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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

Halloween II (1981) : critique exclusive

En 1978, Halloween : la nuit des masques lance la mode du slasher (ces films souvent creux où un tueur masqué s’en prend à de jeunes victimes innocentes), et le genre découle sur de nombreuses copies qui rôdent les spectateurs en matière de films d’horreur. Trois ans plus tard, Halloween II débarque sur les écrans américains, aidé de la notoriété du film de Carpenter et d’une grande campagne publicitaire. Le film, réalisé par RicRosenthal, fait suite directe à La Nuit des Masques, et ce sur un scénario signé John Carpenter et Debra Hill, avec à nouveau Jamie Lee Curtis et Donald Pleasencau casting. Précurseur jusqu’au bout, La nuit des masques va dorénavant livrer la fin de cette terrible nuit d’Halloween où le croquemitaine Michael Myers retourna dans sa ville natale pour perpétrer une série de meurtres effroyables.

Alors que Laurie Strode est conduite à la clinique de Haddonfield dans un état de choc, Michael Myers parcourt les sombres rues de la ville, malgré les six balles de revolver tirées par le Dr Loomis. Ce dernier, hystérique après de telles retrouvailles avec son patient, alerte le shérif Brackett que le tueur court toujours. D’emblée, Halloween II replonge le spectateur dans l’ambiance du final de La nuit des masques, tentant ainsi de ne pas faire baisser la tension. L’action ayant toujours lieu durant la nuit des meurtres, les informations sur les méfaits barbares de Myers se dévoilent peu à peu, faisant naître une psychose dans la ville, doublée d’une colère des habitants contre cette histoire qui reprend après le meurtre de Judith Myers en 1963, et qui avait conduit la ville à connaître une sinistre publicité. Un nouvel accident va semer le trouble dans les esprits, lorsqu’une voiture de police percute un homme masqué qui s’embrase sous les yeux du Dr Loomis avant que ce dernier ait eu l’occasion de confirmer qu’il s’agissait bien de Michael Myers.

Laurie, quant à elle, arrive à la clinique de Haddonfield, tétanisée à l’idée d’être endormie le temps de son hospitalisation (cette réaction fait écho à la peur dcroquemitaine, démon qui hante les enfants la nuit). Jimmy, jeune ambulancier, tente de prendre Laurie sous son aile, en dépit d’une ambiance à couteaux tirés au sein du personnel de la clinique. Pendant ce temps, une rapide autopsie permet à un médecin de constater que la dentition du cadavre brûlé appartient à un jeune homme de 17 ou 18 ans. Loomis, précisant que Michael Myers est âgé de 21 ans, sous-entend que les recherches de la police doivent reprendre : Myers est toujours vivant. Ce dernier est d’ailleurs déjà en route pour la clinique après avoir entendu à la radio que la jeune survivante du massacre, Laurie Strode, venait d’y être conduite. Halloween II soulève dès lors plusieurs points importants dans la construction du mythe de Michael Myers. Tout d’abord l’invulnérabilité du tueur, approchée dans le premier film, confirmée ici grâce aux plans d’un Myers à la respiration toujours aussi nette. De plus, Myers poursuit dorénavant un but : retrouver Laurie Strode, tandis que dans le premier film il n’hésitait pas à mettre cette quête de côté, le temps d’aller ‘rendre visite’ aux amies de la jeune fille. Le spectateur peut se préparer à trembler, conscient de la force incommensurable du tueur, prenant parallèlement de l’avance sur la pauvre Laurie qui, persuadée que le tueur est mort, est loin d’imaginer les événements qu’elle va encore devoir affronter.

Lorsque la mise en scène se concentre sur le cadre de l’hôpital, le suspense peut s‘étendre. L’ambiance du premier film est palpable, avec un Myers qui déambule tel un fantôme dans les couloirs, éliminant un à un les membres du personnel avec une froideur surprenante. Bien entendu, Halloween II doit faire honneur à son prédécesseur tout en s’alignant à la variété qu’obligent les déjà nombreuses déclinaisons du slasher movie : un nombre de victimes plus important et un arsenal meurtrier étonnant : ici, Myers, fort d’un palmarès de dix victimes pour ce film, a recours au marteau, au scalpel et à la seringue en plus de son traditionnel couteau de boucher.

Les codes du film d‘horreur ne sont pourtant pas dénués d’une certaine recherche scénaristique. Pour exemple : l’homme masqué percuté par le véhicule de police et brûlé vif s’avère être Ben Tramer, le jeune garçon qui plaisait tant à Laurie, et dont on en connaissait l’existence que par quelques lignes de dialogues dans La Nuit des Masques. Mais John Carpenter et Debra Hill ont exploré le cas Myers, conscients que les spectateurs ont besoin d’éléments pour être une nouvelle fois surpris par le tueur. L’idée du Mal à l‘état pur est abandonnée au profit d’un tueur plus méthodique qui poursuit sa victime dans un but bien particulier. En effet, il était temps pour Carpenter (ou en tout cas pour le producteur exécutif Moustapha Akkad) de dévoiler pourquoi Myers traque la jeune Laurie Strode. Le Dr Loomis apprendra effectivement bien tard qu’un dossier capital a été scellé par le procureur à l’époque où le psychiatre avait la charge de la guérison de Michael Myers : Laurie Strode n’est autre que la petite sœur du tueur. Elle a été placée chez une famille adoptive lorsque Michael assassina Judith en 1963 (Laurie n’avait alors que deux ans et ignore tout de ses antécédents familiaux). Plus une minute à perdre, Loomis doit retrouver Laurie s’il veut empêcher Myers de commettre un nouveau carnage.

Malheureusement, l’hécatombe est déjà bien amorcée dans la clinique de Haddonfield. Le croquemitaine est une fine lame et parvient à commettre des homicides graphiques au potentiel d’angoisse ahurissant (voir le meurtre de l’infirmière dans le bain thérapeutique). Rien ne semble pouvoir arrêter la machine Myers, et lorsque Laurie découvre que le tueur est toujours à ses trousses (dans une séquence visuellement tétanisante), la poursuite amorcée dans La nuit des masques peut reprendre, plus prenante que jamais. Les sous-sols de l’hôpital sont parfaits pour générer la peur, Myers et sa démarche lente mais décidée est inquiétante, la musique encore une fois signée Carpenter est cette fois plus organique encore que dans La nuit des masques tout concorde pour que le suspense du premier opus trouve une variante encore plus intense dans cette suite. L’arrivée du Dr Loomis ne reportera que de peu de temps l‘affrontement final entre le frère et la sœurHalloween II, encore loin de l’aspect commercial qui caractérisera l’avenir de la saga, se clôture en une apothéose explosive, même s‘il fallait pour cela opter pour l’éradication nette et précise d’un des personnages principaux.

H2 duo

John Carpenter et Debra Hill ont donprofité d’Halloween II pour aller au bout des éléments amenés dans La nuit des masquesLe premier opus ne se suffisant pas à lui seul, cette séquelle vient former avec l’opus 1 une histoire complète, riche en détails mystiques pour faire de Michael Myers un tueur tout à fait exceptionnel (on cite le mythe de Samhaïn, le but de Myers est dévoilé avec l’annonce du lien fraternel entre Laurie et Michael, tout concorde avec cette volonté d‘explorer le personnage de Michael Myers [voir le générique où la citrouille, contrairement au premier opus, s’ouvre cette fois pour laisser apparaître ce qui se cache derrière le masque : la mort dans sa plus grande froideur]). Le film se conclut sur un plan de Laurie Strode, anéantie, avec pour fond la musique dMr Sandman des Chordettes, allégorie du croquemitaine via le mythe du Marchand de Sable, une façon de commencer et finir sur cette note symbolique pour consolider définitivement la légende de Michael Myers, le tueur d’Halloween.

En résumé, Halloween II respecte l’ambiance feutrée de La nuit des masques tout en apportant ses nombreuses pierres à l‘édifice nécessaire à la construction du mythe de Michael Myers. Le mystère se lève sur ce qui lie Michael Myers à Laurie Strode, l’angoisse sdessine lors de séquences de meurtres plus surprenantes les uns que les autres, les nombreux personnages au bord de la psychose génèrent un suspense palpable, tandis que le croquemitaine révèle quelques uns de ses secrets tout en conservant son aura de peur primale. Efficace et résolument plus intemporel que son prédécesseur, Halloween II inscrit définitivement Michael Myers au panthéon des figures emblématiques du slasher movie.

Halloween 2 - Critique du film par ZeShape

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