En accompagnement d’un projet dont il n’a pas voulu, John Carpenter complète de la composition de la musique d’Halloween II la charge d’écrire et produire cette suite. Doté d’un budget plus confortable par l’arrivée de producteurs additionnels non négligeables (Universal), Carpenter tient toutefois à conserver, à raison, le style simple et minimaliste que proposent les partitions composées au synthétiseur. Avec l’aide d’Alan Howarth, qui le rejoint sur son travail en 1981 sur Escape from New York, il signe les variations des principaux thèmes de la musique du film original, réorchestrées pour l’occasion.
Si les notes sont souvent similaires, on note d’emblée, à l’écoute du thème principal qui ouvre le bal, que les assonances de piano du film original sont devenues plus viscérales à travers l’orgue électronique. Une manière d’entrer littéralement dans cette suite qui explore avec plus de profondeur le personnage de Michael Myers. Ce style baroque, qui prend aux tripes dès son générique (qu’on ne peut écouter sans penser à cette citrouille d’ouvrant pour faire apparaître un crâne inquiétant), va également jouer sur le tableau de l’hôpital de l’horreur, nouveau théâtre des sévices du croquemitaine, et renforcé par les notes tour à tour longues et stridentes ou courtes et piquantes de la bande originale. Les morceaux tels que « Mrs Alves », « Laurie & Jimmy » (identique à la piste « Michael’s Sister ») et « In the Operating Room » en sont les exemples les plus glaçants, la mécanique du rythme en staccato concède à l’angoisse, quand elle n’accompagne pas purement et simplement un rythme cardiaque qui s’emballe sous les effets de l’effroi. À ces thèmes s’alternent d’autres pistes plus posées « Laurie’s theme » ou « Flats in the parking lot », marquant des pauses agréable et mélodiques entre deux sommets de l’horreur (« He knows where she is ! », « Still he kills » et « The Shape stalks again »). Le disque se termine sur la chanson des Chordettes « Mr Sandman », dont les notes vintage on-ne-peut-plus positives contrastent avec la demie-heure gothique passée en amont.
La collaboration entre Alan Howarth et John Carpenter, abordée cette année 1981, fait des étincelles. Forte de quatre mains de talents, la bande originale d’Halloween II apporte toute la dimension macabre aux images du film de Rick Rosenthal. Howarth fait son entrée dans la franchise et composera, après un nouveau duo avec Carpenter sur Halloween III l’année suivante, les musiques des opus 4 à 6, gardant précieusement la variation des thèmes originaux intacts jusqu’en 1995 avec Halloween : the curse of Michael Myers. L’exploitation de l’immense richesse des synthétiseurs contribue à la notoriété de la saga, en offrant aux mélomanes des moments d’anthologie doublés de grandes séquences d’angoisse (qui reste insensible à l’écoute du titre « The shape enters Laurie’s room » ou de la dernière partie explosive du thème principal ?). Initialement lancé par Varèse Sarabande au format CD au début des années 80, le disque est réédité chez AHI (Alan Howarth Incorporate) pour les 30 ans du film en 2011, ajoutant au passage à son compact disc six pistes additionnelles (des suites des principaux morceaux réorchestrés pour un effet du diable), rallongeant l’ensemble du disque à près de 70 minutes de pure trouille comme seul ce duo de compositeurs est capable de provoquer. Chez Death Waltz, la bande originale s’habille d’un visuel retravaillé pour le support vinyle, pour une sortie en fanfare avec les opus 1 à 5 en 2018.
Comme toute suite d’œuvre culte, la bande originale d’Halloween II s’est frotté à la critique lors de sa sortie en 1981. Une analyse effectuée par la BBC a qualifié les partitions d’Halloween II de « touche plus gothique qui ne sonne pas aussi bien que l’original » mais qui « reste un classique ». Étrangement, les critiques ont davantage commenté le choix jugé « intéressant » d’inclure la chanson « Mr Sandman » des Chordettes au disque. La surprise est marquée par le fait que ce morceau de 1954 et « peu associé à un film comme celui-ci » et parfois considéré comme « inapproprié », mais visait bien entendu à « imiter la situation du personnage principal [Laurie Strode, NDR] qui dort et végète beaucoup, transformant les paroles autrefois innocentes en menaces dans un film d’horreur ».
Les morceaux préférés de ZeShape :
Halloween II THEME
Laurie’s theme
STILL HE KILLS
MRS ALVES
FLATS IN THE PARKING LOT
The shape stalks AGAIN
MR SANDMAN
