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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

DOSSIER : TANT QU’IL Y AURA DES SUITES (3/7) : LE PHÉNOMÈNE DE LA TRILOGIE

PARTIE 1 : LA MARQUE DES FILMS À SUCCÈS
PARTIE 2 : LES INÉVITABLES SÉQUELLES

LES NUMÉROS 3 : LE PHÉNOMÈNE DE LA TRILOGIE

Jamais deux sans trois, comme le dit le vieil adage. Rares sont les exceptions faites au cinéma. Concrètement, le phénomène de la trilogie est plutôt récent, et né de l’idée d’un film à compositions (Scream en est l’exemple le plus assumé, citant sa notion de trilogie à tout bout de champ). Le phénomène suit alors un mouvement philosophique (naissance, vie, mort ou sous un autre angle : thèse, antithèse, synthèse), perpétré au travers des âges sous toutes ses formes (opéras, théâtre, cinéma).
D’un film à succès naît donc une suite nouant généralement avec la notion de surenchère, puis d’un troisième opus justifié par la notion de trilogie. Parfois elle s’impose d’elle-même comme un cheminement logique (Le seigneur des anneaux : le retour du roi, Spider-man : no way home, Retour vers le futur III, The Dark Knight Rises). D’autres fois elle s’envisage dès la fin du premier opus, avec la réalisation successive des opus 2 et 3 sous le même acabit (Pirates des Caraïbes, Matrix). Mais parfois, elle ne fait que suivre un succès qui se réitère sur une troisième bobine, avec les mêmes (faux) arguments que la première séquelle.

Le 3e opus d’une franchise n’est dès lors pas toujours logique ou mécanique. On peut donc se demander s‘il était nécessaire de conduire un film et sa suite vers un troisième chapitre ou si cette nouvelle bobine n’est qu’une « excuse » pour pondre une trilogie (Toy Story 3, Le Parrain III, La Mort dans la Peau, Le Transporteur 3), surtout quand le troisième épisode survient tardivement (Men in Black III, Les Ripoux 3, Beyond ReAnimator, OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire, Ghostbusters : afterlife, Mothers of Tears, Les bronzés 3 : amis pour la vie). Mais les producteurs se posent rarement la question. Un troisième opus est souvent un recours mécanique, dans la veine du succès précédent, même quand il n‘apporte rien au mythe (Terminator 3 : le soulèvement des machines, Jurassic Park III). Soucieux de créer une trilogie, certains films viennent même combler les vides, le temps qu’un officiel troisième opus soit tourné (Le Roi Scorpion faisait office de Momie 3 jusqu’à l’arrivée de La tombe de l’empereur dragon, Les Visiteurs en Amérique colmate le 3e opus des élucubrations moyenâgeuses des trublions de Montmirail le temps que Les Visiteurs : la révolution viennent éteindre définitivement les braises en 2016). Même tardif, un troisième opus est parfois un passage obligé pour tous les grands films qui se sont déclinés avec une séquelle. C’est pourquoi le public attend, aussi mécaniquement que désespérément, des métrages qui n’arriveront peut-être jamais (Gremlins 3 en tête de lice), juste par souci de faire de leurs films cultes des trilogies.

Piégé par la notion de trilogie énoncée par Scream, le cinéma d’horreur (et surtout le néo-slasher) a dû suivre le mouvement, opérant à tous les films ayant eu une suite un troisième torchon qui enfonce le clou au point souvent d’en faire surgir toute la nullité, et l’inutilité (Candyman 3: le jour des morts, Souviens-toi l’été dernier 3, Urban Legend 3, Creepshow III, et par extension Lake Placid 3, Anaconda 3 : l’héritier, Une Nuit en Enfer 3 : la fille du bourreau). Mais tous les registres se montrent concernés, qui plus est quand ils ont été déclinés en DTV (Starship Troopers 3 : Marauder, The Grudge 3, Boogeyman 3, Wishmaster 3). La trilogie se veut parfois tellement mécanique qu’elle repose complètement sur la notion de film final pour accentuer l’intérêt auprès du public (X-Men : l’affrontement final [par ailleurs renforcé à l’époque par le slogan le plus inutile de l’histoire du cinéma : L’ultime chapitre de la trilogie], Blade Trinity). Scary Movie 3 rira même de ce procédé en y flanquant le slogan Les meilleures trilogies sont en 3 épisodes.

La trilogie raconte donc un début, une suite et une fin (trilogies Dark Knight, Omen, Alien, Scream, Austin Powers). Les producteurs (et le public) ne se sentent souvent satisfaits du succès d’un film que lorsqu’il est éconduit sur trois épisodes. En effet, il est presque commun d’attendre d’une suite qu’il se décline sur un troisième chapitre, mais pas au-delà, conscient que la redite peut être fatale car déjà limite (Transformers 3 : la face cachée de la Lune, Mad Max 3 : au-delà du dôme du tonnerre, Ocean’s Thirteen). Le cas pré-cités sont d’ailleurs les preuves qu’un troisième opus que personne n’attendait, sous l’effet d’extension, est souvent l’épisode de trop (Big Mamma 3, Rush Hour 3, Crocodile Dundee à Los Angeles, Madagascar 3, Les Dents de la Mer 3, Le Flic de Beverly Hills 3, Robocop 3, Superman III). Un bon troisième opus est en fait celui qui après l’exposition du premier et la surenchère (inévitable) du second, explore comme il se doit son potentiel, en vue de le conduire vers une issue qui ne présage pas forcément une nouvelle suite. Sans forcément rejoindre l’allégorie de la sainte trinité, la trilogie au cinéma est l’incarnation de l’histoire construite. Dès lors qu’un film ne se suffit pas à lui seul, il ne se décline dès lors pas en deux, mais en trois épisodes. C’est ainsi. Le reste est superflu. Quelques exemples de trilogies qui, quelles qu’en soient les issues, sont des histoires dites construites en trois épisodes suffisants avec un début et une fin : Scream, Alien, Le Parrain, Halloween/Halloween Kills/Halloween Ends, Star Wars (épisodes 4 à 6), contrairement à des trilogies non construites (sans forcément être moins bonnes) qui sont surtout une accumulation d’histoires plutôt qu’une seule et véritable trame en trois opus : Spider-Man, Les Dents de la Mer, Jurassic Park… À noter le cas des Dents de la mer qui ne savait tellement pas quoi raconter au départ qu’a été envisagée une séquelle parodique baptisée Jaws 3 – People 0.

Quand les scénaristes se rendent compte dès le second opus qu’une nouvelle suite serait vaine et fortuite, il n‘est pas rare de voir le troisième chapitre devenir le préquel (Cube : Zéro, Ring 0, Dragon Rouge, [REC]³ : genesis, Ginger Snaps 3 : aux origines du mal). Cette variante renforce l’idée que le troisième opus d’une trilogie boucle la boucle, qu’elle que soit la position qu’il tient dans la chronologie. Dans le cadre d‘autres franchises, les troisièmes opus se montrent parfois étonnamment plus discrets, cachant leur troisième position sous un titre radicalement différent (House 3 s’appelle The Horror Show, Mothers of Tears confirme quant à lui qu’Inferno était la suite de Suspiria), tandis que des franchises variant leur sujet collent au contraire leur nouvelle vision aux films d’origine alors qu’ils n’en ont rien à voir (Halloween III : le sang du sorcier, Urban Legend 3 : Bloody Mary). Il reste des troisièmes opus qui renient l’opus 2, comme une forme de rattrapage de la dernière chance (L’Exorciste III : la suite, Freddy 3 : les griffes du cauchemar, Histoires de Fantômes Chinois III) ou pour redorer un blason terni à la va-vite (Le roi lion 3 : Hakuna Matata). À l’époque comme aujourd’hui, la 3D a été (à tort) l’excuse suffisante pour tourner un troisième opus à des films qui n’en méritaient pas forcément (Vendredi 13 : meurtres en 3 dimensions, Amityville 3D, Jaws 3D, et plus récemment Spy Kids 3, A Very Harold et Kumar 3D Christmas, MIB³). Le succès d’un film ayant raison de tout, ce que le public pensait être une trilogie s’étoffe parfois d’une nouvelle suite, à tort ou à raison. Les quatrièmes opus sont des paris de plus en plus risqués, qui conduisent les films à devenir des franchises. Il y a fort à parier que les producteurs perdent alors le contrôle et s’éprennent à épuiser un filon jusqu’à ce que le public se lasse définitivement. Ce sujet sera bien entendu exploré dans les prochains volumes de ce dossier.

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