Michael Myers est mort dans Halloween Ends, d’une façon qu’on ne peut que qualifier de définitive. Pourtant, le producteur Jason Blum avait dès la sortie du film apporté la précision que Halloween Ends marquait surtout la fin de SA trilogie sous le couvert de Blumhouse, laissant le soin à d’autres de reprendre les rennes et d’apporter leur pierre à l’édifice. Aujourd’hui, alors que Miramax projette un nouveau développement de la saga (peut-être sous forme de série TV), l’équipe de Screen Rant et Écran Large se sont penchés sur la question de la façon, justement, dont la saga pourrait se poursuivre. Petit tour d’horizons de ces possibilités de ce potentiel quatorzième Halloween :
LE DÉPART D’UN NOUVEL ÉPISODE D’ANTHOLOGIE
C’était l’idée de Carpenter dès 1982, lorsque le producteur Moustapha Akkad lui sommait une suite à Halloween II. Lassé de Michael Myers, et désireux d’apporter de la nouveauté à ce qui s’annonçait déjà comme une franchise, John Carpenter et Debra Hill se sont tournés vers Nigel Kneale pour l’élaboration de cette idée de retour aux rites païens de Samhain via une malédiction meurtrière lancée via la télévision. Halloween III : season of the witch était donc une nouvelle histoire dont la thématique est la fête d’Halloween, après qu’Halloween 1 et 2 aient illustré un premier jet avec l’histoire de Michael Myers. Après quoi, avec un film par an, la saga Halloween, se composerait de nouveaux chapitres indépendants, comme une anthologie façon La quatrième dimension. Avec Halloween Ends, la franchise est face à l’opportunité de renouer avec cette idée d’un film alternatif n’ayant pas de rapport direct avec Myers, mais sur la fête d’Halloween, sortant ainsi l’épisode 3 de son statut de vilain petit canard, tout en conduisant la saga vers de nouvelles contrées.
MICHAEL MYERS SERAIT UNE ENTITÉ SURPUISSANTE
C’est dans Halloween Kills qu’il est fait mention que Michael Myers tire sa puissance de ses meurtres, comme un pouvoir d’auto-régénérescence lui permettant de se relever même après avoir subi les pires affronts. C’est ainsi qu’il venait à bout de la milice dirigée par Tommy Doyle dans le film, même sous les assauts d’une partie de la ville contre lui seul. Ce pouvoir, perdu dans Halloween Ends, n’a pour versant que la partie « humaine et terrestre » du croquemitaine. Même « physiquement mort », il n’est pas impossible que le croquemitaine puisse revenir hanter les habitants de Haddonfield d’une autre manière, plus mystique, voire fantomatique, comme il en était question dans les prémices d’Halloween 4 dans le traitement de Dennis Etchison, sur une idée de John Carpenter. Michael Myers y était bien mort, mais frappait comme une entité démoniaque conduisant Haddonfield dans des travers dont tout le monde ne sortait pas indemne.
UNE ALTERNATIVE EN SÉRIE TÉLÉVISÉE
Puisque nous ne sommes pas à un reboot près, la vente des droits de la saga de Blumhouse à Miramax permettrait à ce studio d’envisager une série TV pour la suite des aventures de Michael Myers. Ou plutôt pour un nouveau départ. La nouveauté reposerait donc avant tout sur le format très actuel, sans savoir de quoi il serait vraiment question. Si la saga Chucky a basculé du format film à la série télévisée depuis 2021 en opérant sur la suite logique des méfaits de la poupée tueuse, le croquemitaine d’Haddonfield peut par contre renaître dans une nouvelle timeline, ou via une totale refonte de l’histoire et du mythe, comme le fit Rob Zombie dans son remake de 2007. Bien que ce format n’ait pas réussi à Scream ou Souviens-toi l’été dernier, le succès des œuvres de Mike Flanagan (The Haunting of Hill House, La chute de la maison Usher) a grandement contribué à l’essor du genre et à sa noblesse actuelle sur les plateforme. Pour ce qui est d’Halloween, la narration en épisodes permettrait par exemple de plonger plus profondément dans la genèse des certains personnages, de l’enfance de Michael Myers à sa relation tumultueuse avec son psychiatre le Dr Loomis dans les couloirs de la clinique de Smith’s Grove…
THORN POURRAIT RESSUSCITER MICHAEL MYERS
L’autre théorie sur l’invulnérabilité de Michael Myers était mise en lumière dans Halloween 6, avec les méfaits de la secte Thorn et de la malédiction inculquée au croquemitaine alors que celui-ci était encore enfant. Même si ce versant de la saga n’est pas le préféré du public et qu’il a été écarté purement et simplement dès la mise en chantier d’Halloween 20 ans après, Thorn a inspiré et influencé bon nombre de fans et d’œuvres alternatives (comics, récits, fan films) et pourrait être la solution à la « mort » de Michael Myers dans Halloween Ends. L’aspect surnaturel de la chose ne serait pas beaucoup plus absurde que l’idée originelle de la résurrection de Myers dans Halloween 5. Bien que ce projet de « cloner » Michael Myers pour mieux diriger le mal est une intention assez peu probable pour la suite de la saga, force est de constater que cette éventualité serait une bien belle surprise, au-delà de l’idée de relier les différentes timelines entre elles. Après tout, pour Halloween Kills, les studios avaient bien envisagé d’offrir à nouveau le personnage de Tommy Doyle à Paul Rudd, son interprète dans Halloween 6…
UN CROSSOVER ET UN ADVERSAIRE DE TAILLE POUR MYERS
Un temps envisagé par Moustapha Akkad après le succès colossal de Freddy contre Jason en 2003, un crossover devait confronter Michael Myers à Pinhead (de l’univers macabre de Hellraiser) dans le projet Helloween, rejeté par les fans eux-même lors d’un sondage en ligne en 2005. Si Alien et Predator se sont aussi prêtés à l’exercice, c’est surtout depuis les succès des confrontations DC et Marvel que ce principe s’est popularisé (davantage en tout cas que via les tentatives foireuses de Dracula contre Frankenstein, Puppet Master vs Demonic Toys ou Sadako vs Kayako). Un crossover est toutefois sensé regonfler une saga avant son extension, ce qui pourrait par contre sembler plus fatale dans un affrontement horrifique où l’un des concurrents doit forcément finir par avoir le dessus sur l’autre. Resterait aussi à savoir quelle figure de film d’horreur monterait sur le ring pour se mesurer à Michael Myers, les producteurs devant s’octroyer les droits nécessaires à ce combat de titans…
SILVER SHAMROCK POURRAIT CRÉER UN NOUVEAU MYERS
Parmi les plus belles théories liant Halloween III au reste de la saga, il était envisagé que le masque du croquemitaine était une création de l’enseigne Silver Shamrock, créatrices des masques de Conal Cochran dans le film, ce qui expliquerait pourquoi Myers ne tue que lorsqu’il le revêtit. Au-delà de ça, Halloween III présente aussi les « hommes de mains » de Cochran, des droïdes quasi indestructibles créés de toute pièce par le sorcier, avec une allure et un physique humain à s’y méprendre. Pourquoi Silver Shamrock ne serait alors pas en mesure de créer un nouveau Myers, plus fort encore que le précédent, puisque dépourvu de toute faiblesse humaine ? Notons la présence continuelle des masques Silver Shamrock dans la dernière trilogie de David Gordon Green, pouvant mener à cette idée comme une alternative sordide et intéressante. L’objet du film pourrait aussi reposer sur un masque Silver Shamrock calqué sur celui de Myers, rendant les enfants qui le revêtissent armés de la même rage destructrice que leur sinistre modèle.
LE RETOUR DE ROB ZOMBIE POUR HALLOWEEN III
Michael Myers pourrait créer la surprise en poursuivant son hécatombe là on personne de l’attend : dans la suite d’Halloween II de Rob Zombie, bien que le croquemitaine semblait (comme souvent) bien mort à la fin du film de 2009. Si l’insuccès du film avait ralentit la hâte des producteurs de l’époque de lancer une séquelle, il pourrait être intéressant, avec l’objectivité que cela impose, de découvrir la suite de cet univers alternatif. Rob Zombie pourrait lui-même être séduit par l’idée, libéré de l’emprise totalitaire des Weinstein, et assuré de retrouver une notoriété un peu égarée avec le temps, pour conduire Michael Myers vers l’issue qu’il avait amorcé dans ses deux premiers métrages. Si la mythique saga avait été particulièrement malmenée dans cette nouvelle version, nul ne peut ignorer l’approche originale que représentaient ces remakes dans le monde (avouons-l) assez rébarbatif du cinéma d’horreur. Mais quant à miser sur la participation et l’intérêt du public pour un hypothétique troisième opus dans la continuité des deux films de Rob Zombie, le pari semble quelque peu risqué…
QUELQU’UN D’AUTRE PRENDRAIT LE RELAIS DE MYERS
Et si quelqu’un d’autre ne reprenait pas tout simplement le flambeau du tueur dans une suite ? Halloween Ends était à deux doigts d’acter et valider cet état de fait, avant d’offrir à Corey Cunningham une destinée plus funeste, des mains même de celui qui a motivé ses plus viles actions. Ce nouveau personnage pourrait voir ses mobiles dépeints dans le film, à la façon des événements qui ont conduit Cunningham à commettre des crimes, ou rester flous comme ce fut le cas pour Michael Myers dans la plupart des films. Il ne serait pas forcément un enfant, et pourrait en tous les cas être conduits par ses propres démons. Une façon de poursuivre sans sombrer dans la facilité du copycat, mais en insufflant de véritables motivations à celui qui deviendrait le nouveau croquemitaine d’Halloween.
LE FILM POURRAIT ÊTRE UN PRÉQUEL
Même si Rob Zombie s’est frotté à cette idée avec son remake en 2007 et sous quelques aspects sa suite Halloween II, plusieurs projets ont déjà fait écho à la jeunesse de Michael Myers avant et pendant son internement à la clinique de Smith’s Grove. Le projet Halloween : the missing years, planifié en 2005, en était le plus grand exemple. Dans la saga Halloween, des images de Myers enfant apparaissaient dans les opus 2, 4, 8 (version workprint de Resurrection, appelée Homecoming) et 12 sans pour autant faire l’objet d’une véritable analyse de son comportement avant son premier meurtre. Un préquel serait donc l’aubaine de se pencher sur la genèse du tueur au masque, en surfant sur la notoriété de la saga et du personnage, sans compromettre l’équilibre de la saga. Ainsi, ce quatorzième Halloween pourrait mettre en scène d’autres personnages, du Dr Loomis à des membres de la famille Myers, sans en oublier ses potentielles nouvelles victimes.
L’ALTERNATIVE MÉTA
Comme l’indique Écran Large, l’alternative méta « est peut-être la dernière étape avant le renoncement ». Cette « carte joker » se dissociant de tout repère au premier degré. Tentée dans l’excellent Freddy sort de la nuit en 1994 par Wes Craven, avant d’être étalée à outrance tout au long de la saga Scream, l’alternative méta vise à jouer sur le fictif et le réel en entremêlant les deux univers. Si on pense donc forcément au pouvoir de la saga Stab dans Scream et l’influence des films de genre dans les différents scénarios de la saga, Freddy sort de la nuit incorporait Freddy dans le monde réel comme une entité démoniaque sévissant auprès de son créateur et des acteurs des films. Si la saga Halloween ne s’est encore jamais prêté au jeu (si ce n’est par l’incrustation du film de Carpenter dans Halloween III), l’idée avait été envisagée pour le huitième opus de la saga, baptisé MichaelMyers.com, lorsque des fans des films se retrouvaient confrontés au véritable tueur, personnification méta de l’univers des films d’horreur. Jamie Lee Curtis y effectuait son caméo dans son propre rôle, face à face avec le croquemitaine des films. Les rédacteurs d’Écran Large fantasment une idée encore plus folle : « Et si la légende Michael Myers était si grande que des gens commençaient à reprendre son flambeau-couteau, dans une frénésie obsessionnelle (c’était un scénario abandonné de Scream 3) ? Et si le prochain Halloween montrait des rues remplies de gens portant des masques de Ghostface, The Shape, Jason Voorhees et compagnie ? Et si John Carpenter apparaissait dans son propre rôle (comme Wes Craven dans Freddy 7), lui qui ne cache pas son rapport désabusé au cinéma ? Et si Halloween revirait au fantastique, avec une réflexion sur le pouvoir de l’image, et d’un tel monstre dans l’inconscient collectif ?« , de quoi alimenter les délires des fans les plus fous…
LE FILM SERAIT UNE TOTALE ET COMPLÈTE RENAISSANCE
La dernière et plus facile option pour ce prochain opus est de faire une complète refonte du mythe. Un reboot, certes, menant à une issue originale (on le souhaite). Un (re)commencement basé sur le film de Carpenter, sous la houlette d’une main experte emprunte à la nouveauté. Nous ne serions pas non plus forcément à l’abri d’une nouvelle suite directe à l’opus original, comme l’a fait la dernière trilogie en ignorant les opus 2 à 10. Ce nouveau film en ferait tout autant, ignorant ainsi la mort de Myers dans Halloween Ends et poursuivant ainsi la route sanglante du seul et unique croquemitaine d’Haddonfield.