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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : HELL NIGHT (1981)

Baptisé en français Une nuit infernale, voire Une nuit en enfer lors de la grande période bénie des vidéo-clubs, Hell Night est un petit slasher old school qui a tout compris à la stratégie marketing pour se vendre de la meilleure façon. Une affiche aguicheuse, le nom de Linda Blair (L’Exorciste) écrit en gros, un lancement précoce sur la vague slasher, et Irwin Yablans (Halloween) à la production. Pour l’anecdote, on retrouve même Chuck Russell (Freddy 3, Le Blob) et Frank Darabont (La ligne verte, The Mist) aux postes de producteur exécutif et assistant de production. L’équation gagnante pour se frayer un intérêt tout particulier dans le genre, qu’importe les véritables qualités du film.

Peter Barton et Linda Blair dans Hell Night.

L’histoire relate une nuit dans un manoir pour un groupe d’étudiants comptant parmi eux des nouveaux venus dans une fraternité, et les organisateurs de cette nuit de l’horreur cherchant par tous les moyens à rendre ce moment aussi effroyable que possible en surfant sur une vieille légende locale. Ce lieu abandonné fut jadis appartenant à la famille Garth, dont le patriarche aurait assassiné sa femme et ses enfants, tous malformés, avant de mettre fin à ses jours. La légende prétend que deux des enfants-monstres n’ont jamais été retrouvés et hanteraient encore les lieux. C’est dans ces conditions que cette soirée de farce devient bien évidemment le théâtre d’un massacre à grande échelle, les innocents écervelés finissant par tomber sous l’assaut des deux tueurs bel et bien de retour. Si le film ne brille donc pas par son scénario dont la recette sera encore bon nombre de fois réitérée par la suite, il réussit à combiner au slasher déjà lambda une ambiance plus gothique de par son cadre, son principe de fête costumée et et ses monstres de foire assassins. Un mélange des genres qui apporte une petite originalité à une formule déjà bien rébarbative sur le principe de ses personnages sans saveur disparaissant (souvent hors-champ) dans des circonstances mystérieuses et funestes. 

Une nuit d’horreurs en perspective…

Pas de suspense particulier quant aux identités des tueurs, ce qui, avouons-le, n’importe pas beaucoup puisque les véritables mobiles ou raisons d’être des frères Garth ne sont pas particulièrement creusées. Le véritable intérêt, passée l’exposition de l’environnement baroque de ce manoir ancien, est l’issue de ses personnages, dont on sait vite qui survivra, et qui passera l’arme à gauche. Et c’est au bout de séquences au rythme interminable que les mises à mort interviennent, nombreuses mais relativement insignifiantes. Bien que gratinée sur le papier (étranglement, égorgement, décapitation, coups de tisonnier, empalement…), c’est la mise en scène mollassonne de Tom DeSimone qui ne prend aucun risque, camouflant ses meurtres derrière un noir total ou les évinçant tout simplement en hors champ. Dommage, puisque le cadre hors du commun aurait permis de situer ce Hell Night à la hauteur des fleurons du film gothique de l’époque, conjugué au nouvel essor du slasher, encore précurseur durant ces années post-Halloween.

Tu es blonde, tu es belle, tu es vouée à mourir.

C’est donc à un slasher assez ordinaire dans son traitement qui défile sous nos yeux, choisissant de garder à l’œil les atouts de l’époque, soit la beauté des acteurs, et le décolleté plongeant de Linda Blair, résolue à un rôle de potiche héroïque cherchant par tous les moyens à s’extraire des griffes de la saga l’ayant rendue célèbre (L’Exorciste II est encore malheureusement dans toutes les mémoires), quitte à affronter ici de nouvelles formes de monstres. Aussi objectifs que l’on puisse être face au résultat final, force est de reconnaître que ce film ne vaut que pour son semblant d’ambiance et pour sa tête d’affiche. Le métrage a été décoré d’un succès très moyen lors sa sortie limitée dans les salles de cinéma, et est surtout la dernière production de Compass International Pictures (Halloween) avant un bouleversement important dans ses représentants. Étalant plus que dénonçant les frasques des différences sociales via des personnages variés mais tous d’un ennui abyssal, Hell Night cherche surtout étrangement à véhiculer un message d’espoir auprès des persécutés, voyez par là les classes moyennes, alors qu’il fait de son duo d’opprimés physiques les monstres diminués et barbares du film. Bien que ces monstres sont le fruit d’une forme de rejet de la figure paternelle, le contexte reste largement discutable. À cela, voir la seule nana intelligente du groupe être l’unique survivante du métrage tend à inscrire au fer de lance qu’il n’y a de place que pour les êtres pourvus d’une certaine forme de clairvoyance et d’un minimum d’ingéniosité et de bravoure. Car si le film est assez médiocre, son dernier quart d’heure insuffle toutefois une touche d’énergie qui rend l’affrontement final plutôt satisfaisant, et visuellement musclé pour l’époque. 

La mièvrerie derrière la beauté des acteurs

Au casting de Hell Night, on retrouve un tout jeune Peter Barton (alors mannequin, et future égérie masculine dans Vendredi 13 chapitre 4 et les feuilletons Les feux de l’amour, Amour, gloire et beauté et Sunset Beach) et Vincent Van Patten (qui abandonnera le métier d’acteur pour commenter des compétitions de poker), et le vétéran Tom DeSimone aux manettes, créant une forme de malheureuse surprise à dispenser Hell Night de toute touche érotique qu’il déverse portant à tout va dans le reste de sa filmographie (des films X, dont gay, des années 60 à Chatterbox, aka Le sexe qui chante [1977] ou Reform School Girls [1986] en passant par des épisodes de la série Les cauchemars de Freddy). Le métrage se tourne durant 40 jours interminables dans des circonstances difficiles (de novembre 1980 à janvier 1981) obligeant par souci de calendrier les acteurs à tourner malgré les fêtes de fin d’année. Linda Blair indiquera même que le repas de Thanksgiving sera livré en bus sur le plateau, après une série de journées longues et épuisantes, souvent de 5h du matin à 11h le soir. Présenté comme précurseur en son genre, le film admet toutefois des inspirations variées, telles que la séquence de poursuite entre le monstre et l’héroïne en écho à celle de Jamie Lee Curtis dans Le monstre du train (1980), ou le souhait de faire tourner les acteurs dans des costumes d’époque, prétextant pour cela une soirée déguisées, afin de coller davantage à l’époque glorieuse des films de la Hammer.

Un final épique qui tranche avec le reste du film.

Le film est aujourd’hui un des plus célèbres de la vague slashers des années 80, encore une fois pour la présence de Linda Blair à son bord, et au fait de s’éloigner du principe du tueur masqué à l’identité secrète. Ici, nous sommes presque devant un film de monstres, rappelant des métrages de la grande époque italienne. Il fait en tous les cas forme de chainon méconnu entre les films d’époque et la nouvelle ère contemporaine ayant chamboulé le cinéma et ses principes pendant toutes les années 80. Et il n’a pas fait des adeptes que dans le cœur des aficionados de l’horreur adolescentes, puisque Ray Fulk, riche résident d’un domaine dans l’Illinois, lègue à sa mort en juillet 2012 sa fortune et sa propriété de 67 hectares à deux acteurs du film : Peter Barton et Kevin Brophy (décédé en 2024), dont il disait être fan. Il les décrit d’ailleurs dans son testament comme des amis, alors qu’ils ne se sont jamais rencontrés. Une anecdote plutôt hors du commun…

HELL NIGHT,
UN FILM DE TOM DESIMONE, USA, 1981

Les + : un slasher à l’ancienne, intégrant une touche VISUELLE baroque intéressante
les – : un rythme pantouflard et redondant qui manque d’énergie, de consistance, et surtout de surprises
meilleures scènes du film : le dernier quart d’heure, marquant l’affrontement entre la final girl et le monstre, lors d’une séquence en voiture épique pour l’époque !
pires scènes du film : les meurtres hors champ et les dialogues niaiseux sur les différences sociales

VERDICT : *****

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