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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : SOUVIENS-TOI… L’ÉTÉ DERNIER (2025)

D’un geste plus fort et fatal qu’un coup de crochet, la nostalgie d’outre-tombe a encore frappé. Après Halloween en 2018 et Scream en 2022, le legacyquel continue de s’emparer des classiques du neoslasher avec le retour du tueur au crochet de Souviens-toi… l’été dernier, premier ersatz du Scream original, ayant pondu une suite sauvage mais bête comme les pieds en 1998 et un rejeton transparent pour la télé en 2006. Depuis, pas de nouvelles de ce petit film d’horreur sans réelle prétention si potentiel à saga. En tout cas, pas avant que la génération ayant suivi les douloureuses aventures de son héroïne Julie James se sente concernée par la question épouvantable jouant des tours à tout un chacun au souvenir de la belle époque en se demandant : « Mais, au fait, que sont-ils devenus ? » . Eh bien, rien de très folichon. Car au-delà de l’attrait furtif de l’annonce de ce retour de la modeste franchise au cinéma, force est de constater que le jeu n’en valait pas forcément la chandelle.

« Oh mon dieu, on a tué une botte ! », c’était même mieux dans Scary Movie.

Le projet se tenait avec à peu près autant de consistance que pour Scream il y a quelques années, c’est à dire pas grand-chose. Le retour du tueur au crochet était animé d’une ambition privilégiant largement les gains éventuels au box-office que la véritable envie de donner au public un film de qualité brillant d’un scénario solide et d’une interprétation convaincante. Avec ce nouveau Souviens-toi l’été dernier, qui lui aussi après Halloween et Scream n’assume pas dans son titre d’être une suite, on rejoue l’intrigue du premier film, passée à la moulinette de son époque contemporaine, grouillant de références méta, de situations malavisées, d’humour maladroit et de personnages creux. Doté de pareils ingrédients, la recette ne peut pas prendre, malgré un fan service gratiné et les personnages originaux de retour pour contribuer à nous faire nous demander ce qu’ils sont venus faire dans cette galère.  

Attention : beauté sans cervelle droit devant !

Les prémices de l’histoire situent d’emblée le problème, la force du film de 1997 ne parvenant pas à induire des bases solides dans cette version modernisée. L’accident à l’origine du pacte dans le film de 2025 manque déjà cruellement d’éloquence et sa quintette de personnages stéréotypés ne parvient à générer chez le spectateur aucune empathie (sauf peut-être aux inconditionnels des séries hyper léchées de Netflix, nouveau fleuron de la « normalité » adolescente ?). Et cette nouvelle brochette de héros translucides a beau s’accaparer des restes des films de base (une Jennifer Love-Hewitt aux abonnés absents, et un Freddie Prince Jr luttant comme un diable pour faire prendre la mayonnaise), seul le tueur au crochet pouvait parvenir à entretenir un certain suspense. Car il s’agit là du véritable fondement légitime de cette suite tardive : qui est le tueur, et (le film faisant abstraction du 3e opus et de sa malédiction fantomatique de bas étage) pourquoi revient-il après 27 ans d’absence ?

Un tueur doté de davantage d’énergie que de mobile.

Finalement, c’est sur ce point que Souviens-toi… l’été dernier 2025 se hâtera le plus à se montrer original. En plaçant un nouveau protagoniste sous le costume en ciré noir et crochu, le film allait, en cas de succès, pouvoir faire générer une nouvelle tapée de tueurs frappadingues, comme Scream, avec une identité différente à chaque nouveau film. Cela a beau sembler bateau, c’est une idée assez saugrenue et couillue de la part d’une franchise n’ayant pas abandonné Ben Willis, le tueur originel, sur les trois premiers épisodes, quitte à le faire revenir du caveau et en charpie dans Souviens-toi… l’été dernier 3. Deux décennies plus tard, le mythe prend son sens avec un déploiement de la légende par les séquelles que ce folklore a laissé sur ses personnages vieillissants et sur l’ensemble de la bourgade poisseuse de Southport.

« Allô ? Y a-t-il un scénariste dans la salle ? »

Souviens-toi… l’été dernier 2025 rassemble en ce sens tous les ingrédients des fleurons du néoslasher, d’un principe calqué sur Scream se conjurant aux légendes locales assassines façon Urban Legend, le tout englué dans une tentative désespérée (ou désespérante, question de point de vue) de faire pleurer dans les chaumières en usant de tous les stratagèmes les plus pompeux et improbables possibles (photocopie au rabais de séquences cultes, caméo luxuriant de la reine du bal, poids de la faute changeant la destinée d’un héros). D’un côté, c’est du jamais vu (Scream n’a jamais osé le faire). D’un autre, le résultat est comme toute assez cringe et décevant (au final, on comprend pourquoi Scream n’a jamais osé le faire).

Jennifer Love Hewitt, lassée et lassante…

Mais alors, si même l’humour disséminé ça et là, parfois même à des moments totalement inopportuns, est également sujet à railleries et empêche le suspense de se développer correctement, que reste-t-il à ce Souviens-toi… l’été dernier pour exister ? N’y a-t-il vraiment rien d’autre à considérer comme appât que l’amère odeur de poisson pas frais émanant de l’épave de ce chalutier ? Eh bien non, rien. Fi d’une réalisation assez énergique dans ses meurtres, même si ceux-ci sont souvent sans saveur, et tant pis aussi pour son final en deux actes, donnant tout ce qu’il peut pour créer la surprise, aussi indigeste soit-elle. La nostalgie est le seul mot d’ordre, qu’importe si elle laisse un goût aigre dans la bouche. Tant et si bien que si le fait de se demander si tout cela en valait la peine reviendrait à penser comme un vieux con, on ne peut avec recul indiquer que le duo d’héroïnes, le (les ? soyons fous !) tueur et son mobile, ou même l’entièreté de ce nouvel opus, a une once de l’impact du film original. Une nouvelle suite à ce chapitre 2025 ne serait qu’une étape de plus dans la surenchère de l’invraisemblable. Et ce malgré une scène post-générique qui booste à l’adrénaline le spectateur d’antan qui revoit à l’écran un personnage oublié comme un retour d’un membre des Avengers de l’ancienne époque. Si l’envie de poursuivre le délire est tentante, la crédibilité est d’ores et déjà jetée à la mer depuis bien longtemps.

On prend les mêmes et on recommence ?

Si le format de ce nouveau Souviens-toi… l’été dernier recycle la fragile base du film original avec des ingrédients fades et surfaits qui peinent à faire illusion, il reste intéressant à traiter tant il enchaîne les mauvaises idées (vieilles ou nouvelles) au point de ne pas croire lui-même en son potentiel. Le regard vitreux de Jennifer Love Hewitt n’en démord pas : cette soupe au poisson qu’on nous fait avaler de force ne s’est pas un seul instant demandé si à comparaison quelqu’un dans la salle était en mesure de croire que le tueur au ciré pouvait encore marquer de son crochet un règne passé sous silence pendant plus de 20 ans. Un vrai retour y serait peut-être parvenu, mais ce semblant de retour n’est qu’une illusion de plus à la longue liste des legacyquels sans saveur déversé au cinéma au nom de la nostalgie. On ne s’ennuie pas, mais on n’en est pas loin. Et arrivés à la fin, passées les couches de surprises successives, on n’en garde pas de précieux souvenirs. Pire : on regrette. Et ça, c’est vraiment dommage…

Crochet du droit, et K.O. en fin de round.
souviens-toi… l’été dernier
(i know what you did last summer),
UN FILM DE jennifer kaytin robinson, USA, 2025
les + : une vague de nostalgie puissante qui sent un peu le poisson mais qui fait du bien aux aficionados de LA FIN DEs années 90.
les – : un humour omniprésent anéantissant les quelques marques de suspense, un tueur pas à la hauteur, et des choix scénaristiques regrettables…
meilleures scènes du film : étrangement, des scènes souvent anodines, comme les alertes vocales chez Julie, le retour dans la boutique d’Helen du premier film, et certains trophées de mises à mort comme celle du père et du fils à la vue de tous comme de vulgaires retours de pêche. et la scène post-générique, évidemment !
pire scène du film : le dernier quart d’heure : une vraie plongée dans les abîmes du n’importe quoi…
VERDICT : *****

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