Il aura fallu vingt ans pour que la version originelle d’Halloween 6, tournée en novembre 1994 à Salt Lake City, puisse enfin sortir officiellement dans les bacs. Cette version, appelée Producer’s cut, est depuis toujours la version alternative à l’Halloween 6 qui est sorti dans les salles et en vidéo à travers le monde. Quasiment tout le monde en connait l’existence, en a vu certains extraits, ou a pu visionné les nombreux montages pirates qui circulent sur internet. Grâce à Scream Factory, Halloween 6 : Producer’s cut a été édité en partenariat avec Anchor Bay dans le coffret 15 blu-rays de l’intégrale de la saga en septembre 2014, avant de devenir à son tour un objet de culte, épuisé depuis longue date, et revendu sous le manteau à des prix astronomiques. Dans une interview accordée au site halloweendailynews, le scénariste Daniel Farrands a exprimé son immense soulagement à l’édition tant attendue par les fans (et par lui-même) de cette version inédite du film, régulièrement rééditée dans les bacs US dans une édition de disque unique.
« Cela fait vingt ans que je me bats pour ce film. J’ai signé toutes les pétitions, j’ai passé tous les coups de fil possibles pour sortir cette version de la tombe. J’ai d’abord pensé que c’était un problème d’égo de la part des studios qui ne voulaient pas éditer cette version du film car ça aurait été admettre qu’ils ont commis une erreur et que cette version-là du film était bien meilleure que celle qu’ils ont choisi de distribuer. Pendant de nombreuses années, c’est vraiment les difficultés que je croyais devoir affronter. Les studios ne voulaient juste pas reconnaître qu’il existait une autre version. Nous étions encore à l’époque très loin du temps des montages alternatifs et autres Director’s cuts. Puis les droits du film ont changé de propriétaires. Miramax appartenait à Disney à l’époque où le film était tourné, et avec les années, Disney n’avait vraiment pas la tête à se pencher sur un Halloween 6 bis. Disney n’a d’yeux que pour Aladdin et leurs autres franchises. Des choses comme éditer une version alternative d’Halloween 6 ne les intéressait tout simplement pas. J’ai passé des années à essayer de créer des ouvertures avec eux, mais cela ne m’a mené nulle part. Puis Echo Bridge a pris en charge Halloween 6, et ça a été la fin de la tourmente. Le film arrêtait de passer de mains en mains, et ça a été l’occasion de prendre contact. L’an passé, mon ami Brian Collins m’a prévenu qu’il organisait une projection d’Halloween 6 au cinéma New Beverly à Los Angeles, et tenait à ce que je participe à l’événement. Je lui ai alors demandé pourquoi il ne diffusait pas plutôt la version Producer’s cut, lui garantissant qu’il en existait au moins une copie officielle, puisqu’elle venait d’être rachetée par Echo Bridge. J’ai passé des appels à Malek Akkad pour le convaincre de mettre la main sur cette copie et nous permettre de la diffuser dans cette salle ce soir-là. Les ventes pour cette projection spéciale s’est faite en une seule journée. Au final, tout le monde se rendait compte que nous avions entre les mains quelque chose d’unique. Je sais que certains fans de la saga toute entière considèrent cette version que le Graal de la série Halloween. Je savais depuis le printemps dernier que ce coffret allait être édité, et je devais garder ça secret. On m’a confié très tôt que la version Producer’s cut allait en faire partie. Cela faisait quelques temps que la copie était retravaillée dans un laboratoire de Toronto. Il y a eu de gros problèmes avec le son, plus que pour l’image, mais le résultat est spectaculaire. C’est pour moi une version bien meilleure, rien que pour son rendu. Elle est plus colorée, plus profonde, les sons sont meilleurs. C’est comme un autre film à part entière. Alors bien sûr, aucune des deux versions n’est réellement celle dont j’ai écrit le scénario à l’origine, mais la version Producer’s cut en est bien plus proche, et elle prend tout son sens, qui plus est quand on la compare à la version salles. Et personne ne pourra s’empêcher de le faire, de toutes manières. J’ai été très blessé à l’époque, de voir le film prendre les proportions qu’il a pris, à cause de mauvaises décisions et de batailles entre producteurs, mais je suis malgré tout reconnaissant envers Moustapha Akkad. On m’a donné ma chance d’écrire un Halloween, de mettre à profit toute mon énergie pour donner naissance à un film. Ça a été le début de ma carrière, on m’a offert l’occasion de faire ce que j’aime. Comment ne pourrais-je pas en être reconnaissant ?«
