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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : VENDREDI 13 CHAPITRE 6, JASON LE MORT-VIVANT (1986)

À surfer sur la vague des slashers d’été, il était impensable de ne pas faire une petite virée du côté de Crystal Lake, pour l’une des meilleures épopées sanglantes de notre bon vieux Jason Voorhees. Vendredi 13, chapitre 6 : Jason le mort-vivant, réalisé par Tom McLoughlin en 1986, inscrit en effet le croquemitaine revanchard dans une nouvelle ère, un an seulement après les derniers méfaits de la saga avec le poussif chapitre 5 : Une nouvelle terreur, qui n’avait pas terrifié grand monde.

Entre Jason et son public, c’est le coup de foudre…

Bien que la saga Vendredi 13 ait une notoriété confortable dans les années 80, forte de près d’un film tous les ans depuis les débuts sanglants opérés par la famille Voorhees en 1980 sous l’égide du réalisateur et producteur Sean Cunningham, il faut admettre que les films sortis précédemment (surtout les trois derniers) manquaient considérablement de fun. Les films se suivaient et se ressemblaient beaucoup, sans avoir une réelle attache l’un envers l’autre, ni personnage récurrent remarquable si ce n’est Jason lui-même. Aussi, pour ce nouveau chapitre, très vite mis en chantier, l’opération visait à retenir la leçon de l’échec critique de l’opus 5, et conduire la saga dans une nouvelle direction, ce afin de perdurer face à une concurrence de plus en plus nombreuse, et auprès d’un public toujours plus sévère en matière de slasher movies. Pour cela, les producteurs décident rapidement d’extraire de son sommeil le tueur au masque de hockey (absent du chapitre 5 au profit d’un copycat de sinistre mémoire) pour l’affubler du titre suprême de croquemitaine zombie, lui garantissant de pouvoir revenir encore et encore sur écran sans chercher une explication censée justifiant cette résurrection. Pour cela, le film a la bonne idée de faire revenir Tommy Jarvis, devenu via les deux derniers métrages le seul personnage prédestiné à représenter une menace pour Jason.

Aubaine pour Jason : cette fois, la colo est ouverte !

L’ironie voudra que celui qui ne jure que par la perte de Jason Voorhees s’avérera responsable de son sanglant retour. Au détour d’une scène de profanation particulièrement efficace en suspense et en effets spéciaux, un incident (signe divin ?) provoque l’inverse de que Tommy souhaitait, et ramène à la vie le bourreau au masque de hockey. C’est dans une forme olympique (voir l’irrésistible ouverture du générique parodiant James Bond) que notre croquemitaine s’en retourne à Crystal Lake pour perpétrer une nouvelle hécatombe comptant très vite de nouvelles victimes. Tommy, quant à lui, le précède afin d’empêcher par tous les moyens son pire cauchemar d’arriver à ses fins. Sur leur route respective, l’espiègle fille du shérif prêtera main forte au jeune louveteau, tandis qu’une nouvelle colonie de petits vacanciers installe ses sacs de couchage autour du lac rebaptisé Forrest Green pour l’occasion.

Tommy et Megan, un duo de charme et de choc.

Scénaristiquement parlant, on a atteint à ce moment les limites de ce qu’un Vendredi 13 pouvait apporter de nouveau, à la différence que ces quelques ingrédients sont cette fois, par le biais de son réalisateur et scénariste Tom McLoughlin (Nuit noire, Vengeance diabolique) sont savamment orchestrés par un recours à l’humour et à un sens du rythme sans temps mort. Tant mieux, puisque ces quelques éléments de l’histoire abordés, le reste s’appuie sur une nouvelle tapée de jeunes monos écervelés aux hormones bouillonnantes, et quelques personnages secondaires à l’issue toute tracée ne servant que de chair à pâtée pour le tueur (une équipe de blaireaux en pleine partie de paint-ball, des flics toujours aussi dignes de la profession telle que dépeinte dans les films d’horreur, et des vacanciers égarés en mal de sensations fortes qui ne vont, sur ce point, pas être déçus du voyage). Les vraies surprises ne reposeront donc pas sur les personnages mais sur les situations, mêlant pastiche et vraies scènes de frousse, le tout aidé par des effets visuels bluffants et d’une grande fraîcheur, signés par l’équipe de Brian Wade (Les dents de la mer 3, Freddy 4, Terminator, Gremlins 2) et du propre frère du réalisateur : James McLoughlin (Le sous-sol de la peur, Le Cercle, Land of the dead, Wolf Man 2025). On notera pêle-mêle le double assassinat dans un van lancé à vive allure, les apparitions terrifiantes de Jason à une innocente petite fille sur le camp, et l’affrontement final tout feu tout flamme entre Tommy et Jason sur le lac, parmi d’autres excellentes scènes du film.

Y’a pas que Freddy qui donne des cauchemars…

Cette pincée d’énergie, dont on sent de grandes inspirations du mythe de Frankenstein, fait de ce Vendredi 13, chapitre 6 l’un des meilleurs opus d’une saga jusque-là assez formatée et redondante, rendant ici les inévitables clichés du genre particulièrement réjouissants. On attend dès lors avec impatience la prochaine mise à mort en cueillant au passage les clins d’œil disséminés ça et là pour le spectateur averti (les personnages interagissant par exemple en pleine conscience d’être dans un contexte de film d’horreur, ou la fillette criant qu’un monstre essaye de la tuer dans son sommeil et qui s’appelle Nancy en référence directe aux Griffes de la nuit et à Freddy que Jason rencontrera dans un futur film). La force du film repose aussi sur le choix du cascadeur de choc C.J. Graham dans le rôle de Jason Voorhees, bien que le rôle a d’abord été tenu par Dan Bradley (Spider-man 2 et 3, Independance Day), un membre de l’équipe technique. Bradley, qui apparaît à l’écran dans la scène du paint-ball, a après son premier jour de tournage été considéré comme trop massif pour jouer un mort-vivant, et remplacé par Graham pour le restant du film. Ce qui explique la différence de gabarit entre le Jason de cette séquence heureusement couverte de second degré, et celui du reste du métrage, plus athlétique. Autre marque d’ironie : C.J. Graham ne sera même pas crédité dans le film en tant que cascadeur, effectuant pourtant toutes celles de son personnage, et ce jusqu’à la séquence en toute fin de film où le tueur est cerné par les flammes.

Jason Voorhees, la classe avec une machette.

Jason le mort-vivant est donc un film décomplexé, riche et rythmé, marquant l’apothéose du parcours de Jason dans la saga Vendredi 13. Devenu un personnage à part entière et non une vile menace frappant dans l’ombre, le tueur au masque de hockey gagne en popularité, se hissant presque au rang de Freddy Krueger dans l’inconscient collectif de l’époque. C’est même cette énième résurrection du personnage qui contribuera au retour de Michael Myers dans le futur Halloween 4 de 1988, la course aux croquemitaines ayant cruellement manqué à celui par qui tout a commencé. Au jeu de la célébrité toute légitime de Jason Voorhees dans les charts, la production se tournera même vers Alice Cooper pour le titre The man behind the mask, devenu, comme le film d’ailleurs, un titre culte bien après sa sortie dans les hits parade en 1986. Aux accents rock de cette chanson s’entremêle le légendaire effet sonore « Ki-ki-ki-ma-ma-ma » du compositeur Harry Manfredini, résonnant toujours comme l’essence-même de la saga Vendredi 13 et représentant la menace perpétuelle qu’est Jason Voorhees. Ce sixième opus prend à revers certains des incontournables éculés jusqu’à la moelle que le slasher oblige, décevant certains aficionados adeptes des effusions de sang ou de la nudité féminine. Car ici, on est davantage en présence de prouesses graphiques voire techniques que de gore et jeté de tripailles. Comme quoi cet opus équilibre l’usage de la comédie teen à une réalisation un temps soit peu plus adulte qu’à l’accoutumée. L’humour en lui-même, plutôt que n’être une succession de gags insipides, relève davantage de l’auto-parodie portant un vrai regard sur elle-même, à contre-courant de ce que les épisodes précédents ont apporté à la franchise, pour mieux jouer de ses propres fondements.

Avec Jason, les ados en prennent plein la tête !

Au casting, l’interprète de Tommy Jarvis du précédent métrage, John Shepherd, devenu un fervent catholique pratiquant, laisse place à Thom Mathews, tout juste rescapé du Retour des morts-vivants. Apportant au personnage de Tommy le mélange de la paranoïa enfantine dépeinte dans l’épisode 4 et les délires pathologiques de l’épisode 5, le résultat mène toutefois à un anti-héros pas toujours convaincant pour le rôle-titre car peu charismatique et affublé d’une épaisse couche de lourdeur scénique. Heureusement, on note à ses côté la facétieuse Jennifer Cooke (série « V » ) et des rôles secondaires sympathiques (Kerry Noonan qui semblait presque être une final girl, Tom Fridley et ses interventions irrésistibles). Avec ce sixième opus, la franchise s’empare du fantastique pour s’accaparer le public de Freddy, désormais plus que jamais le principal ennemi de Jason dans la course aux dollars. Bien que rafraichissant au sein d’une saga enlisée dans son éternel même schéma cabalistique, et pourtant agrémenté de plusieurs critiques positives saluant l’auto-parodie et le ton général du film, Jason le mort-vivant n’a malheureusement pas réussi à renouer avec les excellents chiffres des premiers épisodes, poursuivant l’essoufflement de la saga au box office mais n’empêchant pas la mise en chantier d’un septième opus plus motivé que jamais à étancher sa soif de fantastique.

Tommy Jarvis contre Jason, l’affrontement final.
VENDREDI 13, CHAPITRE 6 : JASON LE MORT-VIVANT
(FRIDAY THE 13TH, PART 6 : JASON LIVES),
UN FILM DE TOM MCLOUGHLIN, USA, 1986
les + : un épisode sous adrénaline qui redonne de l’énergie et signe un nouveau départ endiablé et doublement fantastique pour son croquemitaine superstar.
les – : quelques lourdeurs scénaristiques relatives à son époque, et un héros qui peine un peu à convaincre.
meilleures scènes du film : l’ouverture parodique du générique, la résurrection de Jason, tous les meurtres et surtout les apparitions cauchemardesques de Jason À la petite fille du camp de vacances.
pire scène du film : le meurtre du shérif peut-être un chouilla too much.
VERDICT : *****

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