ZESHAPEHALLOWEEN

L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

HALLOWEEN : LA MALÉDICTION… DU DOUBLAGE FRANÇAIS

Il incombe au public de choisir de voir un film étranger en version originale ou doublé en français. La différence notable étant que le doublage réduira (car il l’améliore rarement, soyons honnêtes) la spontanéité et le naturel des dialogues d’origine. L’exercice ne visant qu’à soulager le public basique de devoir lire des sous-titres pendant le visionnage, il peut toutefois s’avérer maladroit, voire fatal, pour un métrage. Retour sur les erreurs, malaises, voire désastres que les doublages ont opéré dans les éditions françaises, belges et canadiennes des films de la saga Halloween.

« Judith ! Euh non, Suzanne ! … qui que vous soyez ! »

LA NUIT DES MASQUES : HALLOWEEN POUR LES NULS

Dès le film original, les transformations effectuées sous la houlette du doublage français sont flagrantes. La fête d’Halloween n’étant pas forcément populaire pour le public français à la sortie du film en mars 1979, les distributeurs auront donc non seulement changé le titre en La nuit des masques (en écho principalement à La nuit des morts-vivants de Romero), mais ajouteront via une voix off en tout début de métrage des explications sur ce qu’est Halloween, en comparant cette fête traditionnelle outre-Atlantique à notre Mardi-gras national. Le terme Halloween n’est d’ailleurs pas cité dans le film, remplacé astucieusement par « veille de la Toussaint » à chaque reprise.

LES PRÉNOMS FRANCISÉS OU TRANSFORMÉS MYSTÉRIEUSEMENT

Parce qu’il n’était pas plus habituel pour le public de l’époque de se familiariser avec des coutumes locales qu’avec des prénoms étrangers, la France est allée jusqu’à remplacer les prénoms des personnages, parfois de manière très surprenante. Judith devient Suzanne, et Michael Myers devient Michel Meyer, ce qui fait encore doucement rire aujourd’hui. A noter que cette tendance de franciser les prénoms américains a dépassé la saga en faisant de Regan McNeil de L’Exorciste une Régine de sinistre mémoire, sans oublier le cultissime Jacky à la place de Jason dans la bouche de madame Voorhees dans le premier Vendredi 13. Des prénoms qui n’ont pas de quoi faire de Jason Voorhees et Michael Myers et de terrifiants croquemitaines. Merci Jacky et Michel !

Loomis évoque Laura et personne ne sait de qui il parle…

MICHAEL MYERS DANS TOUTES LES BOUCHES

Le Michel Meyer du premier opus étant redevenu Michael Myers dans Halloween II, ses années d’absence auront tout de même un impact dans Halloween 4 lorsque Loomis, qui rebaptisera dans la foulée Laurie Strode en Laura Stroder, nomme Myers d’une toute nouvelle manière. Michael devient Michaël (prononcé mikaɛl [Mi-ka-ël] au lieu de majkœl [Maï-koeul]), re-francisant étonnamment et sans raison logique le prénom du croquemitaine. Dans Halloween 20 ans après, dans la version française, nouveau changement : Michael Myers devient Michael Meyers (soit [Mè-ïeurs] au lieu de [Ma-ïeurs]), de la bouche de la police au début du film ou de John Tate quand il ravive les souvenirs de sa mère Laurie.

On tire la même tronche devant le doublage français d’Halloween 5

HALLOWEEN 5 : LE CIRQUE DÉVASTATEUR

S’il y a bien un métrage qui n’est pas gâté avec son doublage français, c’est bien Halloween 5. De la petite Jamie dont la voix ressemble à celle d’un hamster qu’on presse de plus en plus fort dans la paume de sa main aux élucubrations nauséeuses des policiers durant tout le film, on frôle les sommets du mauvais goût. En effet, le corps policier s’évertue à ponctuer de vannes affreuses et gratuites chaque temps mort censé contribuer au suspense dans la version originale (Myers qui tombe dans la vieille mine au début du film avant l’explosion à la dynamite, les échanges scabreux entre officiers à la fin dans la commissariat avant l’attaque de l’homme en noir…). Cette particularité française est fort regrettable, puisqu’elle n’apporte aucun élément tangible et dénature au contraire l’effet originel voulu par le réalisateur et la production. Mais n’omettons pas d’appuyer non plus les interventions ringardisées au possible de la plupart des personnages dans le film, du duo de policiers surveillant Tina à la vieille ferme, à Samantha criant « Un deux trois soleil ! » comme si elle avait 12 ans, en ne respectant en tous les cas aucunement les dialogues d’origine, poussés de façon bien moins enfantine et résolument plus sérieuse. Les exemples ne manquent pas : de Mickey dont on remplace le « Trick or treat » par « J’vais t’labourer ! » à l’embarrassant passage de la « grosse femme aux gâteaux » de Loomis pour « The cookie woman ». Notons pour finir le prude et pathétique « Je vais t’enfourcher ! » lancé par Samantha à Myers au lieu du « You son of a bitch ! » original bien plus percutant.

« J’vais te labourer ! ». Impayable…

CANADA, TON UNIVERS (IM)PITOYABLE

Si Halloween 6 ne brille pas de par le monde pour son scénario des plus fluide, la notoriété du métrage de 1995 rencontrera grande souffrance à travers le doublage québécois édité également dans le DVD belge au début des années 2000. Si les dialogues perdent encore en impact après un doublage français déjà assez réducteur comparé à la version originale, ce doublage du Grand Nord perpétuera la magie des phrases françaises ponctuées de la consonance américaine des noms et prénoms, Tommy appelant même Michael Myers « Mike » lors de ses échanges radio avec Barry Simms. Mais la vraie pépite canadienne consistera en la VFQ qui donnera surtout de la voix à Michael Myers lui-même ! L’affublant de grognements d’ours en rut là où le film original lui prêtait une lente et inquiétante respiration sous son masque, le bourreau d’Haddonfield en prend pour son grade, dénaturant tout le potentiel de ses actions dans le film. À se demander si les responsables de ce doublage croyaient vraiment en la crédibilité de leur travail.

Comme Kara, on se cache face au doublage québécois d’Halloween 6.

BIS REPETITA, MAIS JAMAIS PAREIL

L’ultime affront prouvant le peu d’intérêt porté par les doublages de films, c’est la référence faite à d’autres films par des tirades censées être un rappel à l’oreille, un clin d’œil pour les fans. La réplique « Everyone’s entitled to one good scare » lancée par le shérif Brackett (Charles Cyphers) à Laurie dans le film original est devenue culte pour les fans américains, au point d’en faire une référence dans Halloween 20 ans après et dans Halloween Kills. Dans le film original, cette réplique est traduite en français par : « On a tous le droit de se flanquer la frousse ! » . Dans H20, c’est Norma (Janet Leigh) qui adressera cette phrase à Laurie, mais traduite différemment par les doubleurs, anéantissant la référence pour le public non averti « On a tous droit à une bonne petite frayeur ! » . Idem dans Kills, lorsque Brackett ressortira sa phrase-clé à un Myers désabusé. Le spectateur français passera complètement à côté de la ref, la phrase ayant été traduite par « Tout le monde a droit à une bonne frayeur » . Dommage.

« Everyone’s entitled to one good scare ! »

Au Suivant Poste

Précedent Poste

Poster un Commentaire

trois + quatorze =

© 2025 ZESHAPEHALLOWEEN

Thème par Anders Norén