Bien que le résultat final soit d’une qualité toute discutable, Halloween Resurrection a cherché en son temps à s’inscrire dans l’ère du numérique cher au début des années 2000. Pour cela, les concurrents de Dangertainment avaient recours à des mini-caméras installés sur eux et capturant des images volées pendant toute la durée du jeu (voire leur durée de vie) avant le face-à-face inéluctable avec Michael Myers.
Après qu’est été un temps envisagé Dwight Little (Halloween 4) pour la réalisation du film, c’est finalement Rick Rosenthal (Halloween II) qui prend les rennes de la mise en scène d’Halloween Resurrection (à l’origine Halloween H2K : Evil never dies, puis MichaelMyers.com et Halloween Homencoming). Le scénario, maintes fois remanié depuis 1999 à la suite de l’important succès d’Halloween 20 ans après, était, à l’initiative du producteur Moustapha Akkad, un film qui devait coller au plus près aux années 2000 et aux nouvelles technologies. Désireux de faire perdurer la saga auprès de la jeune génération, et ainsi garantir l’espérance de vie de Michael Myers auprès du public pour encore de longues années, le producteur a été séduit par l’idée de la retransmission d’une émission de télé-réalité et des minis-caméras. Rick Rosenthal, quant à lui, était prêt à aller plus loin en faisant du métrage un found footage (film tourné caméra à l’épaule, façon documentaire ou reconstitution) à la manière du Projet Blair Witch qui venait de s’emparer de la tête du box-office en 1999. Il souhaitait même que le film puisse être une expérience interactive où le spectateur choisit quel concurrent du jeu il souhaite suivre, à la manière dont le fait le personnage de Deckard dans le film. Cela nécessitait que le film soit édité directement en vidéo sans exploitation en salles, ce que la production refusait catégoriquement. À noter que Destination finale 3, en 2006, a souhaité un temps établir la même idée en proposant au spectateur de choisir si tel ou tel personnage devait mourir ou non, à un moment donné du film, à la manière des livres dont vous êtes le héros, influant sur l’histoire tout au long de son déroulement.
Le film coupe finalement la poire en deux et intègre donc des séquences capturées par les mini-caméras portatives des candidats afin de contribuer à l’immersion du public dans le jeu, et contraster avec la mise en scène « léchée » des caméras numériques du réalisateur et de l’excellent jeu de l’ombre et de la lumière (et de la photographie irréprochable de David Geddes, professionnel ayant travaillé sur Harvey, Les Messagers, Tucker & Dale fightent le mal ou l’actuelle série From). Si le film n’a pas rencontré le succès escompté, l’édition du DVD en décembre 2002 a permis de retrouver la trace des nombreux éléments réunis pendant le tournage, avec notamment l’intégralité des séquences de caméras portatives des candidats, en plus des bobines filmées par les caméras installées dans la demeure (enregistrées par le personnage joué par Tyra Banks). Cette vidéo de plus de 40 minutes fait un meilleur film que le métrage final, grâce à ce recours façon found footage qui annihile les défauts principaux du film (maquillages, effets gores, jeu d’acteurs dans les scènes de suspense) et renforce le sentiment d’angoisse, et la plongée du spectateur dans l’action. Il n’y a qu’à voir les nombreuses adaptations ayant eu recours à ce système de réalisation et qui ont rencontré un immense succès en salles (Paranormal Activity ou [REC], évidemment, mais aussi The Bay, Chroniques de Tchernobyl ou Le dernier exorcisme) pour considérer une part de regret à ce qu’Halloween Resurrection n’ait pas surfé intégralement sur cette vague lorsque l’occasion s’y prêtait.
