L’heure est venue, pour celles et ceux qui en ignorent encore l’existence, de découvrir le mediabook, un concept regroupant un livret illustré, un blu-ray (+ DVD dans certains cas), et parfois la bande originale d’un film, agrémenté pour l’occasion d’un visuel original décliné sur plusieurs variantes en éditions limitées. Le mediabook, principalement allemand, et ayant depuis trouvé sa variante américaine, est donc la plus riche occasion de découvrir un film pour les fans d’objets dérivés et collectors. Le principal éditeur de mediabooks durant les années 2000 aura été NSM Records, studio d’éditions autrichien fondé en 1995 et s’étant à l’origine « fixé pour objectif de rendre socialement acceptable un genre musical jusqu’alors négligé en Autriche : le heavy metal. » Ce genre n’étant pas ou peu disponible pour les fans, même à leur sortie, NSM naît après une prise de contacts avec de nombreux labels indépendants pour permettre la mise en vente de titres dans une grande partie du pays. Dès 1997, le succès est tel que l’entreprise, d’abord tenue par deux hommes, devient un service commercial atteignant dix collaborateurs en 2000. C’est à ce même moment que l’essor des studios tels que Warner et EMI vient s’emparer du marché, contraignant NSM à se tourner vers une nouvelle voie. « Il est rapidement devenu évident que le marché du DVD, qui était encore à ses prémices à l’époque, jouerait un rôle important dans le réalignement de l’entreprise. Grâce au réseau de vente existant et à un engagement fort, nous avons pu rapidement capitaliser sur les succès d’avant 2001. » NSM frappe fort avec des belles éditions plébiscitées par le public autrichien et allemand avec les films de la carrière de Jean-Claude Van Damne, les films d’action type Léon, Cours Lola cours et Trainspotting, et les films d’horreur dont La colline a des yeux et Zombie. Sur ce même format, les allemands ne tardent pas à surfer sur la vague autrichienne d’NSM. Nameless en est le principal exemple, et se présentant comme « un petit label de cinéma qui s’est donné pour mission de créer des films pour les collectionneurs ambitieux. » Le ton est donné, avec toute la conscience de s’adresser à un public spécifique n’hésitant pas à aligner les billets pour mettre la main sur le collector attendu. Mais la qualité est là, avec tout le soin que l’on peut attendre de l’Allemagne, Nameless indiquant « essayer par tous les moyens de tirer le parti du meilleur son, de la meilleure image et du meilleur matériel possible, le tout dans un emballage attrayant et spécial pour donner à nos sorties le style unique pour répondre à vos besoins. Telle est notre mission. »
La saga Halloween a été particulièrement choyée chez ces deux éditeurs. NSM ouvrant le bal avec des éditions des six premiers films pourvues du quatuor DVD + blu-ray + bande originale + livret (entre 12 et 28 pages selon l’édition et le film). Des résultats du plus bel effet, limités à un certain nombre d’exemplaires numérotés, et faisant parmi des premières possibilités de découvrir les films en qualité HD à l’orée de l’ère blu-ray. La particularité se posant aussi sur un vaste choix parmi plusieurs visuels reprenant les affiches originales et des artworks spécialement conçus pour l’occasion. Halloween 20 ans après et Resurrection ont également été édités, le premier avec le doublage français (évidemment absent des autres éditions) mais sans la bande originale (celle-ci n’existant pas officiellement), et Resurrection sur un palette plus sobre et dépourvue d’un véritable intérêt comparé à ses prédécesseurs (et surtout à côté des éditions simples déjà existantes).
Les 3 premiers opus de la saga font partie des plus représentés chez l’éditeur autrichien. Le film original de John Carpenter se déclinant via des couvertures du plus bel effet. L’artiste américain Nathan Thomas Milliner, officiant notamment pour le site HorrorHound et l’éditeur Scream Factory, est à l’origine de beaucoup de ces splendides compositions. En 2012, des éditions d’Halloween 3 à 6 ressortent en steelbooks (boîtiers métallisés) blu-ray + BO avec un visuel sombre et en relief. Les bandes originales des six premiers films accompagnant les mediabooks sont issus du studio Varese Sarabande qui ont édités les musiques des films dans les années 80 à 2002 en CD avant le retour des droits à AHI, la société du compositeur Alan Howarth. En 2015, une édition collector du premier film débarque via l’éditeur Concorde et Inked Pictures dans un coffret en bois contenant le mediabook 3 disques similaire à NSM avec couverture rembourrée (DVD + blu-ray + BO) avec le livret de 12 pages, une affichette du film et 5 cartes postales. En cadeau (Allemagne oblige) : ou décapsuleur Halloween. Le petit plus qui peut faire la différence… Un autre coffret allemand est édité en 2008 chez Senator, reprenant l’édition 3 disques du remake de Rob Zombie dans une boîte collector parée de tous ses bonus.
Contre toute attente, c’est l’un des opus les plus controversé, à savoir Halloween II de Rob Zombie, qui trouve à ce jour la plus incroyable édition chez Nameless, avec un buste en résine de plus de 40cm de haut à l’effigie de Michael Myers, et le mediabook du film en DVD + blu-ray + livret exclusif. Limité à 333 exemplaires, cet objet ultra-collector vendu à prix d’or est devenu très prisé pour les inconditionnels de cet univers alternatif. À noter que l’éditeur ne propose pas moins de sept visuels différents pour le mediabook du film, dont une version vintage à nouveau du plus bel effet.
Nameless a édité pour sa part 2 des 3 derniers opus de la saga et le film original de 1978 avec parfois un transfert 4K en plus du blu-ray et du DVD afin de proposer la version la plus optimale en qualité d’image. Ce soin s’ajoute aux visuels soignés portés aux films, avec notamment un look vintage sur les éditions d’Halloween de John Carpenter et d’Halloween 2018 de David Gordon Green. On ressent le souvenir des balades dans les vidéos-clubs, une nostalgie accompagnant d’ailleurs la mode cinématographique de la dernière trilogie de Gordon Green. Pour Halloween Kills, la version extended s’ajoute à la version cinéma (comme dans les éditions françaises distribuées par Universal et les steelbooks aux visuels alternatifs de la Fnac), ainsi qu’un riche livret intégré au mediabook (28 pages) présentant des images du making of et des anecdotes sur les secrets du tournage.
En guise de bonus, les éditions NSM présentent pour Halloween les interviews, commentaires audio de John Carpenter, Jamie Lee Curtis et Debra Hill, featurettes, extraits de convention du 25e anniversaire et spots publicitaires (dont ceux de l’édition TV). Halloween II propose le commentaire audio du réalisateur Rick Rosenthal et les acteurs Leo Rossi et Dick Warlock, les bandes annonces, TV spots, scènes coupées et fin alternative, making of, visite des lieux de tournage, galerie photos. Idem pour Halloween III avec le commentaire audio de Tommy Lee Wallace et Tom Atkins, le making of Stand alone et les bonus d’usage. Halloween 4 et 5 proposent également les commentaires audio respectifs enregistrés pour Scream Factory, les making of Halloween 4 : final cut et Inside Halloween 5, les bandes annonces d’Halloween 3 à 6 parmi d’autres featurettes. Halloween 6 se pourvoit d’interviews du réalisateur Joe Chappelle et des acteurs Paul Rudd, Marianne Hagan et Mitch Ryan, d’extraits du tournage et making of, bandes annonces et featurettes. Halloween H20 s’accompagne du making of Unsmaking the horror, d’un clip vidéo et d’interviews, teaser et bande annonce. Halloween Resurrection présente le commentaire audio de Rick Rosenthal, une visite des lieux de tournage avec Jamie Lee Curtis, des bandes annonces et présentations de scènes et fins alternatives. Halloween de Rob Zombie, outre le commentaire audio du réalisateur, propose de petites analyses des masques, du personnage de Laurie Strode ou de Michael Myers, une visite du tournage, des bandes annonces et une fin alternative. Halloween II réitère le commentaire audio de Rob Zombie, de clips vidéos, d’une featurette, de scènes coupées et fin alternative, d’interviews du casting et d’images issues de la première du film à Hollywood. Chez Nameless, Halloween et Halloween Kills de David Gordon Green s’accaparent des bonus édités sur toutes les galettes proposées à travers le monde, à savoir les commentaires audio et scènes coupées et alternatives, un making of, pour Halloween 2018 un documentaire sur Haddonfield, les masques, l’héritage du film original et sur la scream queen Jamie Lee Curtis ; pour Halloween Kills un retour sur la famille Strode et une analyse de la maîtrise de la peur, parmi d’autres extraits du tournage. Halloween Ends n’a à ce jour pas encore été édité en mediabook.
La richesse des mediabooks de NSM et Nameless (parmi d’autres éditeurs s’étant depuis lancé dans la course) prouve la qualité mise en avant par les éditeurs autrichiens et allemands. On regrettera que nos voisins germaniques n’aient pas inclus davantage de doublages sur leurs éditions (la version française n’est présente que sur le mediabook d’Halloween 20 ans après) qui ne comportent que des doublages et sous-titres allemands en plus de la VO. Néanmoins, les mediabooks restent incontestablement les éditions les plus belles et complètes des films (surtout ceux contenant la bande originale, et fatalement les plus durs à trouver aujourd’hui), agrémentés de tout l’attrait qui confère aux objets leur aspect collector, travaillé, et définitivement unique.