Premier film de la saga à avoir qualitativement souffert d’une production et mise en chantier hâtives, Halloween 5 a emporté dans son empressement la composition de sa bande originale, toujours signée par Alan Howarth, et reprenant parfois trait pour trait les morceaux issus du film précédent.

L’ouverture du disque est pourtant un monument d’angoisse, parmi les meilleures variations du « Halloween Theme » de la saga. Accompagnant le générique d’ouverture du film de Dominique Othenin-Girard, la piste dévoile des notes de piano graves et des sons de lame affûtée fendant l’air. Le ton de ce 5e opus est ainsi donné : l’ambiance lourde et inquiétante d’Halloween 4 laisse place cette fois à des successions de notes stridentes, affolées et métalliques. L’action sera de mise, comme en témoigne le morceau « The shape also rises » qui lance à plein régime les percussions sonnant le réveil du tueur et le nouveau cauchemar de la jeune héroïne. « The evil child must die » démarre par un effet sonore issu de la bande originale d’Halloween II et jouera sur le contraste des élans mélodiques illustrant Jamie aux sons lugubres et parfois assourdissants de toutes les épreuves qu’elle rencontrera. La colère du croquemitaine, présente dans le titre de ce nouveau métrage, The revenge of Michael Myers, est palpable à chaque nouvelle piste, et on reconnaît qu’Alan Howarth a pu mettre la hâte de cette composition flash éclair d’Halloween 5 à profit de morceaux très énervés (« First victim » et « A stranger in the house » mêlent bruits mécaniques et métalliques à des voix masculines et chants sectaires très étranges), avant de déferler le thème d’Halloween par notes saccadées et entremêlées, début d’un gloubi-boulga qui va conduire la musique du film dans les méandres de la plus pure folie.

Si « Tower farm » réunit les morceaux les plus nerveux du disque (avec les meurtres les plus emblématiques du film, desquels on devine les coups de fourche et de faux) avec un rythme endiablé et un sens du suspense aiguisé, « Stop the rage » rassemblera quant à lui une combinaison d’effets sonores relevant souvent davantage de bruitages surprenants, quand ils ne sont pas carrément inadaptés (de la crécelle au coin-coin d’un canard en plastique). Des choix d’autant plus déconcertants quand on conscientise le peu de temps qu’aura eu Alan Howarth pour boucler les morceaux (bien qu’on connaisse la part de réactivité et d’empressement habituel sur ce type de compositions, et le très large choix des possibilités offert par le travail sur synthétiseur). cette précipitation dans l’écriture et la composition n’ôte pour autant pas à Halloween 5 ses moments de pure terreur, où le mystère et la peur viennent glacer l’échine : « Trapped » et The attic » se situeront en effet haut la main au sommet des morceaux les plus angoissants du disque. « Halloween Finale » viendra clôturer la B.O. dans la douleur, le thème étant ici particulièrement suraigu, acéré, voire pauvre et inaudible car peu inspiré et encore plus strident et percutant aux oreilles que les moments les plus glaçants (et d’ailleurs très nombreux) présent sur le disque d’Halloween III. Bien que ponctué d’extraits d’anthologie très efficaces, force est de reconnaître que la bande originale d’Halloween 5 reste un peu en-deça du niveau auquel la saga nous avait jusque-là habitué.

Dans sa version sortie en CD et K7 en 1989, la bande originale d’Halloween 5 présentait aussi pour la première fois des titres chantés dans son disque, à travers cinq morceaux dont on entend furtivement les notes dans le film (principalement lors du bal de la ferme), et qui plonge l’audacieux spectateur dans une atmosphère à des années lumière du film (mais toutefois complètement dans le délire rock et décalé de la fin des années 80). On met néanmoins au défi quiconque d’organiser une soirée dansante d’Halloween avec à son palmarès musical un seul des titres présents sur ce disque pour espérer créer une quelconque ambiance festive. Dur de ne pas rire devant le rap de seconde zone du bien nommé « Second time around », le semi-rock metal « Dancin’ on midnight » ou les balbutiements cool et engagés très girl power de l’OVNI « Sporting woman ». Le titre « Anything for money », sorte de mélange rock et pop boiteux dont on n’explique toujours pas la présence ici, a finalement le titre le plus évocateur de ce à quoi pensaient les producteurs en intégrant ces morceaux dans le disque. Pour le fun, « Romeo Romeo » restera le morceau le plus amusant, et accessoirement le plus courageux en guise d’ouverture d’une bande originale de film d’horreur. Jugez plutôt :

LES MORCEAUX PRÉFÉRÉS DE ZESHAPE :
HALLOWEEN 5 – THE REVENGE
THE SHAPE ALSO RISES
TOWER FARM
THE ATTIC
