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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LES SLASHERS DU MOIS : TOTALLY KILLER (2023) & TIME CUT (2024)

Ce mois-ci, ça n’est pas un, mais deux slashers qui sont passés à la loupe, leur année de sortie étant trop rapprochée et leurs similitudes trop importantes pour ne pas les étudier côte à côte. Totally Killer, une production de Jason Blum réalisée par Nahnatchka Khan avec Kiernan Shipka (Les nouvelles aventures de Sabrina). Time Cut est un film de Hannah MacPherson, d’après un script de Michael Kennedy (la production Blumhouse Freaky, et It’s a wonderful knife). Les deux métrages sont sortis simultanément sur Amazon Prime Video en 2023 et Netflix en 2024. Ils sont tous les deux des slashers de science-fiction traitant du voyage dans le temps de leurs héroïnes pour tenter d’empêcher un tueur masqué d’assassiner un membre de leur famille. Malgré les énormes ressemblances, et aussi ahurissant que cela puisse paraître, il s’avère que les films ne sont en aucune façon une copie l’un de l’autre. Explications.

Prêts pour le grand voyage ? Totally Killer va vous faire décoller !

Totally Killer, bien qu’il ne soit pas une révolution du genre, a reçu d’excellentes critiques à sa sortie sur la plateforme d’Amazon en octobre 2023. Le film dépeint un voyage dans le temps vers 1987, année où Pam et trois de ses amies lycéennes ont eu à faire au Sweet sixteen killer, un mystérieux tueur en série masqué lardant des jeunes filles le soir de leur 16ème anniversaire. Unique survivante du massacre, Pam est finalement retrouvée à son tour assassinée le soir d’Halloween 2023, soit plus de 35 ans après cette terrible nuit, sans qu’aucun nouveau meurtre n’avait été commis jusque-là. Sa fille Jamie est par la suite accidentellement catapultée en 1987 et décide de saisir l’occasion pour affronter et démasquer le tueur afin de l’empêcher de commettre son futur méfait. Mélange de comédie, d’horreur et de science-fiction, Totally Killer réussissait le pari d’être à la fois fun et rafraîchissant, à l’heure où la redite est de mise, surtout sur des plateformes qui n’ont pas l’habitude de proposer du contenu riche en qualité ou en rebondissements.

Rien ne sert de courir, il fallait sortir Time Cut à point.

Un an après, c’est Netflix qui ajoute à son catalogue sa production Time Cut qui décrit le cas de Lucy, jeune étudiante transparente qui vit dans l’ombre de sa défunte sœur Summer, assassinée 20 ans auparavant par un mystérieux tueur masqué. Ramenée par un étrange concours de circonstances la veille du fameux meurtre, Lucy tente alors de se fondre dans l’époque et le groupe de sa sœur pour empêcher le tueur de commettre ses actes. Fort d’un succès retentissant sur la plateforme, Time Cut se voit toutefois aussitôt décrié par les spectateurs sur la toile pour copier honteusement Totally Killer… en beaucoup moins bien. Pourtant, Time Cut s’avère avoir été réalisé avant son rival (en 2021, soit un an avec Totally Killer), mais a traîné en post-production, obligeant le film à sortir bien plus tard que prévu. En effet, tandis que Time Cut a démarré son tournage au printemps 2021, en pleines mesures Covid, pour ne présenter le résultat final que 3 ans et demi plus tard, la faute au chamboulement qu’a subi l’industrie du cinéma ces dernières années, Amazon Prime Video a réussi la prouesse de tenir ses délais de tournage et de production face au géant Netflix, en sortant Totally Killer un an et demi après le début de sa production.

L’héroïne badass de Totally Killer, prête à en découdre.

S’étendre à outrance sur les similarités des deux métrages pour leur trame ne serait faire justice à aucun d’eux, mais comment passer outre l’incroyable ressemblance entre les deux masques des tueurs (sosies de Johnny Bravo) ? L’association était inévitable, et fatalement au détriment de celui qui allait sortir « en second », accusé d’être une copie, voire pire : un « remake » comme certains iront dire. Et par extension, « un mauvais remake » (d’après les critiques des internautes), dans la lignée de ce que le public reproche en constance à Netflix :  copier des œuvres originales sans être capable d’en extraire la moindre substance ou consistance. Et bien que tourné avant Totally Killer, Time Cut fait finalement pâle figure, la faute à un potentiel sous-exploité et une timidité dans les actions, malgré la richesse de l’idée principale. N’omettons pas au préalable de rappeler qu’en 2017, Happy birthdead 2 avait déjà joué sur l’idée de mêler Retour vers le futur à Scream, pour surfer sur les failles temporelles et les lames dangereusement aiguisées.

Pas de cadeau pour les donzelles de Time Cut

En tant qu’œuvres respectives et isolées, parlons du contenu des deux métrages indépendamment. Totally Killer mixe l’humour et l’action, avec quelques marques gores bienvenues dans le slasher, avec à son palmarès des meurtres réjouissants et sanglants. Le comique de situation est évident, et se souligne dans des répliques certes attendues, mais toujours efficaces, comme lorsque l’héroïne se rend au commissariat et annonce : « Bonjour, je viens vous signaler un meurtre qui n’a pas encore été commis » . Années 80 obligent, avec qui plus est le décor d’une fête foraine en toile de fond, le film offre le luxe d’être très coloré, rythmé et fun, les allusions et références étant toutes savoureuses (dont celle à l’enviable immortalité de Michael Myers). Le film se déroule même le soir d’Halloween. Le tueur, quant à lui, affublé d’un look irrésistible (créé par Tony Gardner, maquilleur et responsable SFX sur la saga Chucky notamment), a la dose chargée en barbarie (il tranche à 16 reprises les jeunes filles de 16 ans, d’où son surnom de Sweet sixteen killer). Il ne posera son poignard qu’à un seul moment, pour se saisir d’une faux, pour un empalement en bonne et due forme. Son traitement est efficace, laissant place à quelques belles surprises. Totally Killer porte en fait bien son nom, et répond assurément à la promesse d’un bon moment télé pour le spectateur. Côté casting, notons au passage la présence de Liana Liberato (Scream 6) et Lochlyn Munro (Scary Movie, Freddy vs Jason).

Totally Killer, un slasher multi-générations.

Time Cut, quant à lui, garde l’idée de l’immersion dans l’époque avec un recours aux vêtements, styles, gadgets et bande-son typiques du début des années 2000, tous très hauts en couleurs. Un point agréable qui aide à la crédibilité, bien que la légèreté soit de mise (aucun des deux films ne cherche d’ailleurs réellement une explication scientifique censée aux machines à remonter le temps respectives). À contre-courant justement, Time Cut essaye par-delà ce voyage temporel d’inonder sa trame de drame, là où la comédie décalée aurait été préférable. L’héroïne se pose par exemple légitimement la douloureuse question de savoir si sauver sa sœur ne va pas tout simplement l’empêcher d’exister elle-même, ses parents n’ayant eu idée de la concevoir que pour avoir justement perdu son premier enfant après ce meurtre. Et là où il y avait un véritable virage vers une dimension somme toute sérieuse, la jeune fille décide finalement de sauver sa sœur et de rester en sa compagnie dans le passé pour profiter d’une vie bien plus riche que dans son époque. Il s’agit là d’une des (trop) nombreuses aberrations et facilités auxquelles se prête le film, jamais prêt à assumer sa dimension trash (voir la coupure nette lors du coup de faux, ou le montage hyper censuré du meurtre à l’escalator) ou directive (on se sent davantage dans une production timide de Disney qu’en présence du nouveau fruit des créateurs de la trilogie Fear Street, studio éditeur de ce Time Cut).

Time Cut, un slasher édulcoré pour très jeunes ados.

La tristesse du traitement de l’intrigue de Time Cut relevant aussi beaucoup du casting très Disney Channel, renforcé par le côté « années 2000 » qui accentue un peu plus le néant. Madison Bailey (pourtant déjà à l’affiche d’un épisode de Creepshow et American Horror Stories) et Antonia Gentry relèvent du pur produit édulcoré Netflix, davantage que de survivors de slasher movie. Le casting complet n’est qu’un amas de têtes à claques sans âme ni vraie personnalité. Un film adressé à de tous jeunes ados, finalement. Et ce ne sont pas les idiotes références dans les noms des personnages (Sherif Myers, adjoint Craven) qui viendront relever le niveau. Dommage, surtout après avoir assisté à une scène (finalement la seule valable) qui semblait mettre les pieds dans le plat, avec l’intrusion du tueur dans une centre commercial après sa fermeture, et s’attaquant à un personnage fan d’American Psycho en lui tranchant la gorge avec le DVD du film ! Time Cut aurait gagné à ne pas rester si prude et timide dans sa trame et en pimentant un peu l’ensemble avec la dérision et l’ardeur qu’implique ce type de métrage. En ôtant le fun et l’acidité d’un slasher, il ne reste qu’un étalage de promesses non tenues.

Double dose de slasher, selon vos envies, sur Amazon Prime Video et Netflix !
TOTALLY KILLER, UN FILM DE Nahnatchka Khan, USA, 2023
● les + : un film qui n’a pas peur de l’auto-dérision, et qui distille son humour pour calfeutrer intelligemment les quelques baisses de régime.
● les – :
un tueur certes prolifique et barbare, mais qui aurait gagné à agrémenter son arsenal.
● la meilleure séquence :
l’attaque dans le chalet, diablement rythmée.
● La pire scène :
la révélation de l’identité du tueur n’est peut-être pas des plus mémorables…
Verdict : *****
TIME CUT, UN FILM DE HANNAH MACPHERSON, USA, 2024
● les + : un bond dans le temps qui rendra vieux la génération 2000 🙂
● les – :
des meurtres hors champ ou coupés avant l’action, un casting PAUVRE ET ennuyeux, et des intrigues qui cèdent à la facilité la plus élémentaire, voire la plus grossière.
● la meilleure séquence : L’attaque dans la boutique de vêtements, rare moment de suspense et de fun.
● La pire scène :
LE FINAL IDIOT, parmi plein d’autres séquences inconsistantes.
Verdict : *****
Envie de + de voyages temporels ? Direction Happy birthdead 2 !
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sans oublier les tueurs fous du cinéma de genre dans Génération croquemitaines : les ancêtres et descendants de Michael Myers !

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