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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

GÉNÉRATION CROQUEMITAINES : NORMAN BATES (SAGA PSYCHOSE)

Avec Norman Bates dans ce nouvel opus de la rubrique de Génération Croquemitaines, c’est la première fois qu’un ascendant de Michael Myers est mis à l’honneur. Mais c’est surtout le plus méritant d’entre tous, car Psychose, en plus d’être un chef d’œuvre du cinéma, est à l’origine de tous les slasher movies, et inéluctablement de tous les psycho-killers qui y sont rattachés.
En réalisant Psychose en 1960, Alfred Hitchcock savait qu’il allait marquer sa carrière. Il adaptait alors le roman éponyme de Robert Bloch et s’attaquait à son premier véritable film d’horreur. Mais au-delà de toutes les espérances, Psychose s’est avéré être une référence incontournable, donnant naissance par déclinaison à un genre, et accessoirement à des suites toutes contrôlées par une grande volonté de faire honneur au film original.

Génération croquemitaines : les descendants et ascendants de Michael Myers - Volume 50 : Norman Bates (Psychose)Sans reprendre l’intrigue du film Psychose, concentrons-nous sur le personnage de Norman, d’abord présenté comme un timide gérant d’un motel, écrasé par une mère acariâtre et possessive, qu’on ne découvre dans le film que lors de meurtres violents et particulièrement glaçants. Cette mère hystérique et meurtrière ne sera finalement qu’une illusion que le rejeton au physique de gendre idéal matérialisera à travers un travestissement en lien avec sa psychose barbare et inassouvie. Inconscient qu’il est schizophrène, Norman Bates est la victime de sa défunte mère, il n’est que l’outil de sa démence, et ce fait signalé à la toute fin du métrage d’Hitchcock à travers le dévoilement du spécialiste qui le traite, a créé tout l’aura autour de ce si inquiétant et attractif personnage. Cette ambivalence trouvera son paroxysme dans l’excellent Psychose 2, qui, loin d’être une séquelle opportuniste, a été tournée 22 ans après l’original. Bien entendu, ce film n’a d’abord été mis en chantier qu’à cause du phénomène des suites qui sévissait avec le genre slasher (Halloween et Vendredi 13 étaient entretemps passés par là), mais Psychose 2 a été suffisamment travaillé pour être une suite intelligente, avec un regard aimant sur l’original, tout en étant surprenant. Un pari risqué au départ, qui a convaincu la critique et le public grâce à son excellent scénario signé Tom Holland et le retour à l’écran d’Anthony Perkins dans le rôle titre. Norman est libéré après plus de deux décénnies de prison. Il se sait fragile mais décide de retourner dans son motel. C’est là qu’il sera aux prises avec sa « mère », dont le fantôme (ou une mystérieuse tierce personne) ne semble pas décidé à laisser Norman en paix.

Dans Psychose 2, le plus fou n’est pas toujours celui qu’on croit…

Norman Bates, dans les films de la saga originale, et dans l’inconscient collectif que son interprète Anthony Perkins a forgé avec les années, est l’unique tueur en série auquel le public a plaisir à s’identifier. Plus encore, les spectateurs ressentent une telle empathie pour lui, qu’ils espèrent continuellement qu’il finira par s’en sortir sans encombres. Ce lien inhabituel a rarement été reproduit au cinéma. On accorde peut-être ce titre à Hannibal Lecter, bien que Norman Bates se rapproche davantage du gendre idéal que de l’icône alliant attraction et répulsion comme le cannibale qui a lui aussi été inspiré par le même fait divers. En effet, Norman Bates (tout comme Lecter et Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse), est né de la personne d’Ed Gein, un tueur en série obsédé par sa mère, qui a défrayé la chronique dans les années 50. Dans le livre de Robert Bloch, à l’origine du film, Norman est un quadragénaire bedonnant sans charisme ni réel pouvoir attractif. En confiant le rôle à Anthony Perkins, Hitchcock voulait favoriser ce pouvoir de trouble entre le physique d’un jeune homme timide et la possession d’une vieille femme assassin. Ce trouble est un des principaux atouts du film. Et après la mort de l’héroïne dans la cultissime scène de la douche, le public, déstabilisé, va sans le savoir s’identifier à celui qui s’avèrera à l’origine de toute cette barbarie.

L’art de déguster une tasse de thé, selon Norman Bates…

Enfin, dans Psychose 4 : l’origine, Norman apparaît encore partagé entre deux états. Cette fois marié et sur le point d’avoir un enfant, il intervient en tant qu’auditeur sur un programme radio traitant du matricide (meurtre d’une mère par son enfant). Il y dévoile les éléments de son enfance qui le conduiront à faire de lui ce qu’il est devenu. Le film présentera pour la première fois la mère de Norman Bates : Norma, une femme bipolaire qui n’a d’égal à sa beauté que l’emprise étouffante qu’elle exerce sur son jeune fils (interprété par l’excellent Henry Thomas, quelques années après E.T.). Réalisé par Mick Garris en 1990, le film sera l’une des dernières apparitions d’Anthony Perkins, que le sida emportera deux années plus tard.

Vince Vaughn, Freddie Highmore, Anthony Perkins : trois visages de Norman Bates

D’autres films ont tenté d’étoffer le mythe de Psychose, souvent au détriment de la saga originale. Un téléfilm a été réalisé en 1987, soit un an après Psychose 3, et baptisé Bates Motel. Dans ce film, Alex West, compagnon de cellule de Norman Bates (joué furtivement par Kurt Paul), hérite du motel et la demeure à la mort de ce dernier. Le film est un carnage sans intérêt perdu entre le drame et la comédie. Il devait être le pilote d’une série qui ne fut (heureusement) jamais tournée. Vint ensuite Psycho, le remake honteux de Gus Van Sant en 1998, tourné plan pour plan sur le modèle du film d’Hitchcock, mais la couleur en plus et la saveur en moins. Vince Vaughn y est un calamiteux Norman Bates. Et le projet tout entier est une banqueroute méritée. Ce n’est que que quinze ans plus tard que le mythe ne revienne à l’image avec la série TV à succès Bates Motel, cette fois sous les traits de Freddie Highmore. Plongeant aux origines du personnage, la série met en scène Norman et sa mère lors de l’aquisition du motel et expose les terribles secrets qui les lieront à jamais l’un à l’autre. Enfin, Norman Bates apparaît brièvement via les traits de James d’Arcy dans le biopic Hitchcock (2013) retraçant l’histoire du tournage de Psychose.

Dans Psychose 4 : l’origine, l’inquiétant Norman va-t-il enfin retrouver la raison ?

Dans la culture populaire, Psychose est le plus célèbre film d’Alfred Hitchcock. Il est aussi le thriller le mieux noté au monde. Norman Bates est le second tueur le plus célèbre du cinéma après Hannibal Lecter. De plus, le manoir de Bates est la demeure la plus connue au cinéma avec la maison d’Amityville. Elle reste une attraction phare des parcs Universal de Californie et de Floride. La musique de Bernard Hermann est aussi célèbre que le thème des Dents de la Mer ou d’Halloween. L’arme emblématique de Norman Bates est le couteau de boucher, comme Michael Myers. John Carpenter s’était grandement influencé du film d’Hitchcock pour Halloween, la nuit des masques. Il a choisi Jamie Lee Curtis car elle était la fille de Janet Leigh, la célèbre victime de la douche. En juste retour des choses, Jamie Lee Curtis devait jouer le rôle de Mary, l’héroïne de Psychose 2, avant qu’Universal opte finalement pour Meg Tilly. Tout comme Linda Blair pour L’Exorciste, le rôle de Norman Bates sera indissociable d’Anthony Perkins, qui aura apporté ses traits, son talent et son charisme au profit du tueur torturé le plus épatant et intéressant que le cinéma ait jamais porté à l’écran.

PSYCHOSE, PSYCHOSE II, PSYCHOSE III & PSYCHOSE : L’ORIGINE, DES FILMS D’ALFRED HITCHCOCK, RICHARD FRANKLIN, ANTHONY PERKINS & MICK GARRIS, USA, 1960, 1982, 1986 & 1990
BATES MOTEL, UN FILM DE RICHARD ROTHSTEIN, USA, 1987
PSYCHO, UN FILM DE GUS VAN SANT, USA, 1999
BATES MOTEL, SÉRIE DE 5 SAISONS (2013-2017)

● les + :
une saga hors du commun, stylisée et efficace, dont le film d’origine a dressé tous les codes à venir en matière de slasher
● les – :
un troisième et un quatrième épisode en deçà des espérances, mais bien au-dessus du scandaleux remake de 1999
● comparé à Michael Myers :
riche d’une personnalité bien plus complexe que le Michael Myers à venir, Norman Bates est l’incarnation même du tueur charismatique à l’esthétique aussi fine que sa lame de couteau
● meilleures scènes des films :
toute l’orchestration cinématographique précédant le meurtre de la douche dans le film original, la construction narrative du second opus, ses efficaces effets visuels dont le spectaculaire meurtre de Lila Loomis et la confrontation finale entre Norman et Mary, le meurtre dans la cabine téléphonique de Psychose III
● pires séquences des films :
celles concernant le personnage de Duane dans Psychose III, certaines lenteurs de rythme dans Psychose 4, certaines libertés déconcertantes dans la série télévisée, mais rien n’est pire que le choix de Vince Vaughn pour le rôle de Norman dans l’odieux et amer plantage que reste Psycho de Gus Van Sant…

LES NOTES ——————————————————————

PSYCHOSE ***** – PSYCHOSE II ***** – PSYCHOSE III *****
PSYCHOSE 4 : L’ORIGINE ***** – BATES MOTEL (1987) *****
PSYCHO (1998) ***** – HITCHCOCK (2013) *****

● look du tueur : ***** ● mobile du tueur : *****
variété des armes : ***** ● originalité des meurtres : *****
Bande annonce remastérisée du chef d’œuvre Psychose (1960)

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