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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

Halloween : quand la critique attaquait le film de John Carpenter

Aussi révolutionnaire soit-il, un film qui a trop de succès ça énerve la critique. Et lorsque la critique se montre critique, ça donne parfois dans la mauvaise foi. Dès lors, quand Halloween sortit dans les salles américaines en octobre 1978 et que le phénomène se mit en place, la presse se mit à réanalyser un film qu’elle avait adoré lors de sa sortie. Myers n’était plus l’incursion fantastique dans le quotidien innocent de trois jeunes filles, mais la représentation iconoclaste dénonçant les dérives blasphématoires de la jeunesse américaine. Une distinction exagérée a été avancée sur l’ingénue Laurie, comparée aux exubérantes Annie et Lynda. Revue du traitement :

Après que le croquemitaine ait été présenté comme le Mal à l’état pur, il est revu comme le punisseur d’une jeunesse adepte de la fumette et des amourettes frôlant la luxure, jeunesse dépravée incarnée par Annie et Lynda (ont-ils oublié que Laurie partage le joint d’Annie, et qu’elle rêve en secret du jeune et beau Ben Tramer ?). Halloween prônerait donc la chasteté et l’innocence de l’héroïne pour survivre à la cruauté du monde. Aujourd’hui, fort heureusement, les mœurs ont changé.

Toutefois, cette débâcle de la critique aura contribué à mettre en avant ce qui par la suite a donné naissance aux clichés imparables du slasher (règles citées dans Scream, qui grâce à son hommage parodique a relancé une mode qui pataugeait dans la redite). Et l’imprudent (ou novateur) qui se risquerait à ne pas les inclure dans son film serait de nouveau immédiatement catalogué comme blasphématoire. Impossible de s’émanciper, le slasher est devenu un genre fermé dès sa création, et cela est pour beaucoup la conséquence de cet abus de critique à l’égard du film de Carpenter. Ce dernier rit de ce traitement, et ne le considère pas si sévère. Après tout, il a participé à la notoriété du film et l’a inscrit comme modèle d’une longue lignée d’ersatz considérés comme de pâles photocopies. Et ces fameuses règles, pour qui les aurait déjà oublié, sont d’une simplicité et d’une ringardise aberrantes. L’héroïne est vierge, intelligente, discrète, et au final courageuse et triomphante face à l’adversité. Ses amies sont déjantées voire stupides, bavardes voire grossières, libérées voire libertines. Et elles passent toutes sous la lame du tueur. Quant à ce dernier, qu’il soit l’incarnation du Mal ou non, il est increvable. Comme la maladie, le remord, ou même la mort… voire le puritanisme américain.

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