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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

HALLOWEEN 5 : LE FILM DE TROP POUR DONALD PLEASENCE ?

« J’arrête après Halloween 22 ! » targuait Donald Pleasence à son retour dans Halloween 4 en 1988. Pourtant, des conflits sérieux émanent entre l’acteur britannique et le réalisateur Dominique Othenin-Girard sur le tournage du cinquième opus en 1989. Conscient de son statut de star et de l’importance capitale de sa participation pour l’avenir de la saga, Pleasence a toutefois toujours justifié son implication dans les films de sa carrière par le salaire qu’on lui proposait. Animé par le cachet, il reprend tout naturellement le rôle culte du Dr Loomis à chaque nouvelle production, jusqu’à sa mort peu après la fin du tournage d’Halloween : the curse of Michael Myers, en 1995.

Dominique Othenin-Girard, Don Shanks et Donald Pleasence

Certains diront que Pleasence ne souhaitait d’abord pas reprendre son rôle du Dr Loomis dans Halloween 5, jusqu’à ce que Moustapha Akkad lui rappelle les modalités du contrat qui le liait à la franchise sur ce film, conséquence directe du succès de l’opus 4 l’année précédente. Et c’est sur le tournage que des différends entre l’acteur et le réalisateur ont commencé à jaillir, comme en témoignent les propos de Pleasence à l’époque de la promotion du film : « Girard n’est pas un mauvais réalisateur, mais il oublie souvent qu’il réalise le cinquième opus d’une franchise » . L’acteur laisse entendre ici que d’autres personnes tout aussi impliquées que le réalisateur ont des connaissances importantes sur l’intrigue et les personnages, Pleasence trouvant par exemple discutable la direction prise au sujet de son propre personnage. Son état de santé avait un temps motivé la production à considérer qu’Halloween 5 serait le dernier film de la franchise à intégrer le psychiatre de Michael Myers, et que la mort du personnage devait être envisagée, tandis que certaines sources ont laissé supposer que c’est Pleasence lui-même qui aurait soufflé l’idée à Moustapha Akkad, pour se donner une porte de sortie. En tous les cas, l’acteur revient sur ce point en 1989 : « Si c’est le cas, Loomis va me manquer, c’est certain. C’est difficile de jouer un personnage aussi récurrent pendant 11 ans et de s’en laver les mains aussi facilement. C’est vraiment dommage » . Car Donald Pleasence, au-delà de sa motivation pécuniaire, a exprimé un profond respect pour son rôle dans la franchise. « J’ai pris des notes au fil des années à interpréter ce personnage. Si, en apparence, Loomis semble être un fou typique, son comportement a été largement justifié. Il a du vivre avec le fait d’avoir pendant des années affronté un enfant meurtrier, puis ce même être devenu adulte, doté du pouvoir de fracasser des murs dans l’intention de tuer encore et encore, comme s’il était invincible. C’est une image absolument terrifiante. Loomis s’est toujours senti responsable de ne pas avoir anéanti Michael après l’assassinat de sa sœur Judith, et il vit avec cette culpabilité. Cette faute a fait de lui un psychiatre réfléchi devenu un paranoïaque dont la seule préoccupation était d’arrêter cette force du mal. Sa mission était de stopper Michael, et Michael est toujours là. Loomis n’est pas un fou qui hurle au croquemitaine, c’est un être tourmenté que personne ne croit jusqu’à ce que le tueur se manifeste. Et là, c’est trop tard » .

Danielle Harris et Donald Pleasence, terrassés par Halloween 5.

Halloween 5 ayant été mis en chantier avec une certaine hâte, pour tenir des délais difficiles pour son tournage et son montage avant la sortie programmée à l’automne 1989, les tensions montent entre Donald Pleasence et Dominique Othenin-Girard, qui a également signé le scénario de ce nouveau film. « J’ai eu tendance à interpréter Loomis avec légèreté par le passé, chaque film ayant à sa manière été très intense. Avec légèreté, pas totalement comique, mais d’une manière qui correspondait à l’importance accordée au suspense et à la tension dans ces films. Jouer Loomis de manière excessive, comme le réalisateur essaye de me le faire faire, me semble en contradiction avec la façon dont le personnage a été construit. Mais je n’ai aucun problème à prendre leur argent et à danser leur danse. Mais tant que je peux les détourner de leur danse… C’est ce que je fais sur ce film, et en ce moment-même. Ils ne l’ont juste pas encore compris » .

Donald Pleasence, Dominique Othenin-Girard et Rob Draper

L’affect porté par l’acteur envers son personnage a joué un rôle important sur son comportement durant le tournage, de façon parfois diamétralement opposée. Lorsque ses services n’étaient pas forcément utiles sur le tournage, Pleasence se rendait parfois dans un bar voisin, à Salt Lake City, pour tour à tour critiquer la musique disco des lieux, pester par contrariété à l’idée qu’il s’agisse de son dernier Halloween, et commander des cafés pour l’équipe technique en vue d’une longue nuit froide de tournage. Ses souvenirs au sujet de ses interactions avec les différents réalisateurs sont sans appel : « John Carpenter a apprécié mon travail, et il avait besoin d’un nom au sommet de son affiche. Le scénario était bon, et j’ai tout de suite aimé John. Alors je l’ai fait. John a créé l’idée d’Halloween, il n’est donc pas surprenant que sa vision reste la plus précise possible et la plus intelligemment mise en scène dans la saga. Les metteurs en scène qui ont suivi ont, à des degrés divers, conservé l’esprit initial du concept. J’ai adoré travailler avec Jamie Lee Curtis, je la trouvais merveilleuse, même. La petite fille avec qui je travaille sur Halloween 4 et 5 est également très douée, et je ne taris pas d’éloges sur le talent de Beau Starr sur ces deux derniers films » , ajoute-t-il. Et l’amertume de l’acteur au sujet des directions prises par Halloween 5 n’a pas fini d’envenimer le plateau. « Halloween II était un peu trop violent à mon goût. Le film n’avait pas l’intelligence et le suspense sans effusion de sang du premier. Je pense qu’Halloween 4, malgré le fait que je n’étais pas emballé par le maquillage, était un retour aux éléments qui avaient fait la qualité de l’original. Il est encore un peu tôt pour évaluer Halloween 5. Je trouve l’histoire un peu stupide et il y a beaucoup de sang. Ils vont évidemment orienter la saga dans une direction différente. Je ne sais pas si je suis réellement emballé par cette direction, mais je suppose que cela n’y changera rien, puisque je ne serai plus là » .

La scène où Loomis plonge en pleine folie…

Estimant connaître le personnage mieux que le réalisateur, Pleasence n’a pas gardé sa langue dans sa poche face à Dominique Othenin-Girard au sujet de certaines séquences. L’un des affrontements les plus mémorables est celui de la nuit où devait être tournée la séquence où Loomis s’adresse à Myers dans la forêt, le sommant de retourner dans sa maison natale. Pleasence trouvait cette scène « merdique » et refusait d’en mémoriser le texte. Il resta cloîtré dans sa caravane jusqu’à deux heures du matin, buvant à grosses gorgées et rétorquant sèchement au réalisateur à chacune des tentatives de ce dernier de lui souffler son texte pendant la prise. L’équipe révélera plus tard qu’elle craignait que le stress sur le tournage finisse par tuer réellement Donald Pleasence. « Pour moi, le potentiel d’Halloween 4 n’a pas été exploité dans cette suite. Ne me parlez pas de l’homme en noir, je ne saurai rien vous dire d’autre que le fait qu’il porte un chapeau, un long manteau, et des bottes à bouts argentés. Quant au croquemitaine, je n’ai pas encore travaillé avec lui. Mais j’ai l’impression qu’ils essaient quand même d’en faire un personnage plus intéressant. Peut-être même plus intéressant que Loomis » . Lors du tournage des séquences finales du film, Loomis frappe Myers avec une planche de bois avec violence. Laissant extraire les tensions du plateau, Donald Pleasence se déchaîne plus que de raison. L’équipe sur le plateau a eu le sentiment que l’acteur allait tuer Don Shanks, interprète de Myers dans le film. Le cascadeur se souvient que Donald Pleasance lui a accidentellement cassé le nez lors de cette séquence, preuve de l’atmosphère crue et imprévisible qui régnait sur le film.

Discussion entre Pleasence et le réalisateur sur le tournage

Le directeur de la photographie Rob Draper a d’autres souvenirs de Donald Pleasence, et se remémore un acteur professionnel accessible, impliqué et désireux de collaborer de la meilleure manière avec la caméra et la lumière. Il n’a aucun souvenir d’une star difficile, mais d’un acteur chevronné prêt à se dépasser. Notons que l’acteur et le personnage ne sont pas ménagés dans cette suite, qui demandait beaucoup d’efforts à l’acteur à déjà près de 70 ans. Les retours d’autres acteurs, dont Danielle Harris, allaient également dans ce sens, saluant la douceur de l’acteur, son humour et sa patience entre les prises : « C’était un homme adorable. On savait que c’était la star, car sur les plateaux, tout se passait à merveille. Il répétait son texte et était prêt à chacune de ses scènes. Il me traitait comme si j’étais l’un de ses petits enfants et était toujours d’une gentillesse incroyable. Je n’oublierai jamais le dernier jour de tournage du cinquième film, où il a dit aux producteurs : ‘Ma caravane reste. C’est celle de Danielle, c’est son film maintenant. C’est elle la star’. J’ai trouvé ça vraiment génial » . La notoriété de l’acteur dans la franchise a été un mystère pour Donald Pleasence, qui s’amusait à chercher une explication rationnelle à cet état de fait : « J’ai un public assez nombreux grâce à ces films. Je trouve ça plutôt flatteur. J’ai toujours mis un point d’honneur à interpréter Loomis de manière très réaliste, même si les films étaient incroyables, ce qui peut être une source d’attraction pour certains. Quant à cet être idolâtré par les adolescents, je ne sais pas. C’est sûrement une sorte de fixation paternelle. Ou peut-être qu’ils me trouvent charmant ! » .

sources : halloweenmovies, fangoria, halloweenfans

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