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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

ANALYSE : REMAKES ET REBOOTS, LA NOSTALGIE LUCRATIVE (2/2)

PARTIE 2 : LES ANNIVERSAIRES FATIDIQUES

La part la plus forte et emblématique des remakes repose bien évidemment sur la nostalgie. L’intérêt du public pour un univers, un personnage ou une franchise s’étiole au fur et à mesure de suites indubitables et souvent mauvaises, et renait généralement par l’intervention d’un remake faisant (plus ou moins) table rase du passé pour renouveler son potentiel. Pour cela, rien de tel qu’une date anniversaire pour justifier gratuitement la mise en chantier d’une version corrigée (si ce n’est améliorée) du produit d’origine. Une sorte de lifting censé effacer les marques du temps, et, dans la foulée, attirer une nouvelle génération de spectateurs. Quand l’annonce-même d’un titre ne suffit pas à provoquer l’émoi chez le public (on dit Jurassic World ou Star Wars, on nous répond par cris euphoriques et réjouissances extatiques), le calendrier se charge de booster la part émotive qui réside en chacun de nous.

Michael Myers, toujours là pour fêter les grandes dates !

LES DÉCENNIES DU BONHEUR :
Le principe est aussi élémentaire que culturel : un anniversaire, ça se fête ! Et si la plupart des grandes franchises s’est tôt ou tard attelée à l’exercice (quand le cinéma ne célèbre pas tout simplement l’anniversaire d’un film en le rediffusant dans les salles), le genre horrifique n’est pas en reste, comme pour marquer au fer rouge l’idée qu’avant d’avoir été envoyé en Enfer, le diable avait bien une montre à son poignet. L’anniversaire en question n’est pas toujours explicitement nommé (Freddy sort de la nuit et La fiancée de Chucky marquent par exemple les 10 ans de leur franchise respective). D’autres appuient carrément une partie de leur opération marketing sur ce point, dans le slogan de leur affiche (Halloween 4) ou dans leur titre (Halloween 20 ans après). Le ton est ainsi donné. Michael Myers a célébré d’ailleurs deux doubles décennies avec sa nemesis Laurie Strode avec le 20e et 40e anniversaire d’Halloween, les producteurs se frottant les mains que l’actrice Jamie Lee Curtis réponde présent pour marquer ces retrouvailles sanglantes qui font décoller le curseur des entrées au box-office mondial. 

Jamie Lee Curtis ne manque pas de souffle à la vue du nombre de bougies…

UN P’TIT TOUR AU GRENIER :
S’il s’agit, dans le cas de la saga Halloween, de suites plus ou moins respectueuses du produit d’origine, davantage que du remake à proprement parler, d’autres franchises se sont délibérément bousculées au portillon à l’idée de recommencer leurs méfaits dès que leur agenda a résonné dans leur poche. Psychose 4 (Psycho : the beginning), peut-être l’un des premiers legacyquel du genre, célèbre en 1990 le 30e anniversaire du film culte d’Alfred Hitchcock avec un téléfilm clamant tout son amour pour l’œuvre originale grâce à laquelle tout a commencé pour Norman Bates. De même, le remake de La Malédiction, en 2006, marque autant l’anniversaire du film original de 1976, et respecte en plus le cahier des charges en réussissant la prouesse de sortir le 6e jour du 6e mois de la 6e année (6 juin 2006), soit 666 le chiffre du diable. Qu’il soit un mauvais film importe peu, l’atout marketing est en place, et la légende peut perdurer. Idem, à l’occasion du 50e anniversaire de L’Exorciste, Blumhouse tente de renouer avec l’œuvre culte de William Friedkin en rechargeant les batteries d’une franchise froide comme un cadavre avec un reboot de très très très sinistre mémoire. Voulu comme le premier opus d’une nouvelle trilogie, L’Exorciste : dévotion sera finalement un ratage isolé qui refermera le couvercle du cercueil pour (on l’espère) bien longtemps. Et parce qu’il n’y a pas toujours que du mal à rouvrir les vieux tiroirs, notons l’immense succès du dernier opus de la saga de la grande faucheuse malicieuse et cynique avec Final Destination : bloodlines, fêtant les 25 ans de la franchise et qui n’a pas l’air d’avoir fini d’en découdre avec les vivants.

Des bons et très mauvais souvenirs…

ANNIVERSAIRES EN PAGAILLE :
Le Blob (1988), Simetierre (2019) et The Crow (2024) marquent chacun les 30 ans de leur film original (respectivement Beware the blob et titres homonymes) en choisissant délibérément de ne pas être des suites mais bel et bien des versions actualisées. Le Blob de Chuck Russell s’est forgé une excellente réputation avec les années, ce qui n’est de loin pas le cas des deux autres exemples qui n’ont pas convaincu la nouvelle (ni ancienne) génération. Au registre des anniversaires marquants, notons le recordman en la matière qui est sans nul doute possible le remake Nosferatu de Robert Eggers, sorti en décembre 2024, soufflant les 100 ans du film original allemand (et muet) du même nom, sorti en 1922 et réalisé en son temps par F.W. Murnau. Ces films, influencés par le mythe de Dracula et du vampire immortel suceur de sang, rejoignent les nombreuses autres adaptations du livre de Bram Stoker, dont le Dracula de Luc Besson sorti en été 2025.

Pas touche à nos classiques !

PAS TOUCHE AUX CLASSIQUES !
Les remakes, reboots et les suites tardives s’imprègnent de toute la mélancolie possible qu’elle va générer chez le spectateur, pour mieux justifier son but d’aligner autant de billets verts que possible. Pour cela, les producteurs ne reculent devant rien, que ce soit de mettre en chantier dans l’urgence un nouveau Jurassic World à plusieurs milliards en le présentant comme l’énième unique descendant légitime du film original de Steven Spielberg (ce qu’il n’est évidemment pas, bien loin s’en faut, précisons-le tout de suite), ou s’attaquer à un culte qu’on pensait intouchable pour mesurer le niveau de curiosité qui poussera le public à acheter son ticket de cinéma (Beetlejuice Beetlejuice et Gladiator II, les deux rejetons aussi incomplets qu’incongrus de 2024, ou, preuve qu’une suite tardive peut devenir un chef d’oeuvre : Psychose 2 en l’an de grâce 1983). Parsemés d’images et flash back pour mieux bercer le spectateur dans l’illusion et le voyage dans le temps, les legacyquels s’adressent en priorité aux adeptes du « C’était mieux avant » et qui chérissent leurs films doudou en espérant autant les revoir au goût du jour tout en appréhendant au plus profond de leur âme le moment où cela arrivera. La notion d’héritage est elle-même au centre de quelques films qui marquent ainsi leur lien indéfectible avec l’original sans besoin d’en faire plus (Gremlins 2 : la nouvelle génération, Alien Resurrection, Tron : l’héritage, Puppet Master Legacy, Blade Runner 2049, Ghostbusters Afterlife, Matrix Resurrections). Ceux qui dénonceront la surenchère devront tout de même admettre qu’ils sont les premiers à se refaire l’intégrale des Gendarmes de St-Tropez chaque été depuis quarante ans et toujours avec le même plaisir. Le cinéma n’est que le vil parent de la télévision qui pousse forcément à la plus bourrative des consommations.

Une suite/remake des Oiseaux, et tout le monde prend la fuite…

FAIRE DU NEUF AVEC DU VIEUX :
La nostalgie a ses limites, et elle n’a pas besoin d’appartenir à l’ancienne génération pour faire ses preuves. La surenchère, fer de lance du cinéma américain, est l’ennemie de cette mode, comme en convient l’essoufflement du tsunami Marvel qui rencontre enfin le creux de la vague après avoir fait une énième fois la même chose… au profit du rien (Spider-man : no way home et son fan service au détriment d’un scénario). Mais de manière générale, comment est-il humainement possible de ne pas être tenté de renouer avec ses souvenir d’antan lorsqu’un nouveau Star Wars ou Indiana Jones, même lorsqu’ils dépeignent nos héros fatigués par l’usure de leurs personnages et la vieillesse de leurs interprètes (ce qui marche aussi pour Dumb & Dumber De, Trainspotting 2 et Terminator : Dark Fate) ? Faire du neuf avec du vieux, en emportant dans le tourbillon du vice le jeune public et l’ancien et reconduisant l’ensemble de la pop culture dans ce qui ne s’avère rien d’autre que la même chose… en beaucoup moins bien (Les Oiseaux II, Independence Day : Resurgence, Scream 2022, Terminator : Dark Fate, Mean Girls : lolita malgré moi, Twisters). La nouvelle ère de la désolation a parfois fait beaucoup de mal sur le moment (Space Jam 2, c’est comme se verser du gros sel sur une plaie béante) pour finalement disparaître dans l’oubli (Doctor Sleep, suite de Shining , ou l’immonde reboot de La Planète des singes de Tim Burton en 2001 y ont plongé illico). Aux annonces des futures productions générales (Benjamin Gates 3, Le diable s’habille en Prada 2, Scary Movie 6) ou horrifiques (Urban Legend, Gremlins 3) pour les années à venir, nul doute que la nostalgie n’a pas encore dit son dernier mot, en espérant que le public ressentira davantage d’émotions positives que de regrets à voir ainsi leurs souvenirs d’antan passés sous la presseuse de rêves haute en couleurs mais aussi riche en désillusions.

Une image et l’excitation renaît…

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DOSSIER : TANT QU’IL Y AURA DES SUITES
de la séquelle à la saga, en passant par l’inévitable trilogie

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