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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : GRADUATION DAY (1981)

À la vue de certains slashers old school, on comprend pourquoi ils ne sont pas passés à la postérité. On se demande d’ailleurs si certains producteurs ne seraient pas complètement passés à côté de leur sujet dans un souci d’urgence ou de bêtise profonde. Graduation Day (en France : La mort en récompense) fait incontestablement partie de ce lots de slashers trop rares pour cacher une pépite. En fait, le film de Herb Freed est déjà l’illustration de ce que le genre peut pondre de plus idiot, et nous ne sommes encore qu’en 1981. Le postulat de départ n’est pourtant pas dénué d’idées : un tueur masqué armé d’un fleuret vient éradiquer une bande d’adolescents le jour de la remise des diplômes. Ce jour événementiel s’accompagne de l’arrivée d’Ann Ramstead, revenue dans sa ville natale pour les obsèques de sa jeune sœur Laura, décédée tragiquement lors d’une compétition d’athlétisme. Tandis que tout le monde accuse le coach d’être le responsable de cette mort pour avoir exercé trop de pressions sur ses élèves, les autres membres de la troupe sportive disparaissent les uns après les autres dans des circonstances très étranges. Qui se cache derrière le masque de l’assassin ? Quelles raisons le poussent à décimer son entourage ? Et surtout, pourquoi s’octroie-t-il une marge de 30 secondes pour commettre ses meurtres ? Tout un lot de questions auquel va devoir répondre Ann pour garantir sa propre survie.

Une course contre la mort dans ce slasher qui marche au pas…

Un peu poussif dès ses premières minutes, Graduation Day tente le tout pour le tout afin de tirer sur lui la couette du dieu dollar, en garantissant la présence à l’écran de tous les ingrédients chers au genre. Malheureusement, la recette ne prend déjà plus. Le spectateur, qui pourra se féliciter d’avoir deviné l’identité du tueur en moins de 10 minutes de film, devra dès lors lutter contre les assauts soporifiques de ce tueur un peu pathétique pour rester gravé dans les mémoires. Le mobile ne relève de rien d’autre qu’une vengeance pour la perte d’un être cher, même si agir par le meurtre reste à chaque fois une bien étrange façon de calmer son chagrin (n’est pas madame Voorhees qui veut). Filmé sans grande ambition et interprété par une bande d’acteurs un peu bas-de-gamme (dont Michael Pataki, qu’on retrouvera dans Halloween 4) et Vanna White (que les américains reverront par la suite chaque soir à la télé dans La Roue de la Fortune), le film déploie les codes d’un système éculé en puisant sans vergogne dans ce que ses illustres représentants avaient déjà étalé jusqu’à lors. Héroïne dont on soupçonne de la bonne grâce pour quelques marques d’un comportement tendancieux (Happy birthday to me), marquage d’une croix les visages des victimes sur une photo et grandes dérives disco épouvantables (Le Bal de l’horreur), confrontation finale interminable avec un tueur qui ne lâche pas le morceau (Halloween) et meurtres nombreux et sans réel impact si ce n’est une variation parfois rigolote, voire ridicule, de l’arsenal du tueur (Vendredi 13), ici le matériel sportif du campus. Lame de fleuret, matelas de réception d’un saut en hauteur couvert de pics, ballon de football piégé, gorge tranchée, tête décapitée… On pourrait se dire que le cahier des charges est amplement respecté, mais force est d’admettre que l’arme la plus redoutable du tueur est l’ennui intersidéral qui accompagne chacune de ses actions.

Une belle brochette de sportifs qui va sombrer dans l’horreur et l’oubli…

Pire encore lorsqu’à visage découvert il affrontera la final girl dans une séquence insensée qui finira non pas dans la tension mais dans les fous rires, tant les situations déjà bien gonflées pendant le métrage trouvent ici une issue des plus aberrantes. On notera toutefois une vague tentative d’instaurer un climat dramatique via une héroïne ambiguë, des personnages secondaires aux traits de caractères difficiles (le coache, le beau-père) et la réapparition inopportune du cadavre de celle par qui tout à commencer. Déjà moisi à l’époque de sa sortie, comparé aux métrages qui l’ont entourés au début des années 80, Graduation Day rejoint donc la longue série des séries B oubliées sans regret, même si les aficionados voudraient le sortir de la benne en le flattant d’avoir amorcé le pastiche que seront Weekend de terreur, Return to Horror High et Killer Party, ou d’être précurseur sur le look du tueur d’Urban Legend 2. C’est dire le peu d’arguments qu’on lui a trouvé…

La lame du tueur est plus affutée que le scénario…
LA MORT EN RÉCOMPENSE (GRADUATION DAY),
UN FILM DE HERB FREED, USA, 1981


● les + : on cherche encore…
● les – :
un film d’une lourdeur sans nom, et même pas drôle (en tous cas pas volontairement)
● comparé à Michael Myers :
ça serait un bien trop grand honneur pour notre escrimeur de pacotille de les comparer
● la meilleure scène du film :
quand le générique de fin s’entame
● la pire scène du film :
l’interminable (en insistant bien sur « minable ») final

Verdict : *****

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