Halloween Ends, encore plus qu’Halloween III ou le remake de Rob Zombie à leur époque respective, a divisé le public de façon drastique. Le film de David Gordon Green bouclait alors sa trilogie faisant fi de tous les opus réalisés jusqu’à lors pour se concentrer sur l’héritage laissé par le film original de John Carpenter. Il exposait ainsi, à grands renforts d’une publicité massive, l’issue des personnages de Laurie Strode et Michael Myers, lors d’un affrontement qui s’annonçait épique, si ce n’est historique.
Historique, le film le sera finalement, pour les réactions provoquées par la tournure finalement choisie. Si certains parviennent à se réjouir de voir à l’écran quelque chose de différent de ce qui pouvait légitimement être attendu, les autres crient au sacrilège, peinés par la trame établie, du trop peu de temps d’intervention de Myers à l’écran au profit d’un nouveau personnage jugé inintéressant, et surtout par le fait qu’il s’agit bel et bien là d’un clap de fin au duo Laurie Strode/Michael Myers. Le scénariste Danny McBride, interrogé suite aux rafales de critiques sur le film, s’explique finalement quelques mois plus tard lors d’une interview accordée à US Weekly : « Je pense que les critiques sont valables. Ces trois films étaient en réalité une idée originale de David Green. Il avait une idée très précise de qu’il voulait faire avec ça. Et je me suis senti chanceux qu’il m’ait choisi pour l’accompagner dans ce trajet, et pour l’aider là où je pouvais, afin de lui donner tout ce dont j’étais capable. » En 2018, le scénariste s’exprimait avec une assurance plus légère, espérant que son scénario n’allait pas « ruiner trop de souvenirs d’enfance » auprès du public…
« Quand David m’a fait part de son argumentaire pour se concentrer sur le personnage de Corey, j’ai trouvé ça cool. Je pensais que c’était une approche intelligente. J’ai pensé que c’était un moyen d’éviter les répétitions, et d’explorer en quelque sorte quelque chose d’un peu différent, tout en le liant à ce qu’est finalement Halloween. » Le scénariste reconnaît avoir subi des pressions à l’écriture de cet ultime volet, mais reste fier de ce qu’il a composé, avec l’aide de Scott Teems et des indications de David Gordon Green, qu’il a suivi sur L’Exorciste : Dévotion en 2023. « Je suis également un grand fan d’Halloween, j’étais désireux d’offrir quelque chose qui enthousiasmerait les fans et ne les mettrait pas en colère contre moi. C’était amusant d’essayer de réussir cela, pour le meilleur et pour le pire, de rencontrer John Carpenter et Jamie Lee Curtis. C’était un peu surréaliste de participer à l’avancement de cette histoire. Mais c’était génial. J’ai toujours essayé de choisir avec simplicité les choses qui me passionnent sur le plan créatif, ou qui me font travailler avec des gens que j’admire. Et en fin de compte, c’est le projet dans lequel je voulais me voir. »
Si dans l’ébauche finale, Jamie Lee Curtis arrive à bout de son assaillant après 44 années, Danny McBride assure qu’il y avait moult autres considérations pour représenter ce final, avant d’opter pour cette issue-là : « Il y a toujours des fins alternatives. On filme des choses puis on en refilme d’autres, différentes. Les choses tendent toujours à changer. Mais je pense que dans l’ensemble, nous avons clôturé Halloween Ends de la façon dont c’était prévu au départ. » Une façon plus ou moins convaincante d’assumer la directive du réalisateur pour la voie du scénario de cette trilogie Halloween, à laquelle Danny McBride assure avoir pris grand plaisir à collaborer : « J’ai le sentiment que nous nous sommes bien amusés à réaliser tout ça, et c’est comme si nous avions mis notre emprunte dessus. Et je pense qu’il ne faut jamais dire jamais, et que je serais intéressé de voir ce qu’il va advenir de la suite, ce que quelqu’un d’autre peut faire avec ça… ». Le défi est lancé (et pas des moindres).