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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

DOSSIER : TANT QU’IL Y AURA DES SUITES (2/7) : LES INÉVITABLES SÉQUELLES

retrouvez la 1ère partie du dossier en cliquant ici


LES NUMÉROS 2 : LES INÉVITABLES SÉQUELLES

Qu’elles soient une extension du potentiel de l’original, ou une suite plus ou moins utile pour récompenser le succès public de l’opus de base, la séquelle se montre parfois libératrice, parfois suffisante, mais souvent opportuniste. Le plus souvent, les producteurs cherchent juste à réitérer l‘exploit d’un film que rien (ou pas grand-chose) ne disposait à un tel succès. Dans ce cas, les suites sont des copié/collés, usant rapidement le potentiel original et en même temps la clémence du public (Very bad trip 2, Taken 2, Paranormal activity 2, Sex & the city 2). Le sentiment de redite est souvent fatal pour un film. La production évalue alors le succès de la suite pour lancer ou non un troisième opus, oubliant ainsi le film original et ne misant que sur la loi des chiffres.

Mais sans s‘attarder sur la question de si une suite est justifiée ou non, portons-nous sur les suites qui affichent leur numéro 2 et celles qui la camouflent. Dans le premier cas, le but est à la fois propre, brut, facile et direct. Flanquer un « 2 » derrière le titre original suffit à faire revenir le public du premier opus, et le plonge directement dans la suite sans ajout superflu (Blade 2, Destination finale 2). L’impact est immédiat, et le public n’a aucun moyen d’être trompé sur le film qu’il projette de voir. Ces suites-là sont en général générées par un succès public et commercial, pas forcément critique, qui s’adresse donc uniquement au public. La surenchère est de mise, et la suite s’affuble de slogans qui ponctuent cet esprit excessif (Scream 2 : « Certains ont porté leur amour des films un rang plus haut« , Saw 2 : « Plus cruel, plus machiavélique, plus terrifiant« , Scary Movie 2 : « Plus gros, plus profond« ).

« Prêts pour la seconde partie ? »

Les suites de blockbusters sont des paris faciles. Même sans l’aval de la critique presse, la production prend peu de risque en mettant en chantier des suites à ses grands films. Spider-man 2, Iron Man 2, etc. Et comme dit dans la première partie de ce dossier, certains films à succès concentrent l’énergie de leur titre dans une formule garantie : Les Aventuriers de l’arche perdue mise sur le nom de son héros Indiana Jones pour le titre des ses trois suites. Cela touche aussi des films plus modestes : la suite de Jeu d’enfant s’appellera Chucky 2, plus sobre, plus facile, plus direct. Même la suite des Griffes de la nuit deviendront sobrement en France La revanche de Freddy et même Freddy 3 pour consolider le raccourci vers l’association du film avec son personnage emblématique.

Dans ce cas comme dans le précédent, il existe un moyen simple d’enfoncer le clou : étaler sous le titre une accroche aussi récurrente que directe, accentuant la logique même de la suite. Le plus souvent, il s’agit du mot « retour » ou « revanche », et le chiffre 2 devient presque obsolète : Aliens : le retour, Transformers 2 : la revanche, Le retour des tomates tueuses, La revanche de Freddy, Le retour de la mouche (il en va de même pour les titres américains : The Mummy Returns, Johnny English Reborn, Batman Returns etc...). Mais on peut aussi trouver des formules déviantes inutiles ou farfelues (House 2 : la deuxième histoire, Gremlins 2 : la nouvelle génération, Piranhas 3DD, Dumb & Dumber De) ou le cas particulier des Dents de la mer 2eme partie (pour Jaws 2) qui se nomme ainsi pour éviter la liaison disgracieuse à l’oreille d’un « Mer 2« . Les suites sont parfois si attendues qu’elles ne mettent l’accent que sur le chiffre 2, contractant ainsi le titre à une formule suffisante qui sera l‘accroche principale de l’affiche. On peut citer 2 Fast 2 Furious pour Fast & Furious, MIIB pour Men in Black 2, MI-2 pour Mission Impossible 2 et T2 pour Terminator 2 : le jugement dernier.

Le cas le plus malheureux en guise de suites (là où le mot « séquelle » prend tout son sens, propre comme figuré) est le DTV (direct-to-video) des grands films dont la production tient à profiter du succès, contre toute idée artistique, au seul nom du profit. Le point négatif est d’emblée la destruction pure et simple du film d’origine (Donnie Darko 2 : l’héritage du sang, JF partagerait appartement 2, The Cel) et touche même les films les plus modestes (Lake Placid 2, Retour à la maison de l’horreur, L‘effet papillon 2, La prison de verre 2, Une virée en enfer 2). Le point (à la limite) positif est de renforcer le statut de chef d’œuvre du film original. Le procédé est simple : surfer sur le succès du premier film, avec moins de moyens, moins de casting, moins d’idées, avec le seul espoir que le titre suffise à remplir le tiroir-caisse (et c’est malheureusement souvent le cas). Dès lors, on trouve tout et n’importe quoi. Et quand la suite ne tient pas la route à son seul énoncé, on en fait des préquelles ou de faux-remakes, pour rester tendance (Death Race 2, Le Roi Scorpion 2 : guerrier de légende, Dumb & Dumberer : quand Harry rencontra Lloyd). Mais au jeu des suites débiles, le cinéma n‘est pas en reste, avec des tentatives absurdes et abjectes pour lesquelles on peut encore se demander aujourd’hui ce qui est passé par la tête des producteurs (Speed 2 : cap sur le danger, xXx², Piranhas II : les tueurs volants, Les Oiseaux II, Basic Instinct 2, Grease 2, Cube² : Hypercube). L’opportunisme au cinéma repose sur des cas simples de suites n’ayant rien à voir avec leur film d‘origine, si ce n’est un argument si léger qu’il en est presque invisible (Simetierre 2, American Psycho 2, Blair Witch 2 : le livre des ombres, Urban Legend 2 : coup de grâce). Il y a d’ailleurs souvent eu des suites à de grands films, passées totalement inaperçues à leur sortie (Les Douze Salopards 2, 2010 : l’année du premier contact, Le Jour des morts 2 : contagion, Dirty Dancing 2). Enfin, ne passons pas à côté de l’opportunisme ultime de La baie sanglante 2, de Mario Bava (1969), cachant en fait Une hache pour la lune de miel, un film tourné deux ans avant La Baie sanglante du même Mario Bava !

Meg 2, chez nous En eaux très troubles, liaison facile vers le premier opus En eaux troubles, sorti en 2018.

Mais contrairement à tous les films pré-cités, il y a des suites qui misent sur une formule plus implicite, camouflant le « 2″ de leur titre sous une formule alternative. Parfois il s’agit juste d’un complément additionnel du titre original (Avatar : la voie de l’eau, Ghost Rider : L’Esprit de Vengeance, Ant-man et la guêpe, Le monde perdu : Jurassic Park, Matrix Reloaded, Resident Evil : Apocalypse, X-Files : Regeneration), parfois d’une légère transformation du titre original (Maman j‘ai encore raté l’avion, La Blonde contre-attaque, Les Bronzés font du Ski, Le secret de la planète des singes, En eaux très troubles, Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ?, Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ?), ou plus rarement d’un changement complet du titre (Les Chroniques de Riddick, suite de Pitch Black, ou pour la France Appelez-moi Johnny 5, suite de Short Circuit et 58 minutes pour vivre, suite de Piège de Cristal) qui reste la formule la plus risquée puisqu’elle peut perdre un public inconscient que ce titre désigne bel et bien une suite.

Étrangement, chez Disney, les créateurs ont décidé de surfer volontairement sur l’esprit de la suite commerciale, au détriment de la qualité. Dorénavant, plus aucun succès de la firme se dispense d’une séquelle. Et tandis qu’il y a quelques années, les suites Disney étaient implicites et relativement recherchées (Bernard et Bianca au pays des kangourous, Le retour de Jafar), les suites réalisées depuis, flanquées du chiffre 2, sont souvent des sous-produits massacrant l’original (Pocahontas 2 : un monde nouveau, Kuzco 2 : King Kronk, Le bossu de Notre-Dame 2, Le livre de la Jungle 2) ou justifiant la suite par l’attache à la nouvelle génération en mettant en scène les « petits » des héros de l‘original (Les 101 Dalmatiens 2 : L‘Appel de la Rue, Rox et Rouky 2, La petite sirène 2, Peter Pan 2 : retour au pays imaginaire). Rares sont les suites Disney (hors Pixar) qui sont valables aux yeux de l’original (l’exception, toute proportion gardées, étant La reine des neiges II, supérieur à l’original pour une grande partie du public). Espérons que la firme aura la décence de ne pas commettre le sacrilège d’offrir des suites tardives à des classiques tels que Blanche-Neige et les 7 nains ou Pinocchio, malgré la récente vague du live motion (en images réelles) ayant déjà entaché l’univers du Roi Lion, Dumbo ou  La petite sirène, pour ne citer qu’eux. Notons, pour rire, que même Disney a réussi à s’emmêler les pinceaux avec ses propres suites puisque Lilo et Stitch 2 est en fait le troisième opus, la première suite de Lilo et Stitch étant Stitch : le film.

Pour finir, nous pouvons citer quelques cas d’un phénomène rare mais très intéressant du cinéma : la suite tardive. Comme son nom l’indique, il s’agit de la séquelle qui a mis un paquet de temps àbarquer sur les écrans (au moins dix ans), par souci de production, ou tout simplement encore une fois par profit de la part de producteurs tenant à user d‘un vieux succès (phénomène réabordé dans les années 2000 via les remakes, puis par les reboots nostalgiques depuis 2018). Souvent, à première vue, ces suites tardives ne s’imposaient pas vraiment, et le public n’y est pas dupe (Carrie 2 : la haine, King Kong 2, Les 3 frères : le retour, Le Fils du Mask, Hitcher II, Independence Day : Resurgence). Mais parfois, cette « pause » entre deux films est bénéfique à son histoire et à son impact, au point de relancer un film et créer parfois une franchise (Psychose II, Tron l’héritage, Hocus Pocus 2, Blade Runner 2049, Beetlejuice 2, Jumanji next level, Trainspotting 2). Même si les suites qui ne collent pas le chiffre 2 paraissent moins opportunistes, elles prennent de l’avance au cas où leur succès leur permettent de nombreuses autres séquelles. En effet, arrivées à leur 5e ou 6e opus (ou au-delà), les suites au chiffre affiché lassent le public, tandis qu’un titre implicite peut noyer sa honteuse position (reconnaissons que l’intérêt que pourrait avoir le public pour Puppet Master : Axis of Evil aurait été mis à néant si le film s’était appelé Puppet Master 10). Retrouvez-en les détails dans les prochains volumes de ce dossier.

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