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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

GÉNÉRATION CROQUEMITAINES : FREDDY KRUEGER (SAGA LES GRIFFES DE LA NUIT)

En 1984, alors que le slasher movie est sur le déclin, un croquemitaine d’une nouvelle espèce va envahir les écrans et les esprits du monde entier. Un croquemitaine mémorable tant par son faciès que par sa cruauté, né de l’imaginaire sordide de Wes Craven. Un nouveau vilain qui va à son tour s’emparer du box-office et coller des sueurs froides au public avide de cauchemars : Freddy Krueger. Wes Craven, influencé tant par de terribles souvenirs de jeunesse (il voyait les nuits par sa fenêtre un clochard en pull rayé qui le terrorisait) que par un fait divers choc du Los Angeles Times qui traitait d’une troupe d’adolescents aux cauchemars communs, inventa un tueur capable de décimer ses victimes dans leurs rêves. La méthode du slasher était ainsi respectée tout en s’innovant d’une partie fantastique, la bouffée d’oxygène dont le genre avait considérablement besoin.
Un nouveau croquemitaine haut en couleurs qui redonne de l’oxygène au genre
Freddy Krueger (Robert Englund) débarque donc dans Les Griffes de la Nuit, et vient envahir le subconscient d’une petite bande d’amis de la rue Elm de Springwood. Mais ce qui ne semblait être que des cauchemars finit par devenir une menace bien réelle. L’homme au visage brûlé et aux griffes d’acier n’est pas le fruit de leur imagination. Il s’agit d’un bourreau d’enfants que les habitants du village ont eux-mêmes exécuté, et qui revient aujourd’hui se venger sur la nouvelle génération, en les assassinant durant leur sommeil. Nancy Thompson (Heather Langenkamp), nouvelle égérie scream queen, va tenter d’attirer le monstre dans la réalité pour l’éradiquer une bonne fois pour toutes.
Freddy prêt à posséder Jesse corps et âme dans La Revanche de Freddy
Mais même si son plan finit par se concrétiser, après une belle saga de mises à mort mémorables (si ce n’est cultes, avec la mort en lévitation de Tina, une pendaison reptilienne en prison, et un lit qui avale un Johnny Depp débutant avant de le vomir en une cascade sanglante), le nouveau monstre d’Hollywood ne tient pas à en rester là. Fort de son immense succès dans les salles (26 millions de dollars de recettes aux USA pour un budget de moins de 2 millions), Freddy revient sur les écrans dès l’année suivante pour La Revanche de Freddy, sous la houlette de Jack Sholder. A Nightmare on Elm Street Part II est le mouton noir de la saga puisque, dans sa précipitation, il n’a pas su saisir l’essence originelle de son monstre sacré. Freddy débarque ainsi dans le monde réel dans véritable incursion mystique, seulement après avoir pris possession du jeune Jesse (Mark Patton). Si le film n’est pas une suite méritante comparé à l’original, il a le mérite d’avoir su conserver une aura terrifiante pour Freddy, puisque les séquelles suivantes donneront la part belle à l’humour. Freddy 2 est surtout réputé pour son plongeon plus ou moins volontaire dans un univers (homo)sexuel qui a valu au film une certaine notoriété tardive. Dans tous les cas, ce nouvel épisode confère à Freddy une popularité évidente qui dépasse l’univers horrifique, et qui lui garantit une longévité profitable par les studios.
La célèbre séquence et tirade : « Welcome to primetime bitch ! »
A Nightmare on Elm Street Part III : Dream Warriors (Les Griffes du Cauchemar en France) de Chuck Russell signe dès 1987 le retour de Wes Craven à la barre, au scénario tout du moins, pour réinscrire Freddy dans l’univers qui lui incombe : celui des rêves. Le personnage de Nancy revient également, cette fois pour venir en aide à un groupe d’adolescents en hôpital psychiatrique, en proie aux méfaits du grand brûlé. Dans ce film, terminés les frissons, place à la rigolade, avec des moments d’anthologie et des répliques tout aussi cinglantes (Welcome to primetime, bitch !). L’univers des rêves est dépeint selon les fantasmes des adolescents qui décident à leur tour de profiter des richesses de cet univers pour combattre le mal. Les effets spéciaux surgissent à la pelle, et si on regrette de ne plus trembler à la vue de Freddy, il faut avouer que le spectacle est au rendez-vous (la marionnette, le serpent qui avale Particia Arquette, l’infirmière au visage de Freddy). Pas de doute, la saga plonge tête la première dans le festival coloré et cocasse qu’elle n’abandonnera plus.
Avec son 4e opus, Freddy parvient à signer le pire film et le meilleur résultat au box office de toute la saga…
Avec Freddy 4 : le cauchemar de Freddy, Krueger devient définitivement une icône de la pop culture et signe son meilleur score au box office avec près de 50 millions de dollars de recette. Pourtant, le film baisse d’un cran et sombre dans la facilité débridée, avec une amère tendance à camoufler ses faiblesses scénaristiques derrière une débandade d’effets spéciaux. Freddy renaît de ses cendres grâce à l’urine inflammable d’un chien errant, décime en deux coups de griffes les survivants du films précédent et s’en prend cette fois à Alice Johnson (Lisa Wilcox) et ses amis du lycée. La saga perd en crédibilité et gagne en couleurs, faisant des jeux de lumière et des effets spéciaux un feu d’artifice graphique dont Freddy est le malheureux emblème. La chute s’accélère avec Freddy 5 : l’enfant du cauchemar, même si l’idée de base était excellente, puisque Freddy sévissait cette fois via les rêves du fœtus d’Alice, pour mieux atteindre la jeune femme et la faire sombrer en pleine folie. Le résultat relève plus de la tentative visuelle d’art contemporain que d’une trouille viscérale. Freddy, devenue la coqueluche des adolescents (voire des enfants), va même s’extraire des bobines ciné pour envahir la petite lucarne avec la série télé des Cauchemars de Freddy (aka Freddy : le cauchemar de vos nuits). Deux saisons d’épisodes à la Contes de la crypte où le croquemitaine se contente d’apparaître en maître de cérémonie dans des histoires peu reluisantes alliant le macabre et le burlesque.
Les opus 4 à 6 négligent leur scénario au profit d’une recherche d’aboutissement visuel faisant de Freddy la nouvelle star des adolescents
Dans tous ses films, le croquemitaine de Springwood aura décimé une belle brochette d’adolescents, allant de les brûler dans une piscine, les noyer dans un matelas à eau, leur injecter de la drogue dans les veines, les transformer en moto, en cafard géant, en personnage de BD ou de jeu vidéo, les embrasser jusqu’à étouffement ou dévorer leur tête sur une pizza géante. Et puisque les rêves n’ont pas de limite, pourquoi Freddy lui-même en aurait-il ? Les producteurs l’envisagent toutefois. C’est pourquoi le spectacle se termine au sixième opus avec La fin de Freddy : l’ultime cauchemar (1991), qui en dévoile un peu plus sur la genèse du bourreau (à défaut d’expliquer une nouvelle fois son retour), lui attribuant Alice Cooper en père indigne (et une mère religieuse violée par une centaine de fous dangereux comme stipulé dans l’épisode 3 et dévoilé dans l’opus 5) et une fille malmenée qui prend sa revanche dans un univers parallèle et psychédélique auquel le public est convié via des lunettes 3D. La prouesse technologique de l’époque (étriquée par les troisièmes opus des sagas respectives des Dents de la mer, Vendredi 13 et Amityville) est ici l’excuse d’un final abracadabrantesque durant lequel Freddy est censé signer sa révérence. La misère de la mise en scène, de l’interprétation des acteurs et surtout du maquillage de Robert Englund dans son rôle détermine surtout les limites d’une saga qui n’a pas su conserver jusqu’au bout la grandeur de son croquemitaine.
Le Freddy 2.0 de Wes Craven pour le 10e anniversaire de la franchise
Wes Craven reviendra une nouvelle fois à la rescousse en proposant en 1994 un dixième anniversaire de star pour Freddy puisqu’il lui offre le privilège inéluctable d’apparaître une bonne fois pour toutes dans le monde réel en surgissant tel une entité diabolique dans la vie des stars hollywoodiennes qui l’ont fait naître et qui ont contribué à sa popularité. Wes Craven lui-même, Heather Langenkamp et Robert Englund sont donc mis à mal par ce qu’ils pensaient n’être qu’un monstre de cinéma. Freddy sort de la Nuit est une excellente mise à plat des opus précédents en renouant avec le Freddy originel, devenu maître des enfers le temps d’un film. Le métrage n’aura pas le succès mérité mais restera une intéressante alternative à ce que le croquemitaine offrait jusqu’à lors, et servira aussi d’exercice cinématographique à son créateur, puisque le principe du « film dans le film » restera la patte de Craven jusqu’aux futurs Scream. Et ce n’est que neuf ans plus tard que le grand brûlé reviendra sur les écran dans le mémorable et très attendu Freddy contre Jason (Ronny Yu, 2003) où il affronte le zombie décérébré au masque de hockey dans un match rythmé et sanglant. Désireux de revenir sur le devant de la scène, il se sert de Jason pour réinstaurer la terreur à Elm Street mais perdra le contrôle du monstre et devra l’affronter à plusieurs reprises pour se débarrasser de ce lourd problème. Forcément leader dans le monde des rêves où ses pouvoirs sont sans limite, Freddy aura fort à faire lorsqu’il sera attiré de force dans le monde réel, celui où Jason est le tueur invulnérable que rien n’arrête.
Le choc des titans attendu par des millions de fans à travers le monde…
Si Robert Englund aura à huit reprises incarné ce légendaire monstre sacré du cinéma, la mode des remakes écrase comme un rouleau compresseur tous les classiques du genre et finit par emporter Les Griffes de la Nuit avec elle. C’est en 2010 que sort sur les écrans du monde entier ce reboot moderne du film culte de Wes Craven, avec à son bord Jackie Earle Haley (Watchmen, Dark Shadows) dans le rôle du grand brûlé. L’accent est porté sur l’hommage et les effets spéciaux outranciers, ainsi que sur le dévoilement du mythe du tueur de Elm Street avant sa mise à trépas. Si les tentatives de redonner les jetons au public et de renouer avec la légende du tueur d’enfants sont louables, fort est de reconnaître que le résultat est d’une médiocrité regrettable, qui vient à prouver que Freddy allait avoir beaucoup de mal à passer le cap d’une relecture, aussi ambitieuse et respectueuse soit-elle, surtout lorsque son interprète n’est pas l’irremplaçable Robert Englund. En tout et pour tout, Freddy restera aux yeux du public un monstre surgi d’un cauchemar, qui sera devenu avec les années un bouffon de foire à la vanne facile mais à l’immense popularité, un savant mélange de peur primale et d’humour noir qui aura étalé sa couleur et son sang sur plus d’une génération.
Un remake qui prend l’eau plus qu’il ne met le feu en 2010…

LES GRIFFES DE LA NUIT, LA REVANCHE DE FREDDY, LES GRIFFES DU CAUCHEMAR, LE CAUCHEMAR DE FREDDY, L’ENFANT DU CAUCHEMAR, LA FIN DE FREDDY : L’ULTIME CAUCHEMAR, FREDDY SORT DE LA NUIT, FREDDY CONTRE JASON, FREDDY : LES GRIFFES DE LA NUIT, DES FILMS DE WES CRAVEN, JACK SHOLDER, CHUCK RUSSELL, RENNY HARLIN, STEPHEN HOPKINS, RACHEL TALALAY, RONNY YU & SAMUEL BAYER, USA, 1984, 1985, 1987, 1988, 1989, 1991, 1994, 2003 & 2010
FREDDY : LE CAUCHEMAR DE VOS NUITS, SÉRIE DE 2 SAISONS (1988-1990)

● les + : un tueur hors du commun qui agit dans les rêves, propices à tous les délires visuels et narratifs
● les – :
une saga très inégale qui a très souvent touché le fond
● comparé à Michael Myers :
une vraie présence, de l’humour et des pouvoirs sans limites !
● meilleures scènes des films :
les prémices de l’opus original, fort de séquences cultes ébouriffantes, la sortie du corps de l’opus 2, l’exploration du mythe du jeune Freddy dans l’opus 6, le côté méta de Freddy sort de la nuit, le kif absolu du versus contre Jason
● pires séquences des films :
le gloubi-boulga fantasmagorique amorcé dès l’opus 3, l’irrespect général des opus 4 à 6 où Freddy ne fait plus peur à personne, le remake tout entier…

LES NOTES ———————————————————————

 

LES GRIFFES DE LA NUIT : ***** – LA REVANCHE DE FREDDY ***** – LES GRIFFES DU CAUCHEMAR ***** – LE CAUCHEMAR DE FREDDY ***** – L’ENFANT DU CAUCHEMAR ***** – LA FIN DE FREDDY ***** – FREDDY SORT DE LA NUIT ***** – FREDDY CONTRE JASON ***** – LES GRIFFES DE LA NUIT 2010 ***** – FREDDY : LE CAUCHEMAR DE VOS NUITS (TV) *****

 

● look du tueur : ***** ● mobile du tueur : *****
variété des armes : ***** ● originalité des meurtres : *****

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