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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : LE RIRE DU DIABLE (EVIL LAUGH, 1986)

Durant les années 80, cette décennie durant laquelle on portait son jeans remonté jusqu’au nombril, bon nombre de productions foireuses ont permis à certaines pépites de s’élever dans le registre du slasher. Le rire du diable (Evil Laugh), réalisé en 1986 par Dominick Brascia, ne sera malheureusement pas une de ces pépites, mais plutôt un énième bâtard enchaînant de vagues tentatives d’originalité au milieu d’innombrables malheureux clichés du genre. Cette fois-ci, c’est une tapée d’étudiants en médecine qui se retrouve dans une villa de Palm Springs le temps d’un week-end. La bâtisse fut évidemment le théâtre d’un massacre dix ans plus tôt, et le cauchemar va très vite recommencer. En effet, un tueur affublé d’une étrange cagoule et de gants de cuisine en caoutchouc bleu électrique va semer la terreur. Sa particularité : un rire diabolique qui vaudra au film son titre menaçant. L’intrigue en question tournera vite en rond, mélangeant les histoires personnelles (et libidineuses) de la plupart des protagonistes (plutôt cons, pour de futurs médecins) à quelque légende locale sur la présence d’un tueur revanchard. Dans tous les cas, ça n’est ni le scénario convenu ni la réalisation standard qui décevront le plus, mais les dialogues risibles et l’interprétation toute relative de la part du casting. En gros, rien de ce que la superbe affiche originale du film, aux accents misés sur une tendance baroque de giallo à l’aura grave et menaçante, pouvait laisser supposer.

Sur une situation de départ assez classique, le potentiel était bien là…

Maison soi-disant hantée, shérif bouffi et incapable, histoires macabres racontées au coin du feu, rythme mou et rebondissements calculés, Evil Laugh cumule les grosses ficelles habituelles comme une éternelle rengaine. Aussi peut-on rapidement se concentrer sur les quelques détails qui le démarquent de ses congénères. Le rire du tueur, déjà, qui permet au croquemitaine de se dissocier par autre chose que sa combinaison ou son mobile de meurtre, comme c’est le cas dans les autres slashers. Surtout qu’au registre de la panoplie et du but macabre du tueur dans Evil Laugh, on frôle la bêtise absolue. Le rire est donc la petite marque de fabrique propre à notre tueur fou (à condition de ne pas voir le film en VF, puisque le doublage de ce rire est, comme toutes les autres voix du film, pathétique à souhait). Les meurtres, dès lors, sont l’autre occasion de trancher avec la monotonie. Couteau, perceuse, hache, machette, coup de masse, strangulation, égorgement… et carnage au micro-ondes, pour la scène la plus mémorable du film (trouver un micro-ondes qui fonctionne aussi efficacement avec la portière ouverte, ça n’est pas donné à tout le monde !). Du bel ouvrage. Ensuite, relevons les très nombreux plans et gags sur la nudité masculine, rare dans le registre, bien qu’aucune référence gay ne vienne les justifier. N’oublions pas la final girl qui se met à tirer à tout va avec son immense revolver sorti de nulle part, pour se défendre contre ce qu’elle croit être le fantôme du massacre de la légende urbaine qu’elle a elle-même raconté à ses amis un peu plus tôt. Enfin, notons le personnage hystérique, flippé de la malédiction qui semble toucher cette maison, qui énonce certaines formules propres aux slashers, notamment le fait que le sexe est synonyme de mort, à la manière de ce qui deviendra dans Scream les règles du genre.

On n’échappe pas aux clichés, malgré quelques louables tentatives…

Aussi nul soit-il (voir avec quel talent le film s’enlise de plus en plus dans l’absurdité jusqu’à atteindre ses méandres dans une scène de fin grossière et… hors champ !), Evil Laugh regorge donc toutefois d’anecdotes intéressantes, ou tout du moins amusantes. À commencer par Kim McKamy, qui refusait de tourner nue dans le film, alors qu’elle embrassa une carrière d’actrice de films pornographiques par la suite. Et surtout, Le rire du diable cite Vendredi 13 autant de fois qu’il le pompe, et ça n’est pas un hasard, puisque le réalisateur Dominick Brascia n’est autre que la victime boulimique et attardée de l’ouverture de Vendredi 13 chapitre 5 : une nouvelle terreur ! Gros clin d’œil dans les premières minutes d’Evil Laugh : le personnage lisant un magazine Fangoria consacré à ce film ! Ancien camarade de chambre de Corey Feldman (lui aussi issu de la saga Vendredi 13), Brascia s’est depuis reconverti rapidement dans la réalisation (Hard Rock Nightmare est également l’un de ses futurs méfaits) avant de devenir l’animateur radio qu’il est resté jusqu’à sa mort le 26 novembre 2018. Brascia aura aussi été au cœur du conflit entre Charlie Sheen et Corey Feldman sur les accusations d’agressions sexuelles, sans que de réelles charges aient été retenues contre lui lors des procès. Ces déboires ne l’ont pas empêché de poursuivre sa carrière radiophonique. Pour ce qui est d’Evil Laugh, la notoriété n’a pas été au rendez-vous. Le film, tourné en une semaine, n’a pas rencontré le succès lors de sa sortie en salles, mais s’est rattrapé en vidéo, pour des raisons aussi obscures qu’incompréhensibles. (notons également le meurtre de l’agent immobilier, commandé par le studio estimant qu’il n’y avait pas assez de meurtres durant la première demie heure du film !). Les aficionados seront peut-être sensibles à cette rareté.

Quitte à sombrer, autant toucher le fond. Mission accomplie haut la main !
bande annonce (VO) de Evil Laugh

Génération croquemitaines : les descendants et ascendants de Michael Myers - Volume 72 : Le rire du diable (Evil Laugh, 1986)EVIL LAUGH : LE RIRE DU DIABLE, UN FILM DE DOMINICK BRASCIA, USA, 1986

● les + : un précurseur de Scream dans l’autoréférence, le talent en moins…
● les – :
un film sans idée, tourné entre potes, mais sans jamais parvenir à transmettre une once de véritable panache à l’écran.
● meilleures scènes du film : le pelotage de fesses par dessous le matelas, et bien entendu l’improbable meurtre au micro-ondes
● pires séquences du film :
la scène de danse commune en faisant le ménage, la totalité des dialogues, la révélation finale, l’ultime sursaut final

Verdict : *****
 
Vous avez aimé ce film ? Vraiment ?? Retrouvez dans le même registre :
Curtains : l’ultime cauchemar, Girls Nite Out, Scream

 

Plus de détails sur le tueur dans Evil Laugh, le rire du diable ? C’est ici ! (attention, spoilers !)

Parce qu’il faut le voir pour le croire…

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