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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : MASSACRE AU CAMP D’ÉTÉ 3 (1989)

Les années 80 ont vu naître des fleurons en guise de slashers, de vénérables essais gagnants qui ont permis au genre de s’illustrer vaillamment sur sa période de gloire. Bien entendu, ces pépites ont réussi à briller à travers des exercices moins glorieux, torchés à la va-vite pour surfer sur la vague facile de cette lucrative mode cinématographique. Dans le cas de Massacre au camp d’été, nous avons tout ça à la fois, avec un premier opus mémorable par son univers faisant mine de n’être qu’un Vendredi 13 de plus, mais qui dépeint une noirceur et un contre-courant via un twist final pas piqué des hannetons, l’élevant au statut de culte légitime et éternel. Si une suite était évidente au vu du succès du premier film, elle n’en aura pas moins été un pied de nez visant à user de ce succès, qu’une réelle séquelle dans la mouvance du film original. C’est lors du tournage de ce 2e opus, débridé et assumé, que s’est dessinée l’idée d’un 3e chapitre, tourné dans la foulée, toujours par Michael A. Simpson, et avec Pamela Springsteen dans le rôle de la démente Angela (clamant un haut et fort « Angela is back » via un tag géant après moins de quatre minutes de bobine et un meurtre déjà bien gratiné à grand coup de camion-benne). Un générique rock’n roll plus tard, et l’immense farce peut continuer, en l’espérant aussi drôle que dans le film précédent. Angela rejoint le camp de vacances, affublée d’une perruque et d’une nouvelle identité, pour perpétrer une nouvelle série de meurtres barbares et déjantés.

On prend les mêmes et on recommence, dans la joie et le sang…

En route pour le camp New Horizons, ex-Rolling Hills de l’épisode 2, lui-même ex-camp Arawak du premier film. Angela devient Maria Nicastro, membre de la communauté du camp dite « pauvre » (mêlée au groupe des « riches », l’objectif du camp étant de mélanger des groupes sociaux pour une parfaite harmonie et illustration de l’Amérique d’aujourd’hui), mais toujours désireuse de « punir » les campeurs qui ne répondent pas aux standards de la politesse, la vertu et les bonnes manières. Par extension, toute personne lui faisant l’affront d’insulter ces codes disparaîtra dans d’atroces souffrances (une journaliste éradiquée avec des produits d’entretien en guise de coke par exemple). Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, tous les membres du camp finiront par décevoir Angela au point de subir les pires outrages. Reste au film de se montrer à la hauteur en présentant des meurtres assez originaux pour maintenir le cap sur un scénario complètement calqué sur l’épisode 2. Il faut dire que la production de ce Massacre au camp d’été 3 a été lancée seulement trois jours après la fin du deuxième épisode, usant des même décors, ravalés à la va-vite pour créer l’illusion qu’un an s’est déroulé depuis les derniers événements. Sous sa perruque, Pamela Springsteen enchaîne avec dextérité l’exercice de bourreau nouvelle génération, comme l’aurait fait Freddy Krueger dans sa saga des Griffes de la nuit. Le tout en 15 jours de tournage, une prouesse technique qui servira plus aux affaires des producteurs mal intentionnés qu’à l’intégrité de la saga pour perdurer.

Une suite qui fait trop référence aux ordures pour ne pas y finir elle-même.

Le casting du film, peut-être un chouilla trop âgé pour représenter des jeunes de 17 ans, joue sur le tableau des clichés absolus des genres qu’il est censé représenter, des blacks de cité adeptes de la bataille au couteau, aux archétypes de la jeune nympho fondant devant les yeux ténébreux du latino, en passant par tous les cas sociaux de la haute branche de Malibu ou du fin fond du Kentucky. N’omettons pas le couple de seniors gérant le nouveau camp (une insupportable cheffe de meute sous prozac et un petit vieux bien lubrique), soutenu par l’aide d’un flic, père d’une des victimes du camp de l’année précédente, risquant à tout moment de reconnaître Angela. Celle-ci étant cette fois une campeuse et non une monitrice, elle ne peut user de la moindre autorité et subit d’autant plus les moqueries des autres filles. Elle usera de tout ce qu’elle peut pour s’adonner au meurtre facile, qu’il soit perpétré avec une branche d’arbre, un pétard ou une tondeuse. On regrettera toutefois qu’une recherche n’ait pas davantage été accordée à ces mises à mort, puisqu’elles représentent la seule véritable raison de se farcir à nouveau 90 minutes des aventures d’Angela Baker. Restent quelques moments sympathiques, notamment dans les dialogues (une mention au samedi 14, ou un échange sur les aptitudes d’Angela à manipuler une hache).

Ça n’en finira donc jamais ?

Le film s’amusera à nouveau à user de quelques mentions au cinéma, citant Autant en emporte le vent dans la même scène que E.T. et Rambo III, mais jouant avec les genres via l’adresse de la maison du film Les griffes de la nuit sur la plaque du camion benne du début du film, ou avec les noms des personnages en s’inspirant notamment de West Side Story. Le film, après avoir rameuté la sœur de Bruce Springsteen, ajoutera à la saga la petite sœur de Melanie Griffith : Tracy Griffith (Skeeter), qui joue ici la jeune Marcia et qui avait un temps été considérée pour reprendre le rôle d’Angela Baker ! Son visage jugé trop ingénu ne lui offrira que la voie vers cette interprétation malheureusement sans réelle saveur. On retrouve également quelques visages plus ou moins marquants dans le film, tels que le beau gosse Mark Oliver (V/H/S Viral) ou  le farfadet Michael J. Pollard (La maison des 1000 morts, Skeeter, Fantômes en fête). Le plus grand regret reposera surtout sur le manque de profondeur accordé au personnage principal d’Angela, qui aurait gagné à s’émanciper autrement que dans le meurtre foireux. Le potentiel de Pamela Springsteen ne trouvera malheureusement pas issue dans ce film trop rapidement mis en boîte pour convaincre. Il n’y a qu’à voir la bêtise qui émane de l’affrontement avec le flic, ou dans l’épilogue encore une fois bâclé et d’une pauvreté affligeante. Fort d’un bodycount de 16 nouvelles victimes, le film souffre d’un besoin inconditionnel d’idées pour ces mises à mort, sans doute trop motivé par le 2ème film, prouvant que le scénariste Michael Hitchcock (alias Fritz Gordon) avait trop d’élucubrations pour un seul film, mais incontestablement pas assez pour deux. À trop vouloir étaler la confiture, le résultat finit bien pauvre en saveur. La mascarade prend fin. Dommage…

Angela sert les brochettes saignantes…
MASSACRE AU CAMP D’ÉTÉ 3 (SLEEPAWAY CAMP III : TEENAGE WASTELAND), UN FILM DE MICHAEL A. SIMPSON, USA, 1989
● les + : un film qui va à fond dans son délire, aidé par une actrice principale motivée et des meurtres bien barrés
● les – :
on baisse d’un cran niveau intérêt, folie et surtout crédibilité, déjà bien entachée dans le second épisode…
● la meilleure séquence du film :
l’énorme scène d’ouverture avec le camion poubelle.
● Les pires scènes du film :
des meurtres hors champ sans relief, et surtout une fin encore une fois dénuée de tout intérêt…

Verdict : *****

POUR REMETTRE LES PENDULES À L’HEURE,
RETROUVEZ LA CRITIQUE DES PRÉCÉDENTS OPUS DE LA SAGA :
MASSACRE AU CAMP D’ÉTÉ (SLEEPAWAY CAMP), 1983

MASSACRE AU CAMP D’ÉTÉ 2 (SLEEPAWAY CAMP II : UNHAPPY CAMPERS), 1988

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