ZESHAPEHALLOWEEN

L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

Halloween, la nuit des masques : critique exclusive

À bientôt 30 ans, Halloween, la nuit des masques continue de fasciner, tant il est devenu un mythe du cinéma horrifique grâce à son statut de précurseur dans le domaine du film de psycho killer. Le film de John Carpenter, réalisé avec des moyens très modestes, a reçu l’accueil qu’on lui connaît, a révélé une jeune star prometteuse, un serial killer charismatique et stylisé, et un genre qui allait se varier à outrance dans les années qui suivirent. À cela, le mythe accordé à la saga Halloween amène très souvent les critiques à désigner La nuit des masques comme film ultime, pollué par des suites qui n’ont en fait que profité de son succès. Et pourtant, force est de reconnaître que malgré son statut actuel, Halloween premier du nom ne fonctionne pas en tant que film indépendant.

En remontant aux origines, en dépit du fait que le film – dont la mise en scène est irréprochable et stylisée – révolutionne à sa manière le cinéma, Halloween est la base d’une saga aléatoire qui a perduré avec les années. Pour tous les fans de Michael Myers, La nuit des masques est le point de départ rêvé : un tueur étrange et inquiétant, responsable du meurtre de sa sœur alors qu’il n’avait encore que 6 ans, enfermé pendant de nombreuses années dans un asile avant de s’échapper sous les yeux de son psychiatre qui le traquera jusqu’à la mort, et revenu sur les lieux de son premier méfait pour perpétrer la suite d’un massacre planifié. Les suites, plus ou moins respectueuses, auront toutes pioché dans l’immense potentiel du film original pour faire rebondir les situations et les personnages durant leur évolution. Pour cela, La Nuit des Masques sera éternellement le tremplin idéal et, par extension, le meilleur épisode de la série.

Mais, sans ces suites que certains trouvent inutiles et opportunistes, que reste-t-il de La nuit des masques ? Pas grand-chose, et pour cause ! Restreint par son budget minuscule et l’élaboration rapide de son scénario, Halloween expose finalement dans sa trame le minimum syndical. Le tueur fait mouche, certes, mais la folie qui l’anime reste inexpliquée. L’image du Mal à l’état pur, souhaitée par John Carpenter, et citée à plusieurs reprises par le personnage campé par Donald Pleasence, est l’élément fantastique qui excuse le manque d’éléments accordé à Michael Myers, et qui accentue pour un temps son aura de terreur. Malheureusement, la recette ne fonctionne plus aujourd’hui. Malgré toutes ces qualités, Halloween est un film qui a vieilli. Un univers proprement envahi par le Fantastique reste purement intemporel, même pour des films de l’époque (L’Exorciste en 1973, La Malédiction en 1976). La nuit des masques n’aura pas la même intensité sur le plan de la longévité. En fait, Halloween reste célèbre grâce à la saga qui l’a suivi. Les marques propres au modèle s’étant depuis largement fissurées. Halloween est-il déjà réellement le précurseur de la mode du slasher ? Massacre à la tronçonneuse et La baie sanglante illustraient pourtant déjà divers aspects de ce genre jusque-là très particulier. Et qu’en est-il du suspense à couteaux tirés de La nuit des masques ? Une musique stridente et glaçante qui couvre trop souvent des séquences où il ne se passe rien, séquences allongées à l’extrême comme pour habituer le spectateur au néant le plus total jusqu’à explosion durant le final. Et que dire des moments chocs du film ? Le sang est ici remplacé par d’immondes effets sonores à plein volume comme pour désigner précisément les instants où le spectateur doit avoir peur.

Bien entendu, la réalisation de Halloween relève à juste titre du révolutionnaire, le format en cinémascope étant de toute beauté et le recours à la caméra subjective (inédit à l’époque) pour plonger le spectateur dans le regard du tueur est tout bonnement épique. L’héroïne du film, la jeune et ingénue Laurie Strode, et ses deux amies plus déjantées Annie et Lynda, sont la représentation même de la jeunesse américaine de l’époque. Tandis que Michael Myers fait figure de croquemitaine d’Halloween venu terroriser de jeunes inconscients. En 1978, les ingrédients sont réunis pour faire de La Nuit des Masques un film à succès, mais encore une fois, son immense potentiel ne peut se résoudre aux éléments qu’il offre au public. La tension, que le Dr Loomis fait grandir à chaque seconde (presque mécaniquement et exagérément, c’est fort dommage), est palpable durant l’affrontement final entre Laurie et Michael Myers, durant lequel ce dernier fait soudainement preuve d’un manque total de talent dans le meurtre (le premier coup de couteau qui effleure à peine le bras de l’héroïne, la traque lente dans les rues de Haddonfield, le second coup de couteau planté tout droit dans le coussin du canapé), ces énormités comparées à la violence barbare avec laquelle il décimait l’entourage de la jeune fille font de Myers un pantin au pouvoir bancal pour une figure censée être le Mal à l’état pur. D’ailleurs, lorsque Laurie parviendra in extremis à lui ôter son masque, le tueur lâchera prise comme si sa force ne résidait qu’à travers l’image qu’il renvoie.

ghost see anything you like

C’est pourtant le dernier quart d’heure de La Nuit des Masques qui conférera au film son véritable statut de célébrité. Laurie découvre l’étendue du carnage lorsque tous les cadavres de ses amis lui bondissent à la figure ; Loomis, qui jusque-là ne servait qu’à faire le poireau devant l’ancienne demeure du tueur et répéter inlassablement que son patient est un monstre, s’approche enfin des lieux touchés par le tueur. La séquence du placard est un monument d’angoisse, la jeune fille innocente parvient avec ruse et efficacité à échapper à un danger que rien ne semble pouvoir arrêter, et cette ultime disparition de Myers après six balles dans le corps prouve enfin que la force démoniaque que clamait de Dr Loomis à qui voulait l’entendre était bien réelle. Le Mal est en liberté, mais on ne le constate véritablement que lorsque le générique s’entame. Le suspense aura fonctionné durant ce dernier quart d’heure, mais il ne conviendra pas au peu d’éléments exposés durant l’heure écoulée. La suite prendra le relais, donnera une saveur à cette traque si étrange qui se déroule dans La nuit des masques et qui est loin d’être terminée. Halloween sans Halloween II n’est finalement pas très concret. Et la preuve irréfutable de cet état de fait est le récent remake de Rob Zombie qui compile des éléments d’Halloween 1 et 2 camouflés derrière une nouvelle vision du mythe. Myers, Laurie, et même Loomis n’ont finalement de valeur que par les éléments qu’Halloween II leur apportent. Cette vérité que les critiques semblent ne pas vouloir admettre rappelle que dans une saga, ça n’est pas toujours forcément le premier opus qui est le plus fort. Dans le cas de Halloween, c’est bel et bien l’unité que forment les deux premiers opus qui crée véritablement le mythe de Michael Myers.

À elle seule, La nuit des masques n’est que la moitié d’un film d’horreur.

En dépit des nombreuses marques de qualité qui ont permis au film d’accéder à ce statut de film culte (réalisation révolutionnaire, grade de précurseur (bien que discutable) dans le slasher, musique angoissante), Halloween, la nuit des masques ne fonctionne pas de manière indépendante mais bel et bien comme l’entrée en matière de la saga qui suivit. Michael Myers met la casserole sur le feu et mijote pendant une bonne heure avant les premières traces d’ébullition. La recette ne fera effet que bien tard, et on sera inéluctablement guidé vers la suite des aventures du tueur d’Haddonfield, confirmant que la sauce ne prend véritablement qu’avec quelques ingrédients supplémentaires, et que seul Halloween II pouvait apporter.

ZeShape

autre affiche d'halloween la nuit des masques


Précedent Poste

Poster un Commentaire

5 × 3 =

© 2024 ZESHAPEHALLOWEEN

Thème par Anders Norén