ZESHAPEHALLOWEEN

L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

ANALYSE MEDIA : LOST THEMES DE JOHN CARPENTER

Les fans en rêvaient, il l’a fait. À 67 ans, John Carpenter signe Lost Themes, son premier album solo, avec des compositions libres tout à fait dans l’esprit des bandes originales des films qu’il a signé des années 70 à 90. Dès l’ouverture du disque, avec Vortex, un extrait qu’il avait mis en écoute gratuite sur internet dès l’automne 2014, l’immersion est immédiate. Le plongeon dans les années de gloire du genre via la musique électronique est instantané. Vortex est la piste la plus emblématique de Carpenter et de ses œuvres cinématographiques. Elle est le résultat d’une équation composée par Prince des Ténèbres, Halloween III et Christine. Bien que l’inspiration soit totalement issue des années 80, heure de gloire du synthétiseur, le style Carpenter n’a pas pris une ride. Il suffit de voir l’engouement provoqué à l’annonce de ce disque, sorti au début de l’année 2015 et qui a fait des ravages auprès des fans étalés sur plusieurs générations. Les inspirations sont variées, tout comme le modèle que Carpenter représente dans la musique actuelle. On retrouve même dans certaines pistes, notamment Obsidian, Domain et Mystery, l’ancestrale influence du giallo, avec des connotations dans l’esprit des œuvres du groupe Goblin (Ténèbres, Suspiria, Les frissons de l’angoisse) et son maître d’oeuvre Claudio Simonetti. Le cinéma d’horreur italien revient aussi en mémoire de quiconque à l’écoute des titres Domain et Abyss, dans lesquelles on reconnaît la patte de Fabio Frizzi (compositeur de Frayeurs et L’enfer des zombies).

Carpen
ter l’explique lui-même : « Le but de Lost Themes était de prendre un maximum de plaisir. C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose d’avoir à composer sur des images, exercice auquel j’ai été habitué jusqu’à maintenant. Mais ici, il n’y avait aucune pression. Pas d’acteurs qui me demandaient ce qu’ils avaient à faire. Pas d’équipe en attente sur moi. Pas de salle de montage où se rendre. Pas de délai serré avant une sortie. Juste du plaisir ». Traduire en musique des envies et des humeurs, voilà la seule règle à laquelle le compositeur a voulu se prêter pour cet album. Une occasion unique de composer avec un maximum de liberté, tout en renouant avec le genre électronique qui lui est si cher. Le giallo, la nostalgie, le suspense, la profondeur, sont tout autant de notions parfaitement imprégnées à chaque note. La dominante action/science-fiction n’est pas exclue, la piste 3 Fallen conduisant l’auditeur dans l’esprit des films d’anticipation du réalisateur de New York 1997 et Los Angeles 2013, la touche gothique en plus. Du bel ouvrage qui ne s’arrête pas en si bon chemin. Les mélodies rythmiques de Lost Themes pourraient tout à fait convenir à la musique de films. Certains avaient d’ailleurs même cru qu’il s’agirait d’une compilation de pistes alternatives et inédites des bandes originales du maître (le titre de l’album ayant grandement contribué à cette confusion). Carpenter souhaite toutefois que les musiques de cet album sachent influencer à leur tour des personnes et des films, afin que ces pistes en soient l’illustration musicale parfaite.

Et les surprises sont au rendez-vous. Le
titre Abyss s’offrant même le luxe d’exploser complètement à mi-parcours pour plonger de l’assonance italienne à la veine pure de Carpenter à l’époque Christine. Le voyage à travers les âges se poursuit via Wraith, avec son entrée en matière légère avant la plongée dans l’électronique libre et entêtant, quasi-spatial. Entrée au purgatoire et dans les méandres obscures avec Purgatory et Night, qui clôturent un disque hétéroclite dont la variété invite à une écoute en boucle pour ne jamais en finir avec le voyage proposé. Le potentiel de John Carpenter en matière de musique semble donc non seulement intact mais surtout inépuisable, preuve s’en faut l’incommensurable richesse des neuf morceaux de ce disque. Outre les nombreuses œuvres qu’il a signé au cinéma (d’Halloween au Village des damnés, en passant par Fog et Vampires), les inconditionnels du compositeur ne doivent surtout pas passer à côté de la force des partitions qu’il a offert au monde du jeu vidéo avec Sentinel Returns, dont la dimension nostalgique est toujours aussi palpable.
LOST THEMES de John Carpenter
Sacred Bones Records – 2015 – 48mn
VortexObsidian – Fallen – Domain – Mystery – Abyss
Wraith – Purgatory – Night

(titres en orange : les coups de coeur de ZeShape)

Au Suivant Poste

Précedent Poste

Poster un Commentaire

14 + 8 =

© 2024 ZESHAPEHALLOWEEN

Thème par Anders Norén