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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

HALLOWEEN 6, 20 ANS APrÈS : JOE CHAPPELLE, DIMENSION… ET HELLRAISER, POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE

De tous les films de la saga, Halloween 6 est le seul à avoir été tourné pendant l’automne. Pour être plus exact, il fut tourné aux mois d’octobre et novembre 1994 à Salt Lake City (tout comme Halloween 4 et 5). Des conditions météorologiques épouvantables ont rendu le tournage très difficile. L’équipe, en effet, a du faire face à un hiver précoce, affrontant des températures glaciales, et même… à la neige ! Selon les plans de tournage, il ne fallait surtout pas que de la neige soit visible à l’image. Les acteurs, eux, tournaient leurs scènes en espérant que la première prise soit la bonne. J.C. Brandy, qui joue le rôle de Jamie Lloyd, se souvient : « La scène durant laquelle je m’enfuis des sous-sols de Smith’s Grove était un cauchemar. Il faisait tellement froid ! La pluie qui me coulait dessus me glaçait les os. Courir par ce temps avec un sac censé être mon nouveau-né sous le bras, je peux vous garantir que je m’en souviendrai toute ma vie ». L’actrice plaisante même en indiquant que les conditions météo ont permis de belles économies à l’équipe d’effets spéciaux, qui a eu peu de travail à effectuer sur elle pour la faire passer pour morte…
Avec les tensions et les conditions météo sur le tournage d’Halloween 6, on était bien en-dessous de zéro…
Le tournage du film s’achèvera au début du mois de décembre, dans une ambiance aussi glaciale que ce que la météo infligeait. Le réalisateur Joe Chappelle, tout d’abord très professionnel et impliqué (il avait passé l’unique semaine entre la pré-production et le début du tournage à faire les repérages nécessaires à plusieurs scènes-clés), va finir par se laisser complètement retourner par les membres de la production de Dimension. Le découragement du combat contre les producteurs n’en est pourtant pas la raison. La position de soumission de Joe Chappelle, assez délicate, a été motivée par l’ambition négociée au sein de chez Dimension. Selon Marianne Hagan, héroïne du film avec le rôle de Kara Strode : « Joe Chappelle se foutait royalement d’Halloween 6. Ce qui lui importait, c’était le contrat de 3 films qui le liait aux studios de Dimension« . En effet, son arrivée sur le projet Halloween 6 s’est accompagnée de la casquette de réalisateur sur Phantoms (avec Ben Affleck et Rose McGowan) et Cybertr@que (avec Skeet Ulrich). Dès lors, pour ne pas rompre cette garantie de poste pour les années à venir, il s’oppose de moins en moins aux décisions abusives qui entravent le bon déroulement des opérations sur le tournage d’Halloween 6.
De par leurs tournages respectifs chaotiques, Hellraiser 4 et Halloween 6 ont vu tous les deux leur budget se réduire d’un million de dollars.

Les coupes budgétaires sont le pire cauchemar pour un film. Dans le cas d’Halloween 6, le désastre s’est fait dans une lente agonie. « Mon scénario de départ, celui validé par Moustapha Akkad au moment du lancement du tournage, était bien plus ambitieux que ce qu’on voit à l’image, précise Daniel Farrands. Pourtant, les producteurs de Dimension ont rayé de nombreuses séquences, ou en ont modifié beaucoup, pour alléger la facture. Les déplacements en hélicoptère médical de Loomis et Wynn ont été effacés, et le symbole de Thorn en immense crop circle dans un champ de maïs est devenu un marquage au fer rouge sur une botte de paille ! Vous imaginez ma déception ». Mais ça n’était que le début. Le budget initial de 5 millions de dollars, similaire à celui qui fut accordé au quatrième et au cinquième volet de la saga, va s’amenuiser jusqu’à être soustrait d’un million tout entier ! Les réductions se présentaient au jour le jour, comme le souligne le scénariste Daniel Farrands : « Il y a par exemple eu l’éviction d’une scène entière dix minutes avant son tournage. Il s’agissait d’une séquence filmée du point de vue du tueur, comme dans la scène d’ouverture du film de John Carpenter. Une main ouvrait un tiroir, s’emparait d’un couteau, puis la caméra continuait son chemin pour arriver à l’étage et entrer dans la chambre de Kara, avant que le couteau la frappe violemment. C’est alors que le petit Danny se réveillait de son cauchemar, apercevant avec horreur l’homme en noir qui lui soufflait de tuer toute sa famille ». L’annulation de cette scène (justifiée par le producteur Paul Freeman par le souhait de ne pas payer les heures de nuit de l’équipe de tournage) aurait profondément marqué l’actrice Marianne Hagan.

Malgré toute son implication sur le tournage du film, Marianne Hagan garde un souvenir amer d’Halloween 6
Le million de dollars du budget initial a été réduit par Dimension au moment où les attentes de la production ne reposaient plus sur Halloween 6. Rappelons qu’à l’origine, le rachat des droits d’Halloween par Dimension était motivée par l’appat du gain que rapporterait cette saga populaire. Mais les problèmes rencontrés sur un tournage parallèle ont considérablement changé leur point de vue. Le film en question n’est pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit d’un élément d’autre saga phare de l’horreur, également rachetée par les frères Weinstein : Hellraiser Bloodline, quatrième opus de la saga initiée par Clive Barker. Le tournage de ce film d’horreur était si chaotique et critiqué à l’interne par la production, que le réalisateur Kevin Yagher a claqué la porte au nez de l’équipe. Les responsables de chez Dimension ont alors demandé à Joe Chappelle de reprendre les rennes. Là encore, le réalisateur accepte sans broncher. Au final, les rushes permettent au film d’être complètement remanié. Il sortira sur les écrans américains en 1996 mais sera démonté par la critique. Halloween 6, quant à lui, passe pour la première fois sous l’obligation d’une projection-test, étape obligatoire d’un film de studio. La projection en question, composée exclusivement de jeunes garçons de 14 ans, laisse les spectateurs de marbre devant le film. Marianne Hagan précise même : « Un garçon, très censé, a mentionné le fait que la fin était naze ». Très refroidis par cette expérience, les producteurs ordonnent à Joe Chappelle de tourner de nouvelles séquences pour répondre aux attentes du public. Selon eux, il faut plus de rythme, plus d’action, et plus de gore. D’une certaine manière, ils appliquaient la même formule que pour Hellraiser 4. « Pour les studios, il était juste question de faire du « rapide, sanglant et bon marché » », souligne Daniel Farrands.
À la demande des producteurs, Halloween 6 perd en éléments scénaristiques et gagne en effets gores. La recette n’a pourtant pas été celle du succès.
Avant la décision de retourner les séquences d’Halloween 6, la post-production a fait face à une nouvelle catastrophe : le décès de Donald Pleasence, le légendaire interprète du Dr Loomis, au début de l’année 1995. La difficulté qui en découle est de décider des séquences à tourner, de manière à les intégrer à celles qui existent déjà, afin de renforcer le rythme, et faire couler le sang à flot. John Carl Buechler (responsable des effets spéciaux sur Halloween 4 et 6, et futur réalisateur de Vendredi 13 chapitre 7) met donc le paquet pour des effets gores, à la demande des studios. Naissent alors la mort sanglante de Jamie Lloyd, l’explosion de la tête de John Strode et le tranchage de celle du chirurgien contre la grille dans les sous-sols de la clinique. Finis le suspense et les éléments fantastiques, Joe Chappelle épure la plupart des scènes de dialogues de Donald Pleasence, les estimant ‘ennuyeuses’. Le mystique de la secte de Thorn et le final façon Rosemary’s baby disparaîssent au profit d’expériences scientifiques malsaines orchestrées par le Dr Wynn. Le pouvoir des runes et la passation de la malédiction de Thorn sont donc totalement absents du final de la version salles, qui fera la part belle à un affrontement musclé entre le héros et le croquemitaine, le tout mêlé dans une ambiance oppressante de confusion. C’est Joe Chappelle qui a écrit le scénario de la version finale du film (avec, semble-t-il, l’aide de Rand Ravich, scénariste de Candyman 2 et Intrusion), s’occupant ainsi des nouveaux rushes et du montage final. Il fait ainsi fi des 11 fins potentielles qu’avait écrit Daniel Farrands pour en choisir une qui ne sera comprise par personne. L’urgence ayant atteint son paroxysme, le tournage et le montage des dernières séquences s’effectuent sans le scénariste d’origine, et avec un nouvel interprète pour Michael Myers, et un autre compositeur pour la musique qu’Alan Howarth : Paul Rabjohns. Pire encore : ces membres du staff d’origine ne sont parfois même pas au courant de leur remplacement ! Les nouvelles séquences sont tournées dans un hôpital désaffecté à Los Angeles en juillet et août 1995, dans des conditions d’urgence jamais vues. Le montage et la musique sont chargés aux amphétamines avec empressement pour tenir les délais imposés par le calendrier. Le film sort en salles le 29 septembre 1995. Il est un désastre critique mais un succès commercial dans la moyenne (un peu plus de 15 millions de dollars de recette aux USA). Toutefois très loin de répondre aux attentes originelles des studios, Halloween 6 et tous ses nouveaux éléments sont relégués au placard. À son grand désespoir, en plus de la déception d’avoir vu son script tronçonné et réduit à néant, les idées de Daniel Farrands non exploitées dans le film ne trouveront pas d’issues dans la suite envisagée par le scénariste pour Halloween 7 : the son of Michael Myers. La malédiction de Michael Myers aura en fait largement dépassé le cadre du film, s’étendant à chaque étape de son élaboration, de son tournage, et surtout de son équipe.
 

(sources : zeshapehalloween, scream factory, IMDb, fangoria, halloweenmovies.com)

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