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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

PORTRAIT : SYBIL DANNING, L’ATOUT CHARME DU BIS

Née le 24 mai 1947 sous le nom de Sybille Johanna Danninger à Wels, en Autriche, Sybil Danning passe sa jeunesse entre son pays d’origine et les Etats-Unis. Approchée pour poser dans des magazines féminins et désireuse se percer dans le domaine de la beauté car consciente de ses charmes de nymphe aux allures germaniques, Sybil Danning décide de tenter sa chance dans le cinéma. Abonnée à des rôles au potentiel limité de productions érotiques tournées à travers l’Europe et principalement en Allemagne, France, Suisse et Italie (dont, pour ne citer qu’eux, Les Fantaisies érotiques de Siegfried ou J’ai avorté Mr le procureur), Danning se lasse de ces participations sans avenir et saute sur l’occasion d’un petit rôle de prostituée dans une production internationale tournée en France en 1972, Barbe Bleue, d’Edward Dmytrick et Luciano Sacripanti, aux côtés de Richard Burton, Raquel Welch, Amélie Delon ou encore Jean Lefebvre ! Le film lui permet d’élever le niveau des productions qu’elle rejoint, et on la retrouve dès lors dans Les trois mousquetaires et sa suite On l’appelle Milady (1973 et 1974), où son jeu d’actrice s’étoffe de davantage de répliques qu’une simple mise à nu (au sens littéral) à laquelle elle s’est habituée. Elle devient, à force de participations à des productions liées à un genre en pleine expansion (l’heroïc fantasy), une égérie du bis lui vaut une grande notoriété dans les années 80. Des films intemporels, aux forts accents kitschs, tels que Les Mercenaires de l’espace, Commando Panther et Les sept gladiateurs ou Hercule pour lesquels elle partage l’affiche avec le mythique bodybuilder inexpressif Lou Ferrigno. Sybil Danning porte un regard amusé et objectif sur la décennie en question, n’hésitant pas à élever son rang au niveau des plus grands emblèmes de cette époque : « C’était la période Star Wars, l’ère Reagan, où les hommes partaient en guerre et les femmes devaient être féminines et sexy. Les studios ne faisaient pas de films avec des personnages féminins forts et dominants. Que des films machistes, tels que Rambo, Commando, Predator… Les années 80 étaient les années Schwarzenegger, mais aussi les années Sybil Danning ! » .

Sybil Danning et Lou Ferrigno sur le tournage d’Hercule (1983).

Traversant durant sa carrière les genres et les pays avec force et détermination, Sybil Danning se forge une réputation d’égérie grâce à laquelle elle prône une forme de féminisme, de rébellion et d’émancipation de la femme : « Quand j’ai commencé à tourner dans des films en Autriche et en Allemagne dans les années 60, les films « sexy » étaient tendance. Quand je suis arrivée à Hollywood dans les années 80, les films « machos » étaient monnaie courante. Donc l’unique moyen de jouer des femmes à la fois fortes et sexy était de participer à ces films de série B qui présentaient les femmes comme sexy et fortes. C’est si fantaisiste. Dans un sens, c’était une chance pour moi d’interpréter à la fois ce côté sexy et fort dans mes personnages, étirant davantage encore ma liste de fans à travers le monde ! » .

Des personnages aux costumes hauts en couleurs

Ses rôles au cinéma s’émancipent également, devenant plus profonds mais toujours provocateurs. Sybil Danning s’en amuse, sa volonté étant de ne surtout pas s’ennuyer dans le choix de ses rôles ou lors des tournages. Elle devient une odieuse dirigeante d’une prison pour femmes dans Les Anges du mal, un film réalisé en 1983 par Paul Nicholas avec Linda Blair (L’Exorciste) et John Vernon (Curtains), ou une femme jouant avec le feu et la jeunesse de son élève face à son mari jaloux (Andrew Prine, vu dans la série « V » ou le métrage Lord of Salem de Rob Zombie) dans le film Jeu mortel (They’re playing with fire), réalisé par Howard Avedis (Cérémonie mortelle) en 1984. Elle bascule ainsi de petits rôles dans de grosses productions à de grands rôles dans des petites, régnant en grande prêtresse du bis et conquérant le cœur d’une communauté de fans fidèles et adeptes de ses sulfureuses prestations. C’est ainsi qu’elle écope en 1985 du rôle titre dans Hurlements II, suite du chef d’œuvre de Joe Dante, que cette suite ne cherche absolument pas à détrôner : « On ne peut pas comparer Hurlements et Hurlements II. La séquelle est un film fun, un divertissement qui a eu un gros succès international » déclare Sybil Danning.

Sommet du bis, Hurlements II ne laisse pas indifférent…

Le but est toujours de s’amuser : « Nous tous, y compris Christopher Lee, avons éprouvé beaucoup de plaisir à jouer dans le film » . Le métrage, écrit et réalisé par Philippe Mora, joue la carte de l’improbable fourre-tout (sans jamais être véritablement une parodie), alliant costumes kitsch à effets spéciaux criards, le tout étalé sur un scénario écumant tous les clichés sur les loups-garous et les scènes d’action d’un autre temps. Il n’en fallait pas moins pour faire de ce méli-mélo un film culte qui lança une franchise de sept opus en moins de quinze ans. Dans Hurlements II, Sybil Danning surjoue la maîtresse de la communauté lycanthrope, baptisée Stirba, et prend un plaisir certain à déambuler dans les tenues affriolantes qui lui sont spécialement concoctées. Si on s’interroge encore sur la présence de Christopher Lee dans la débâcle visuelle et scénaristique qu’est ce film qu’on ne peut prendre qu’à la rigolade, on comprend que Sybil Danning est à l’apothéose de sa carrière, toujours tournée vers le nanar décalé et  l’envoûtant second (voire troisième) degré. Cherchant toutefois à laisser derrière elle le besoin mécanique de se montrer dans le plus simple appareil, Danning accepte toutefois de tourner une séquence durant laquelle elle arrache sa robe pour laisser apparaître son opulente poitrine. Les producteurs, souhaitant surfer au maximum sur l’aspect craspec et sexuellement ensorcelant de son thème, n’arrivent pas à se contenter des scènes orgiaques entre loups-garous que le film étale comme une lourde mayonnaise, et exploite dès lors la séquence de ce dévoilement de seins à dix-sept reprises durant le générique de fin. Découvrant la scène lors de la diffusion du film, Sybil Danning est d’abord furieuse, puis se résignera devant les retours passionnés du public. Elle le rappellera dans notre interview exclusive : « J’ai demandé au producteur John Daly de couper la fameuse scène de la « déchirante » ouverture de ma robe à la fin du film. Cette scène était dans mon contrat, mais je n’aurais jamais pensé qu’elle serait utilisée à tort et à travers dans le générique de fin. Croyez-le ou non, il a finalement réduit le nombre de fois où la scène a été utilisée, sans la couper totalement. Il pensait que ça fonctionnait bien. Je n’ai pas immédiatement soutenu le film, mais je me suis inclinée devant le nombre de fans qui avait adoré le métrage. » . Lors de son exploitation en vidéo, Hurlements II s’accapare du titre Your sister is a werewolf, ou encore Stirba, the werewolf bitch, assumant définitivement son statut d’œuvre aux accents extravagants.

Sybil Danning aime les gros calibres, et ça se voit.

L’apogée de cette carrière décalée s’accompagne alors pour l’actrice de la création de sa propre maison de production « Sybil Danning’s Adventure Video » , qui se spécialise dans la distribution de films de science-fiction, d’action et d’exploitation à petits budgets. Vingt-six métrages s’enchaineront ainsi,  Sybil Danning ouvrant et fermant le bal de chaque opus, à la manière d’un Alfred Hitchcock présente, ou, dans un registre plus décalé, le Creeper des Contes de la Crypte ou Freddy Krueger dans sa série TV cauchemardesque Freddy’s Nightmares. Armée d’un katana, de fusils laser, de robes moulantes ou tops à paillettes, voire affublée telle une guerrière d’un commando, elle illustre toute l’idée représentative des films d’action des années 80 dont elle fait son fond de commerce. Aux États-Unis, son visage est indissociable des productions bis et écope du titre suprême de Reine de la série B.

Au début des années 90, alors qu’elle répétait une cascade pour un film, on lui découvre un problème vertébral de hernie discale alors non diagnostiqué jusque-là, qui l’oblige à s’éloigner des productions et mettre en pause sa carrière d’actrice. Elle épouse en 1991 le milliardaire allemand Horst Lasse et disparait des charts pendant plus d’une dizaine d’années. C’est au début des années 2000 que sa notoriété la remet sur le devant de la scène, après avoir été ambassadrice d’une équipe allemande de hockey sur glace, ou  lors de l’élaboration du projet de Robert Rodriguez et Quentin Tarantino : Grindhouse, après que le public ait plébiscité son retour sur les écrans. Elle est contactée pour tourner les séquences des fausses bandes-annonces de Werewolves Woman of the SS aux côtés de Sheri Moon Zombie et Udo Kier. Elle exprime alors le souhait auprès de Rob Zombie de rejoindre la casting du remake d’Halloween en 2007. Le réalisateur lui accordera cette requête par l’écriture d’un petit rôle spécialement pour elle : celui de l’infirmière Wynn, assassinée à coups de fourchette par Michael Myers. Après quelques projets fantastiques jusqu’en 2010 (la série télévisée The Lair où s’entremêlent les thématiques gay et vampires, ou le film de science-fiction Virus X), Sybil Danning participe principalement à des conventions lui permettant d’aller à la rencontre de ses fans à travers le monde dont toutes celles consacrées à la saga Halloween (notamment l’édition de 2008 baptisée Halloween 30 years of terror) : « Comme beaucoup de mes fans ont pu le remarquer, j’ai fait une longue pause de plusieurs années, sans faire de films, et ce pour des raisons personnelles. Je suis revenue vers le cinémil y a quelques années, puis vers les shows de fans, relançant un peu ma côte de popularité durant ces événements comme l’a été cette convention en 2008. J’accepterai de jouer dans des films, aussi saugrenus soient-ils, tant que mes fans voudront me voir à l’écran. J’ai obligation auprès d’eux ! Ce sont mes fans qui m’ont redonnée l‘envie de revenir sur le devant de la scène, qui m‘ont inspirée, et je veux leen remercier » . Incontestablement, son amour pour le public n’a d’égal que celui que ses fans lui portent en retour depuis le début de sa très prolifique carrière.

À près de 60 ans, plus que jamais reine toute puissante.

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L’INTERVIEW EXCLUSIVE DE SYBIL DANNING

(sources et images : zeshapehalloween,
IMDb, sybildanning.net, nanarland.com)

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