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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

HALLOWEEN 6, 20 ANS APRÈS : SCÉNARIO DE DAN FARRANDS, PÉPITES, CLINS D’ŒIL ET RÉFÉRENCES

Quand on connaît son sujet sur le bout des doigts, quoi de mieux que d’insérer ça et là de gros clins d’œil et de subtiles références dans le scénario d’une séquelle dont on a la charge ? Daniel Farrands n’avait pas attendu de se voir confier cette charge officiellement pour s’y préparer. Il est devenu fan de Michael Myers dès qu’il a découvert le film original à la télévision. Depuis ce moment, il a assisté à la projection de chaque suite, à chaque fois motivé davantage par les nouveaux éléments intégrés à la saga. Suite à la diffusion d’Halloween 5, en 1989, alors qu’il n’avait que 20 ans, il annonce haut et fort à ses amis qu’il va écrire la suite du film. Par la suite, sa persévérance, son audace, et un soupçon de chance, lui ont permis de réaliser son rêve. Moustapha Akkad lui offre le poste de scénariste pour Halloween 6. Des idées, Daniel Farrands en a à foison. Pour convaincre les producteurs qu’il était l’homme de la situation, il avait préparé plusieurs jets pour d’hypothétiques points de départ pour une suite, une ‘bible Halloween‘ réunissant tous les éléments dévoilés jusque-là dans les films, ainsi qu’un arbre généalogique géant qui reliait les personnages entre eux. Très impressionné par son travail, Moustapha Akkad reconnaîtra même avoir souvent consulté cette bible lorsqu’une interrogation lui venait, durant les années qui ont précédé la mise en chantier d’Halloween 6. Durant les discussions entre Daniel Farrands et les Akkad père et fils, l’élaboration du scénario s’est faite sur des décisions communes. Moustapha Akkad tenait à ce que la lumière soit faite sur la barbarie de Michael Myers, et sur l’identité de l’homme en noir. Personne n’aimait l’idée d’un frère jumeau ou d’un père spirituel de Michael Myers. Et c’est Malek Akkad qui a soufflé l’idée du Dr Wynn, personnage qui apparaissait furtivement dans le premier volet. Les recherches effectuées par Farrands au sujet du symbole sur le poignet de Myers et de l’homme en noir dans Halloween 5 ont mené à l’idée d’une communauté maléfique à l’origine du mal inculqué à Michael Myers lorsqu’il était enfant. Très inspiré par Rosemary’s baby et son ambiance mystique (l’animateur radio qui traite Jamie de Jeanne d’Arc la surnomme en fait Rosemary dans le scénario original), Daniel Farrands imaginait en fait une conspiration proche de celle envisagée au départ par John Carpenter pour Halloween 4 : à savoir une immense machination ancestrale orchestrée par tous les habitants d’Haddonfield.

Jim Goodrich (technicien) et Daniel Farrands (scénariste) aux prises avec Michael Myers sur le tournage d’Halloween 6 : the curse of Michael Myers.

Même si le film a depuis été maintes fois transformé avant de devenir le film renié qu’il a été à sa sortie en 1995, il a gardé quelques uns des clins d’œil de fan dont est très fier Daniel Farrands. Notons par exemple la séquence du petit déjeuner des Strode. Dans le film, Tim prépare à Danny un remède de champion contre les maux d’estomac. Cette composition du diable provient en fait d’une scène de The Fog de John Carpenter. À l’image, certaines références sont faites à L’ami américain (1977, avec Denis Hopper) via une affiche dans la chambre de Tommy, ou à Pink Flamingos (1972, de John Waters) via une photo du personnage de Babs Johnson sur le réfrigérateur. Dans la chambre de Danny, on aperçoit une figurine de Godzilla, un T-rex de Jurassic Park, et une peluche issue de Casper. Madame Blankenship a été nommée Minnie, en référence à Halloween III, dans la scène où l’héroïne Ellie parle d’une Minnie Blankenship comme étant la dernière personne à avoir reçu son père avant sa disparition. Cette même madame Blankenship regarde la version de 1925 du Fantôme de l’opéra à la télévision (dans le scénario original, Daniel Farrands lui faisait voir Massacre à la tronçonneuse, soulignant le bruit ravageur de la tronçonneuse par la surdité de la vieille spectatrice). Dans son dialogue avec Beth, lorsqu’elle fait référence à la claque reçue par son père, Kara cite Father knows best, une série des années 60 avec Robert Young. Enfin, Tim et Beth sont déguisés en la créature de Frankenstein et en la fiancée de celui-ci, en écho symbolique aux classiques de 1931 et 1935.

Halloween 6 multiplie les références au film original. Scènes de dialogue, mais aussi références visuelles, pour le plus grand bonheur des fans.

Comme cité plus haut, Halloween III : le sang du sorcier n’a pas été exclu des références faites dans Halloween 6, bien que le film de 1982 n’ait que peu de lien avec la saga de Michael Myers. Mais en tant que fan, Daniel Farrands a voulu renforcer l’auto-référence en reprenant une idée mise en scène dans le film de Tommy Lee Wallace, qui montrait un passage de l’Halloween original à la télévision. Ainsi, dans Halloween 6, lorsque John Strode rentrait dans sa demeure abandonnée et allumait son téléviseur, il devait découvrir une séquence d’Halloween III, à savoir celle de la mort du petit Buddy sous les assauts de son masque maudit en forme de citrouille. À la vision de cette scène, John Strode s’écriait : « Qu’est-ce que c’est que cette merde ? » avant de zapper sur une chaîne d’informations). De plus, l’animateur Barry Simms annonçait sa venue prochaine à Haddonfield en reprenant le célèbre slogan des masques Silver Shamrock : « It’s almost time, kids ! » (« C’est bientôt l’heure, les enfants ! »).

Dans le scénario, Halloween 6 reprenait notamment un dialogue entre Laurie et Tommy issu du film original de John Carpenter

Mais Halloween III n’est évidemment pas le seul métrage de la saga dans lequel pioche Daniel Farrands pour l’écriture de son film. Le premier meurtre du film, celui de la malchanceuse Mary, de réfère au meurtre de Bob dans la cuisine dans le film original. L’attitude enfantine de Myers, qui admire son oeuvre comme un enfant devant un dessin, est issue de la même séquence. Plus tard, la mort de John Strode contre le générateur électrique devait finir sur la même note, avec Myers contemplant le corps inerte suspendu devant lui. Plus tard, un dialogue identique à celui entre Laurie Strode et Tommy Doyle dans le film original avait lieu entre Kara et son fils Danny. Ce dernier est inquiet à l’idée d’être emmené par l’homme en noir (comme Tommy par le croquemitaine). Kara, pour le rassurer, lui disait que personne ne l’emmènera tant qu’elle sera dans les parages. « Promis ? » demande l’enfant. « Promis ! » répond sa mère. Un autre dialogue reprenait la tirade d’Annie dans Halloween : « Speed kills ! » (dans la version française : « C’est pas un autodrome, ici ! »), cette fois lancé par Beth au van conduit par Myers et manquant de leur couper la route au début du film. Enfin, lorsque Kara et Danny sont poursuivis par Michael Myers depuis la maison d’en face, Kara frappe à la porte de madame Blankenship pour que quelqu’un leur vienne en aide. Comme dans l’Halloween original, c’est Tommy qui ouvrira la porte, secourant Kara comme il le fit pour Laurie en 1978.

La barbarie de Michael Myers dans Halloween 6 ne vous semblait pas familière ? Regardez-y de plus près !

Dans le scénario, la multiplication des références à Samhain se mêlent à celles de Thorn, expliquant la malédiction ancestrale qui coule dans les veines de Myers tout en liant Halloween II (premier film à citer Samhain) à Halloween 5 (qui expose le symbole de Thorn). Madame Blankenship, en parlant à Kara, raconte que la nuit où le petit Michael a tué sa sœur Judith en 1963 était la reproduction d’un acte similaire commis en 1895 par… le grand-père de Michael ! La lignée familiale se confirme avec la passation à Danny, complètement sous l’emprise de Thorn, obéissant davantage à la voix de l’homme en noir qu’à sa mère Kara lorsque celle-ci tente de l’arracher des griffes de Wynn. À l’orée de la partie finale, durant la scène où Wynn dévoile ses sinistres intentions à Loomis, il revient clairement sur sa responsabilité dans l’évasion de Myers à la fin d’Halloween 5, et montre ses pouvoirs de guide sur le croquemitaine dans une scène hallucinante où Wynn contrôle Myers devant les yeux médusés du Dr Loomis : « Regarde-le. Si silencieux, comme la mort. Il bouge quand je le lui ordonne. Agit selon mes intentions. Ressent ce que je ressens ». Et comme pour le démontrer, Wynn s’écrit : « Michael, lève-toi ! », et le croquemitaine s’exécute. « Michael, souffre ! » lance-t-il en se lacérant la main, tandis que Myers éprouve la soudaine douleur. « Michael, tue ! » et Myers se rue sur Dawn, la secrétaire de Wynn à la clinique de Smith’s Grove. Loomis s’insurge : « Vous avez créé un monstre ! ».

Le pouvoir maléfique de Thorn, dont est doté le Dr Wynn dans Halloween 6, semble sans limite dans le scénario original.

Seul décisionnaire pour son scénario des prénoms des personnages du film, Daniel Farrands y va de l’hommage retentissant (John et Debra Strode, en écho à John Carpenter et la productrice Debra Hill) à des échos plus personnels (Farrands donne son propre surnom à Danny Strode, et nomme Tim en référence à son frère). Mais les meilleures références sont celles qui sont pointues au point de ne pas être immédiatement perçues lors du visionnage du film. C’est l’exercice préféré des fans, lorsqu’une œuvre met leur passion à l’épreuve. Ainsi, qui aura relevé que la chambre dans laquelle est enfermée Kara à Smith’s Grove porte le numéro 237, comme la sinistre chambre d’hôtel du film Shining de Stanley Kubrick ? De plus, quand Kara regarde par la vitre la pièce où a été placé Danny et l’enfant de Jamie, la scène est filmée à l’identique de Psychose, lorsque Norman Bates épie Marion Crane par un trou dans le mur avant la célèbre scène de la douche.

Halloween III, Shining, Psychose… Daniel Farrands connaît ses classiques sur le bout des doigts !

Enfin, notons que le titre original du film était Halloween 666, selon la volonté de Daniel Farrands. Le titre The origin of Michael Myers n’était qu’un essai servant à un teaser promotionnel, et longtemps resté attaché à la version Producer’s cut comme pour renforcer le fait qu’elle correspond davantage aux idées originales du scénariste. Le titre définitif The curse of Michael Myers, a été soufflé par Moustapha Akkad, en référence aux nombreux aléas de production qui ont sali le film. Daniel Farrands prenait ça pour une blague, ce titre avait pour lui une connotation étrange avec la saga de La panthère rose, qui, comme Halloween, a pour titre The return (Le retour), The revenge (La revanche) et The curse (La malédiction) pour ses quatrième, cinquième et sixième opus. Une ultime référence tout à fait involontaire !

(sources : zeshapehalloween, IMDb, scénario d’Halloween 666. remerciements spéciaux à Daniel Farrands)

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