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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : FINAL SCREAM (2001)

David DeCoteau reste aux yeux d’un bon nombre de personnes un grand mystère (inaccessible, on vous l’accorde, mais ce n’est pas le problème). En fait la question est bien plus simple, et elle ressemblerait un peu à ça : quelle est la raison qui lui permet de tourner autant de films ? On a beau chercher ses motivations, le flou est total. Serait-ce la quête d’un artiste, de chercher toujours le meilleur scénario pour aboutir à un chef d’œuvre ? En jetant un œil sur sa filmographie, on est en droit d’en douter. On ne peut pas dire non plus que la réalisation soit particulièrement le fort du personnage (pas de fins jeux de caméras ou d’effets intelligents, on a même tendance à voir toute l’équipe technique en reflet dans les lunettes de Kristin au début du métrage lorsque celle-ci parle avec Doug). À savoir également que Monsieur David a tourné ce Final Scream/Final Stab dans la foulée de La Légende de la Momie 2 et Vaudoo Academy, tous les trois durant le même mois (dont Final Stab en 5 jours) et dans le même endroit : la maison d’un ami. Là, c’est sûr, c’est du travail de pro. Cerise sur le gâteau : les acteurs sont toujours les mêmes, chez David. Un peu de Brotherhood, un peu de Leeches. C’est la bande à David, toujours sur le coup pour des films hors du commun. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, Final Stab… est plutôt bon !

« Oh mon dieu mais on joue trop mal !! »

Si on peut reprocher comme souvent une mise en scène qui manque de soin ou un scénario dont les dialogues sont dépourvus de consistance ou des effets sanglants plus qu’amateurs, dans le cas de Final Stab, ces erreurs semblent bien moins flagrantes. Le film s’est longtemps appelé Scream 4, avant que Dimension ne sorte les dents, obligeant le réalisateur à jouer sur un autre versant en copiant la saga Scream par le recours à son alter ego Stab. L’ironie voudra que la France renomme le film Final Scream, relançant ainsi la proximité des deux films pourtant diamétralement opposés), relate une histoire pas complètement originale mais déjà bien réjouissante comparée à des métrages consternants tels que La Légende de la Momie 2 ou  Shriek. Ici, c’est un groupe d’amis qui est réuni par Kristin car cette dernière souhaite faire un sale coup à sa sœurette mal-aimée et son petit ami en leur faisant croire qu’un tueur est en train de tous les traquer. Pour cela, elle a loué les soins d’un acteur pour jouer le dit tueur masqué. Mais un véritable tueur prend rapidement le relais, et les « joueurs » viennent à tomber comme des mouches.

Dans Final Stab, le tueur surgit toujours par derrière…

Pour surfer sur la vague du film dans le film instauré à bon escient par Wes Craven dans Scream 2, DeCoteau joue avec ce que la farce peut apporter, en comparaison avec la réalité. Croyant avoir à faire à de faux meurtres, les jeunes ne prennent même plus le soin de tâter le pouls de leurs camarades jonchant le sol. On sourira face à une telle ironie, même s’il est toujours possible de faire la distinction entre un faux couteau dans le dos et un visage couvert de sang. Quoiqu’il en soit, la mascarade est la part la plus réjouissante du métrage. Les clins d’œil et les références aux films d’horreur sont un peu risibles et n’aboutissent pas à grand-chose. Halloween et Vendredi 13 sont régulièrement cités, tout comme Jamie Lee Curtis, mais sans réelle profondeur. Scream 3 sera par contre plus viscéralement calqué, alors que le métrage de Wes Craven n’est sorti que l’année précédente. Mais la marque de fabrique de DeCoteau étant la rapidité de traitement, on ne s’étonnera finalement pas d’y trouver ce type de plagiat. On aura aussi droit à l’autre empreinte inéluctable de DeCoteau, avec une surexposition de corps masculins imberbes et musclés (de la douche à la scène de lit, en passant par tous les subterfuges nécessaires au dévoilement d’un petit biceps ou d’une belle rangée d’abdominaux). Et les vilains secrets dépeints dans l’intrigue serviront aussi à ajouter au scénario une ancienne relation homosexuelle pour le héros via un chantage l’obligeant à faire partie de la mascarade. Si certains passages prêtent au fou rire, on ne pourra pas omettre l’originalité et la cocasserie de ces dites situations. On pensera donc plus à Week-end de Terreur qu’à Scream, le tout étant de rester dans la parodie sans trop glisser vers le mauvais goût. Nous ne sommes qu’au début des années 2000, mais ce type de production visait déjà à élargir le public habituel adepte des petits produits télévisuels. Car oui, il faut tout de même admettre que Final Stab s’adresse plus à un public gay qu’aux aficionados des slashers purs et durs.

On sourit ? Le petit téton va sortir…

Les acteurs ne sont pas des plus convaincants, surtout quand la plupart a déjà été vu dans des précédents navets du réalisateur, mais les revoir à l’image, c’est comme retrouver de vieux copains pour de nouvelles aventures. On n’est pas dupe et on sait qu’ils finiront tous par fondre sous les coups de lame du tueur. Alors pour couvrir un peu l’ensemble, on a droit à un festival de râteaux envoyés d’un personnage à un autre, comme si derrière les apparences festives, tous les protagonistes se détestaient… Si l’on ne cherche pas véritablement qui se cache derrière le masque avant la révélation finale, on peut quand même trouver son contentement dans les meurtres certes peu originaux mais toutefois assez barbares. Ici le tueur court et larde à grands coups. Et les jeunes n’y croient finalement lorsque la lame leur passe au travers. C’est dès lors la fin de la plaisanterie pour eux. Et certains auront la surprise dure à digérer (le gars qui reçoit un coup de couteau dans le dos, crache ses tripes puis s’écrit : « Oh merde mais on dirait que je saigne !« ). C’est donc sans réel ennui mais loin de toute tension qu’on arrive au final du métrage, un peu houleux mais pas totalement débile. Si les mobiles apportés peuvent sembler rasoirs ou ahurissants, tous les mystères ne sont pas levés. Restent quelques interrogations subjectives auxquelles le spectateur devra répondre par lui-même, les dernières minutes du métrage étant particulièrement propices à réaliser le véritable pot aux roses. Ce ne sera pas au meilleur goût de tout le monde, évidemment, mais ce genre de complexité n’est pas à omettre, surtout dans un pareil film. En bref, il s’agit-là d’un slasher intéressant, bien plus finaud qu’il ne paraît au premier abord. Il se trouve même que Final Scream a fait longtemps défaut à un futur Halloween Resurrection qui surfait un peu sur la même trame et qui dut pour la peine revoir l’ensemble de son scénario. Alors, le secret de David DeCoteau… une hyperactivité sous-jacente, un souci d’esthétisme, une quête irrémédiable du chef-d’œuvre absolu ? On penchera plutôt sur une constante envie de s’amuser. Car s’il doit y avoir un réalisateur qui s’éclate dans son boulot, c’est bien David DeCoteau…

FINAL SCREAM (FINAL STAB), UN FILM DE DAVID DECOTEAU, USA, 2001
● les + : une adaptation des codes à la manière de Scream, et surtout un slasher comme on ne s’y attendait pas forcément de la part de David DeCoteau. Une agréable surprise !
● les – :
des situations trop peu exploitées et des acteurs de troisième zone qui confèrent à l’ensemble une grosse impression d’amateurisme.
● les meilleures séquences du film :
les meurtres (en tout cas les vrais)
● les pires scènes des films :
les dialogues ennuyeux et coups de théâtre un peu moisis…
Verdict : *****
Dans le même genre :
Swimming Pool, la piscine du danger, un tueur qui boit la tasse…

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