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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : THANKSGIVING, LA SEMAINE DE L’HORREUR (2023)

Saluons de prime abord les distributeurs français qui ont ajouté la mention « semaine de l’horreur » au titre de Thanksgiving comme l’ont fait ceux d’Halloween il y a 45 ans avec « la nuit des masques », pensant que le public de l’Hexagone ne saurait en quoi une nouvelle fête américaine consisterait. Ne sous-estimons pas non plus le pouvoir de cette emblématique consécration outre-atlantique pour mériter aussi tardivement l’honneur d’un slasher movie (à l’heure où on pensait que tout le calendrier y était passé), pour apporter une touche de fraîcheur au genre. De par son retour derrière la caméra, Eli Roth (Hostel, Cabin Fever, pour ne citer que les bons) promettait de faire de ce slasher un monument d’angoisse et de fun, comme à son accoutumée. Si le résultat n’est pas à la hauteur, c’est malheureusement pour des raisons aussi simples que malvenues, qu’on pourrait cataloguer au mieux d’un accident de parcours, et au pire de vile paresse.

Que les festivités commencent !

Thanksgiving est la nouvelle adaptation des fausses bandes-annonces réalisées en 2007 pour le film Grindhouse, le double programme signé Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Signant dès lors lui-même l’adaptation du scénario de ce teaser, Eli Roth traite d’un tueur impitoyable, paré sous le masque de pèlerin du gouverneur John Carver, qui terrorise les habitants d’une petite ville du Massachusetts. Le film s’ouvrira sur une séquence incroyable : celle de l’imminente ouverture d’un supermarché lors du black friday, durant laquelle une succession de petites actions mène à d’effroyables conséquences. On sent immédiatement que le ton est dramatique, bien que les effusions gores (encore légères, au vu de ce qui va suivre) durant cette émeute soient déjà estampillées de quelques marques humoristiques ou grossières. L’impact est toutefois immédiat, et la folie bel et bien présente. C’est après que tout se gâte, quand le tueur se pare de son costume et s’attaque à celles et ceux qu’il estime être responsables du carnage du supermarché de cette scène d’ouverture. D’emblée, les suspects, mêlés aux palmarès des victimes potentielles, sont nombreux. Mais il se dégage malheureusement beaucoup trop tôt des indices de taille sur l’identité de l’assassin, et de son mobile dans la foulée, rendant toutes les tentatives de duper le spectateur ou l’héroïne complètement foireuses, voire improbables. Ce manque de subtilité dans la trame n’est pourtant pas le reproche principal, puisque le film est finalement d’une grossièreté générale assez malvenue, après une introduction diablement efficace.

Des scènes amusantes et très mal réalisées…

Les meurtres, qui représentent (avouons-le) une grande partie de l’intérêt porté au film, sont certes ou surprenants (le trampoline, le four) ou explosifs (la scie circulaire, le couteau électrique), mais dépourvus de suspense. Ceux-ci sont mise en bobine de façon expéditive, aussi foudroyants que des jump scares, mais tout aussi brefs et gratuits. En gros, aussi amusants puissent-ils paraître, ils sont aussitôt vus, aussitôt oubliés. La faute aussi à un recours mécanique à des effets spéciaux très patauds (effusions de sang ou de tripes en CGI à ne plus en croire ce qu’on voit), rendant le film un peu amateur. Dommage, quand on voit les quelques idées empruntées aux illustres représentants du genre des années 80 et 90. Impossible de ne pas citer Halloween, Souviens-toi l’été dernier ou Happy Birthday to me, parmi d’autres clins d’œil assumés et particulièrement savoureux. Le look du tueur et son habilité à manier des armes plus surprenantes que la bête hache, est non sans rappeler par sa gestuelle le tueur de Mortelle St-Valentin (2001, et un des derniers bons slashers façon old school), bien que cette comparaison s’arrête au moment où Thanksgiving s’attèle davantage à pasticher son scénario de litres de sang très collant. Ce contraste général entre une trame très prise au sérieux, doublée de personnages et dialogues assez insipides, et la mise à mal de morts gores et hilares dessert finalement au métrage, ne lui permettant définitivement pas d’être mémorable ou (au moins) un véritable satire sociale ou un fleuron du genre.

Dans la peau du tueur, on aurait aussi envie de tous les buter…

Cette intrigue bourrée de références pétillantes, de personnages creux et de mobiles éventuels mène malheureusement à un épilogue dépourvu de surprise ou même d’intérêt tant le film méritait un peu plus de consistance dans le dévoilement de l’identité de son tueur, sans réduire son impact par un énième manque de tension ou d’aura dramatique. Le métrage a beau durer 105 minutes, tout est expédié sans véritable forme ou passion, comme si le cahier des charges devait être respecté à la lettre sans qu’Eli Roth y injecte un peu de ses tripes (qu’il préfère finalement indiscutablement extraire à ses victimes dans le film). Quelques détails bienvenus viennent faire croire que les braises sont en train de prendre (le tueur qui nourrit le chat avant de quitter la scène de crime, l’idée du dressage de la table évolutif via des posts Instagram, la scène de la parade avec la mascotte décapitée), mais retombent comme un soufflé par manque de consistance. À noter, pour l’anecdote, que le chat est celui du remake de Simetierre (2019) et sans aucun doute le meilleur acteur du film (dans une scène savoureuse et pour une fois bien rythmée). On ne retiendra finalement en tout et pour tout de Thanksgiving que cette folle et extraordinaire scène d’ouverture, digne d’un court-métrage isolé, et présentant, malgré tout ce qu’on pouvait attendre, une cascade de situations plus riches et noires les unes que les autres. Il est regrettable que la suite ne soit pas à la hauteur.

Patrick Dempsey, près de 25 après Ghostface, à la charge d’un nouveau tueur en série…

Au casting, notons les trop rares Patrick Dempsey (Scream 3), assez convaincant dans le rôle du shérif de la ville, et Gina Gershon (Showgirls, Bound, Volte/Face), et au registre de la chair à canon nouvelle génération la novice Nell Verlaque, et le dernier prototype aseptisé de chez Disney Milo Manheim. Le film, tourné à Toronto pour économiser sur le budget (15M$), a tout de même été un succès suffisant aux Etats-Unis (45M$ de recettes), fort peut-être de la notoriété de cette fête outre-Altlantique, menant fatalement à envisager une suite, promise pour 2025. Les survivants (étonnamment nombreux, ce qui d’ailleurs est un point fort dans la tentative de se montrer surprenant durant l’épilogue) y projetteront les sévices douloureux de cette expérience traumatisante, via le retour de ce tueur au design tout à fait digne de renouveler l’expérience avec, on l’espère, tout autant de panache, mais davantage de retentissement.

THANKSGIVING, LA SEMAINE DE L’HORREUR (THANKSGIVING)
UN FILM DE ELI ROTH, USA, 2023
● les + : Un tueur MOTIVÉ QUI RAPPELLE LES MEILLEURES HEURES DU SLASHER MOVIE.
● les – :
UN SCÉNARIO TIRE-AU-FLAN QUI MANQUE CRUELLEMENT DE SUSPENSE.
● les meilleures séquences des films :
lA SCÈNE D’INTRO, complètement folle, et quelques mises à mort pas piquéeS des hannetons.
● les pires scènes des films :
des tueries souvent expédiées à la va-vite, ou sous couvert d’effets-spéciaux douteux, au détriment de toute tension OU Crédibilité.
Verdict : *****

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