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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : LA REVANCHE DE PINOCCHIO (1996)

La Revanche de Pinocchio n’est pas un détournement horrifique du dessin animé de Walt Disney. Ne vous attendez pas au même traitement avec un Dumbo possédé ou une Blanche-Neige morte-vivante. Pinocchio est un personnage issu d’un conte vieux de 1881. Il y a eu maintes adaptations de toutes sortes, surtout dans le registre enfantin. Cette fois-ci pourtant, le personnage présente une facette bien différente et devient l’objet du mal, pantin d’une malédiction que certains relieraient un peu trop vite à la poupée Brave-Gars de la saga Chucky.

L’ami de Zoé est loin d’être imaginaire… mais les méfaits qu’il semble commettre sont-ils bien réels ?

Sous ses allures de téléfilm canadien et derrière certaines facilités scénaristiques regrettables, La Revanche de Pinocchio est une alternative intéressante des slashers qui renouent avec les peurs enfantines. Le côté sombre de Pinocchio y est dépeint, et derrière les mensonges qui sont censés lui faire pousser le nez se cachent des actes dangereux et malsains. Lié à une petite fille, le pantin laisse libre court à ses penchants sadiques, et la mise en scène poussive donne finalement d’autant plus de doutes au spectateur. Est-ce Pinocchio ou la petite Zoé qui fait du mal à son entourage ? Les sévices sont d’abord timides, Pinocchio n’est qu’un vicelard reluquant la baby-sitter sous sa douche. Puis il met un bâton dans les roues du vélo d’une camarade de classe de Zoé qui manque de passer sous un bus. Le vice s’étend lorsque Zoé entend la voix de Pinocchio lui indiquer ses sombres intentions. La camarade de l’école de Zoé, le nouveau compagnon de sa mère, la baby-sitter, le psychiatre… Toutes les personnes qui font partie de la vie de la petite fille courent un grave danger. Nouveau créneau de doute, Pinocchio s’anime lorsqu’il parle, et après avoir promis à Zoé monts et merveilles, il sème la confusion dans l’esprit de la fillette, l’accusant d’être à l’origine de tous les accidents qui se produisent.

Ce qu’on voit à l’image est-il vraiment la réalité ?

L’histoire en soi est donc suffisamment bien ficelée (n’y voyez aucun jeu de mots) pour maintenir un certain suspense et conduire le spectateur à se poser la question de qui est le coupable dans ce film. Dommage que le reste ne suive pas, et que les éléments concrets à se mettre sous la dent sont minces. Ce qui se dégage donc avant tout dans le film, c’est une interprétation épouvantable, et un sens du drame exagéré. Un câble respiratoire débranché et une attaque au tisonnier seront finalement les seuls méfaits du pantin diabolique. Survient le final où la confrontation entre la mère avocate, la fille effrontée et la marionnette indépendante ressemble effectivement trop à celui de Jeu d’enfant (aka Child’s play, premier opus de la saga Chucky) pour se démarquer (à noter que certaines séquences ont été tournées avec Verne Troyer [Mini-moi dans les Austin Powers] dans sous le costume de Pinocchio). De cette petite revanche, on retiendra des coups de couteau à travers une porte en carton, une blessure à la main aussi redoutable qu’un ongle cassé, et un méli-mélo scénaristique visant à faire du film une descente aux enfers psychologique qui ne fera pas trembler grand monde. L’intention du réalisateur était d’appeler son film Le Syndrome de Pinocchio et non La revanche de Pinocchio, pour souligner cette allégorie psychologique laissant place à l’interprétation des méfaits commis dans l’imaginaire (ou non) de la petite fille.

On est loin de la poupée Chucky, mais l’idée est légitime.

La Revanche de Pinocchio sera finalement une variante intéressante du mythe mais pas assez originale et percutante pour marquer les esprits. Toutes les ficelles ont beau se délier en fin de métrage, le doute sur l’identité du tueur subsistera au-delà du générique. Bourré de bonnes idées et de nombreuses références au conte d’origine (la fée bleue, les mensonges et le criquet en guise de conscience), le film n’arrive malheureusement jamais à être à la hauteur des éléments qu’il tenait si profondément à mettre en place.

LA REVANCHE DE PINOCCHIO (PINOCCHIO’S REVENGE)
UN FILM DE KEVIN TENNEY, USA, 1996

● les + : Un nouveau regard sur un personnage enfermé dans la guimauve et les idées reçues.
● les – :
Une interprétation dégueulasse et une réalisation bien en deçà des attentes.
● meilleure scène du film :
Zoé poursuivant le pantin dans les rues en pleine nuit, puis voit les phares d’une voiture foncer sur elle alors qu’elle traverse la route. Quand tout le monde croit qu’elle va être percutée par le véhicule, les phares s’avèrent être ceux se deux motos qui contournent Zoé comme si de rien n’était. La séquence a beau n’avoir aucun intérêt à l’histoire, l’effet et diablement réussi !
● pire séquence du film :
À la fin du film, Pinocchio dévoile son potentiel et son couteau. Glaçant. Puis il se met à hurler pitoyablement : « À mort ! Je vais te tuer ! ». Le frisson s’effondre instantanément pour ne jamais revenir.

Verdict : *****

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