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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

Halloween Resurrection : les dessous d’un ratage complet (2/3 : les réactions de Katee Sackhoff)

Il est d’usage de dire que le temps guérit toutes les blessures. Reste à savoir combien de temps saurait panser celles infligées aux spectateurs d’Halloween Resurrection. Si le public n’a jamais été très indulgent à la vue du film (il conserve à ce jour la note de 11% sur rottentomatoes), il est surtout rare d’avoir des retours de personnes éminentes qui feraient preuves d’honnêteté et d’objectivité à l’égard du film. En 2012, lors d’une convention de cinéma qui lui était consacrée, Jamie Lee Curtis est revenue sur l’origine du projet, les dimensions de son implication, et a partagé ses impressions quant au film, qu’elle a défini comme un épisode « malheureux » dans sa carrière, voire même de « blague » dans certaines interviews données depuis. John Carpenter, quant à lui, même s’il n’était pas impliqué dans l’élaboration de ce film, a confié récemment l’atrocité que fut l’expérience de ce visionnage à la télévision. Du côté des producteurs, rien n’a jamais été révélé puisque tous ses sont tournés vers un avenir radicalement différent avec les remakes de Rob Zombie. En quelques sortes, Halloween Resurrection tombait dans l’oubli à la vitesse où tous souhaitaient le faire oublier.

Il y a quelques semaines, toutefois, une actrice du film a fait la surprise de partager en ligne aux fans de la saga et internautes de sa page YouTube, ses réactions à la découverte d’Halloween Resurrection. Il s’agit de Katee Sackhoff, interprète de Jen, la blonde excentrique et délurée dans le film. Le métrage de Rick Rosenthal marque le début de sa carrière, on l’a notamment vu depuis dans la série Battlestar Galactica dont elle a été l’une des révélations, mais aussi les films de genre La voix des morts 2 : la lumière, Riddick, The Mirror (Oculus) et Baba Yaga. D’emblée, comme elle le révèle dans les premières secondes de la vidéo, et c’est ce qui rend l’exercice aussi ludique que palpitant : elle n’a jamais vu le film. Les révélations au sujet de son interprétation n’en seront que plus savoureuses, et, car c’est tout l’intérêt de l’exercice, totalement objectives. Ses notions quant à la saga sont toutefois assez sommaires, l’actrice précisant ne pas avoir vu grand chose de la franchise, situant son film comme étant le neuvième (il s’agit en réalité du huitième). Pour elle, Michael Myers est « le sale type qui tue Jamie Lee Curtis à chaque fois », mais résume de façon assez précise son film par l’immersion de la génération MTV dans la demeure originelle du tueur, équipée de caméras, afin d’en déceler les sombres secrets.

Halloween Resurrection semble tout d’abord éveiller de bons souvenirs à l’actrice. Elle se souvient de ses liens d’amitié avec Tyra Banks, Busta Rhymes et l’actrice principale Bianca Kajlich, et même de Jamie Lee Curtis. Le sacre de la scream queen, elle le revendique presque : « Je hurle comme personne. Et encore aujourd’hui. D’ailleurs, pour Resurrection, bon nombre de mes cris ont été enregistrés et ont servi en doublage pour celui de l’héroïne. Et ça, j’en suis très fière ». Vient alors le moment du lancement. D’emblée, le visage crispé de l’actrice (l’ambiance est bon enfant et prête beaucoup à l’amusement) laisse à penser qu’elle a pleinement conscience de ne pas assister à un chef d’œuvre. Mettant le film sur pause au plan de la poupée dans la chambre d’hôpital de Laurie, elle précise ne pas aimer les films d’horreur, non pas par peur enfantine (l’actrice a une connaissance pointue sur l’impact du genre, pour y avoir contribué plusieurs fois durant sa carrière) mais ne comprend pas pourquoi les poupées éveillent la peur au cinéma, dit ne pas connaître Annabelle, et estime que Chucky n’a rien d’effrayant. Le ton est donné. Et le plaisir de l’exercice n’en est qu’à son tout début. Il suffit de voir la séquence du meurtre des gardiens et l’irrésistible réaction de l’actrice pendant le visionnage. D’abord heurtée par les images, elle met pause pour indiquer sur un ton très concis : « Okay, ce gars meurt quand même super vite », estimant d’après elle que l’égorgement aurait du être accompagné de jets de sang pour être plus crédible. Elément qu’elle accompagne de nombreux détails techniques diablement intéressants (idem pour le meurtre au trépied), et de mises en scène en mode « hyper-realistic ». Une séquence à hurler de rire. Elle n’omettra aucun détail incongru, de la porte défoncée à coup de tête par Myers, du piège et de la réaction idiote de frapper dans le vide avec son couteau, ou du fait qu’il se tienne à la gouttière en soutenant par deux doigts le poids de son corps et de celui de Laurie. Lorsque le film se concentrera enfin sur la partie dans laquelle son personnage apparaît, elle ne sera pas plus tendre avec elle-même, relevant ses élocutions hasardeuses, ses faux rires forcés, ses tics empruntés à Alicia Silverstone (Clueless a été son modèle, comme bon nombre de filles de son âge), sa ressemblance physique avec Brittany Murphy, et bien-sûr le côté « bitch » de son personnage et ses répliques estampillées.

Grimaces involontaires et fous rires, l’exercice est spontané et irrésistible

Lorsque le film aborde la séquence « sexy » du dévoilement du soutien-gorge de Jen, on sent l’actrice contrariée et mal à l’aise. Elle explique alors que cette scène la met hors d’elle car à la volonté du réalisateur et producteur de dévoiler sa poitrine et son soutien-gorge à la caméra, elle avait refusé : « C’était très inconfortable comme situation, et ça n’était pas écrit dans le script. Je n’ai accepté de relever mon haut que sur une très petite ‘surface’. Ils ont filmé le morceau en question, puis m’ont dit « Ok, c’est très bien », mais ils ont filmé le reste de la scène le lendemain avec une doublure. Le plan du soutien-gorge, ce n’est pas moi qui suis dessous. Lorsqu’on m’a dit que cette scène avait été tournée, j’étais hors de moi. Mais ça m’a beaucoup appris sur le métier. Et je me suis promis que plus jamais je ne me ferai avoir avec des pirouettes contractuelles. Ils ont joué avec mon image et mes mœurs. Longtemps on a cru que je m’étais prêtée à ce jeu déjà trop pervers à mon goût. J’ai du me justifier et expliquer à tort et travers que non. C’est très embarrassant. Il est très important pour les actrices de se protéger de ce genre d’abus, car ça n’est bon ni pour elles ni pour leurs carrières ». La doublure en question était qui plus est plus fine qu’elle, sans doute une volonté des producteurs de rendre cette poitrine encore plus sexy. En tous les cas, Katee Sackhoff estime ne pas avoir été traitée avec estime à ce sujet par la production. Notons que son nom sera même mal orthographié dans le générique d’ouverture, mais corrigé pour celui de fin.

Blonde à en perdre la tête ?

La scène de sa mort ne manque pas non plus d’anecdotes, et ne semble pas être un moment dur à revoir : « Je voulais garder la tête. Faire la blague à mes parents, du genre « Qu’est-ce qu’il y a dans la boîte ?! » (façon Seven, NDR), mais ils n’ont pas accepté. De toute façon, il y avait quand même de grosses différences avec moi, comme on le voit sur la photo. La couleur des yeux notamment, mais peu importe ». La décapitation de son personnage ouvrant le bal de plusieurs meurtres à la chaîne dans le film, l’actrice s’amuse à les commenter, s’offusquer, voire s’interroger : « Je me demande si on saigne des yeux dans ce cas-là. Les yeux ne devraient-ils pas sortir des orbites ? ». Le débat est lancé.
Restent les séquences qui ont littéralement scotché l’actrice (« Pourquoi ce type ne meurt-il jamais ? ») et bondit même à l’apparition surprise de Myers dans la maison. Mais le décalage est grand et les rires sont nombreux (la scène du « Surtout ne crie pas », définitivement irrésistible de bêtise, les plans de kung-fu de Busta Rhymes, l’affrontement à la tronçonneuse, Sara coincée sous une platine de 2kg, l’électrocution dans les parties intimes…) mais soulève aussi un point intéressant : le voisinage a l’air très gentil, pourquoi personne ne s’est jamais battu pour que cette maison soit détruite ? De plus, avec tout ce qui se passe dans la maison ce soir-là, personne n’entend les jeunes crier, appeler à l’aide ? Cette bicoque est en bois, pas en fonte ! Et l’incendie, personne ne le voit, personne ne le déclare ? Des interrogations légitimes qui ne font que confirmer celles que tout spectateur est en droit de se poser à la vue du film, qui d’ailleurs laisse un goût plutôt amer à l’actrice si on en juge son visage au lancement du générique de fin.
À vous de vous faire votre propre idée de l’exercice en découvrant la vidéo dans son intégralité.

Troisième et dernière partie de cette analyse en ligne le 11 décembre !

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2 Commentaires

  1. Guillaume 13 décembre 2020

    Très intéressant de voir que Bianca Kajlich a l’air plus sympathique que le personnage qu’elle incarne a l’écran! Justice est rendue!

    • ze shape 14 décembre 2020 — Auteur d'un article

      Tu parles de l’héroïne ou de Katee Sackhoff dont traite l’article ici présent ?

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