inferno transforme l’icône Pinhead en un juge des peines bien effacé. Une tournure étrange et déglutie qui n’est pourtant que le commencement d‘une nouvelle série de films tout aussi insipides. Même sort pour Les enfants du maïs (ou Démons du maïs) qui avec son opus 5 lorgne dans le fantastique avec peu de moyens et encore moins d’efforts. Mais rien n’atteindra le niveau de Leprechaun qui après avoir été l’emblème du mythe irlandais, s’en va affronter les racailles de Harlem dans des films d’une misère quasi-absolue.

Dans les méandres d’un puits sans fond…

D’autres séries de films ont l’air de ne jamais s’être demandées quand est-ce qu’elles s’arrêteraient (ni même si elles s’arrêteraient un jour) et étalent encore davantage sur la tartine le peu de confiture qui leur reste : Resident Evil : Retribution, malgré l’arsenal d’idées issu du jeu vidéo d’origine, suit sa propre quête peu inspirée et peu ragoûtante. Une saga aux moyens colossaux qui n’a pas l’air de s’essouffler à la vue des revenus engendrés au box-office. Dans un tout autre registre, et à des années lumière des budgets hollywoodiens, la saga Brotherhood étoffe son casting de jeunes éphèbes testostéronés avec Alumni, avec lequel le réalisateur David Decoteau poursuit sa quête (sans doute désespérée) d’un scénario de plus de trois pages. Même Charles Bronson racle le parquet dans l’immonde Death Wish : the face of death, cinquième épisode d’Un justicier dans la ville ! Et qui aurait pu croire que Fast & Furious allait pouvoir s’étendre jusqu’à un Fast Five hyper-protéiné ? Comment la saga a-t-elle pu s’étirer jusque-là (et on est encore qu’à mi-parcours de ce qu’elle décimera au final) ? Un mystère auquel pourrait aussi tenter de répondre les increvables et minables séries des Beethoven, Police Academy et American Pie dont les ersatz polluent sans raison valable la télévision et le cinéma.

Scary Movie 5, ou Y a-t-il un scénariste dans la salle ?

Les opus 5 sont donc de manière générale très teintés sous les méandres du dieu dollar, mais n’effrayent pas davantage un public somme tout habitué à cette tendance à la rallonge. Les fans sont souvent prêts à tout voir, tant que l’objet de leur passion revienne sur la bobine. Les inconditionnels ayant espéré pendant de longues années un Alien 5 étaient légion, et ils ont été « récompensés » par Prometheus et/ou Covenant, de quoi sérieusement donner à réfléchir dans quoi investir ses espoirs… La prochaine et ultime partie de ce dossier traitera des sagas ayant réussi le pari d’arriver au-delà de ce cinquième et souvent maudit chapitre. Une façon de voir que les sagas à rallonge n’ont pas toutes perdu le fil et sont allées creuser leur tombe envers et contre toute logique, voire même contre toute prétention artistique.

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