L’un des principaux aspects du slasher repose sur l’angoisse générée par son tueur masqué. Il est pourtant d’usage de révéler l’identité du tueur à la fin du métrage en faisant tomber le masque. La saga initiée par John Carpenter, à la différence d’autres franchises telles que Vendredi 13 ou Scream, Halloween n’a jamais tenu à faire de l’identité de son tueur un mystère dans l’intrigue. Toutefois, la découverte du vrai visage derrière le masque restait une convoitise légitime pour le public. Contre toutes attentes, quelques films ont présentés, parfois pendant quelques brèves secondes, son tueur emblématique Michael Myers sans son légendaire et indissociable masque blanc. Et ce dès le premier épisode ! Retour sur ces moments forts de la saga.
Lors de son tournage en 1978, Halloween n’avait pas la prétention de devenir le film marquant l’Histoire du cinéma. Aussi John Carpenter choisit-il d’exposer brièvement, le temps de quelques secondes, le visage de l’assaillant Michael Myers dans les dernières minutes du film. Pour cela, il choisit un autre acteur que celui qui incarne le tueur dans l’essentiel du film, et remplace ainsi le cascadeur Nick Castle par un visage plus angélique : Tony Moran, pour marquer davantage encore le décalage physique entre l’homme derrière le masque et le croquemitaine meurtrier. Myers a donc le temps d’un instant le visage doux d’un être humain tout à fait normal, bien que blessé par le récent coup de cintre reçu dans l’œil par Laurie Strode. Payé une broutille pour cette apparition éclair dans le film, Tony Moran restera « le » visage de Michael Myers pour un grand nombre de fans, laissant à ce dernier le soin de vivre de cette notoriété pour le reste de sa vie. À noter que ces quelques secondes d’exposition seront supprimées du début d’Halloween II, qui reprenait la fin du film précédent, comme pour re-parsemer de mystère le personnage, et le conserver dans l’ombre pour de nombreuses années…
Masqué, ou empêtré sous des bandelettes dans un sombre recoin de la clinique de Ridgemont lors de son « coma », Michael Myers le restera jusqu’en 1989, lorsque, recueilli par un vieil ermite, le tueur sera libéré de son masque, le temps d’un nouveau sommeil profond. Cette séquence, qui remplace l’ouverture originelle d’Halloween 5 durant laquelle un illuminé découvre le corps inerte de Myers devant son repaire, fait en tous les cas l’erreur de ne pas expliquer l’année s’écoulant entre Halloween 4 et 5 pour justifier ce nouveau coma. À son « réveil » la veille d’Halloween 1989, Myers est donc soigneusement rasé, déjà habillé de son habituelle combinaison, s’empare de son masque, s’en vêtit, et repart à la chasse aux adolescents comme si de rien n’était. Le cascadeur Don Shanks, qui incarne Myers dans ce cinquième opus, le représente également pour cette séquence à découvert, bien que parsemée d’obscurité. Une autre séquence dans le film, tout aussi (si ce n’est davantage encore) décriée par le public, expose une humanité inattendue de la part du croquemitaine, durant laquelle il enlève délibérément son masque devant sa nièce Jamie. S’en suit un gros plan sur une larme coulant le long de sa joue.
Après d’autres aventures sanglantes et des certains déboires, la saga est remaniée en 2007 à l’occasion du remake. L’histoire comptée par Rob Zombie présente quelques extraits de l’enfance de Michael Myers à travers son jeune interprète Daeg Faerch. Déjà friand de masques, Myers va tout doucement sombrer dans une folie barbare le conduisant à commettre l’irréparable. Enfermé pendant de nombreuses années, il trouvera finalement une occasion de s’enfuir pour perpétrer l’hécatombe que l’on connait, incarné dès lors dans la seconde partie du film par le géant et ancien catcheur Tyler Mane. Dans Halloween II (2009), le carnage se poursuit. Myers, toujours interprété par Tyler Mane, est une âme errante à visage semi-découvert, voire par moment totalement démasqué. L’image du croquemitaine caché derrière un masque inexpressif est alors bafouée pour extérioriser totalement la rage émanant des entrailles du bourreau.
On efface (presque) tout et on recommence en 2018 avec la suite directe de La nuit des masques, en présentant Michael Myers comme un dément prisonnier depuis 40 années dans la clinique de Smith’s Grove. On aperçoit quelques plans d’un vieil homme diminué mais toujours entouré d’une immense couche de mystère. Il commettra, après son évasion, plusieurs meurtres à visage découvert (bien que principalement non exposé à l’écran), avant de retrouver et enfiler son masque fétiche, puis reprendre sa route sanglante. Plus tard cette même nuit, dans Halloween Kills, il sera au sens littéral démasqué par Karen pour sauver sa fille Allyson et l’attirer dans un traquenard visant à l’éradiquer une bonne fois pour toutes avec l’aide des habitants de Haddonfield. Le visage de Myers apparaît fatigué, blessé par l’incendie et les nombreuses attaques subies cette nuit-là, tout en conservant l’attitude robotique et machiavélique qu’on lui connaît depuis le film original.
Enfin, à l’occasion du blasphématoire dernier opus de la trilogie et de la saga toute entière (Halloween Ends, 2022), Michael Myers revient après quatre années passées terré dans un recoin des abords de Haddonfield, toujours affublé de son masque, comme une deuxième peau. Pourtant, le jeune Corey Cunningham, dévoré par de sinistres dessins, doublés d’une rage barbare et profonde, finit par affronter le croquemitaine pour lui voler son masque et perpétrer à son tour les meurtres atroces de nombreuses nouvelles victimes. Michael Myers se traînera alors à visage découvert jusqu’au domicile de Laurie Strode pour retrouver son masque et affronter sa rivale de toujours dans un ultime affrontement scellant à tout jamais leur sort à tous les deux. Comme le souligne alors Laurie avec une lucidité mêlée de désespoir, il n’est plus le croquemitaine, mais un vieil homme à bout de souffle face à sa triste et inéluctable destinée.
