cet article est une réédition d’une interview exclusive
accordée par Sybil Danning à ZeShape en 2010
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ZeShapeHalloween ● Bonjour Sybil ! Merci d’avoir accepté ma proposition d’interview !
Sybil Danning : Bonjour à vous ZeShape ! Et bonjour à tous les fans français !
ZSH ● Vous avez rendu les années 80 si… glamour ! D’où vous vient cette passion pour les films de série B, spécialement ceux du registre de la fantaisie ?
SD : J‘ai toujours été un garçon manqué quand j’étais enfant. Je ne jouais jamais à la poupée, mais je jouais avec les garçons, je grimpais aux arbres, etc… J’étais très active. Quand j’ai commencé à tourner dans des films en Autriche et en Allemagne dans les années 60, les films « sexy » étaient tendance. Quand je suis arrivée à Hollywood dans les années 80, les films « machos » étaient monnaie courante. Donc l’unique moyen de jouer des femmes à la fois fortes et sexy était de participer à ces films de série B qui présentaient les femmes comme sexy et fortes. C’est si fantaisiste. Dans un sens, c’était une chance pour moi d’interpréter à la fois ce côté sexy et fort dans mes personnages, étirant davantage encore ma liste de fans à travers le monde ! Selon certains aspects, les années 80 ont été le miroir des années 60. Barbarella a été fait dans les années 60, tandis que « mon » Battle Beyond the Stars a été réalisé en 1980. Le film de John Cassavetes, Gloria, également tourné en 1980, avec son personnage principal de femme forte, active et dominatrice, a été le premier et le dernier de sa lignée. C’était la période Star Wars, l’ère Reagan, où les hommes partaient en guerre et les femmes devaient être féminines et sexy. Les studios ne faisaient pas de films avec des personnages féminins forts et dominants. Que des films machistes, tels que Rambo, Commando, Predator… Les années 80 étaient les années Schwarzenegger, mais aussi les années Sybil Danning ! Pour moi, ça a commencé avec Battle Beyond the Stars de Roger Corman en 1980 et termina en 1989 avec L.A. Bounty. Entretemps : Hercules, Seven Magnificent Gladiators, Jungle Warriors, Warrior Queen, Chained Heat, The Tomb, Reform School Girls, The Phantom Empire, Amazon Women on the Moon, Hurlements II et autres. Je n’ai jamais été comparée à un homme, ni accusée de jouer comme un homme. Tous les personnages forts que j’ai joué étaient des personnages sexy et fantaisistes auxquels j’ai pu m’identifié, tout comme mes fans.

● Beaucoup d’internautes gardent un bon souvenir du film Hurlements II. Pourtant, bon nombre de fans n’a pas apprécié le film, notamment à cause de son côté parodique et décalé vis-à-vis du premier opus. La question est de savoir ce que vous pensez d’Hurlements II, du film original et de la saga en général.
Tous les rôles que j’ai accepté, je les ai considéré avec beaucoup de sérieux. Tout comme le légendaire Christopher Lee, avec qui j’ai tourné cinq films, j’ai estimé très sérieusement le rôle de la blonde Stirba, reine des loups-garous dans le cultissime classique Hurlements II. C’est cette sincérité qui traverse les âmes et qui font la loyauté de mes fans. Ils n’en attendaient pas moins ! Nous tournions en République Tchèque à cette époque, non loin de Prague. Je me souviens d’un agent du KGB, avec un écureuil mort en guise couvre-chef, qui surveillait chacun de nos faits et gestes. Le château dans lequel nous tournions, nous familiarisait avec l’univers des loups-garous, ambiance transylvanienne. Mes spectaculaires costumes en cuir ont été dessinés par Peter Mitchell, un australien qui était aussi le designer des costumes que porte Mel Gibson dans l’un de mes films favoris : Mad Max. Nous n’avions pas avec nous Rob Bottin, le créateur des loups-garous sur le premier Hurlements. Le réalisateur Philippe Mora [réalisateur australien né en France, NDR], reçut un carton d’Hollywood qui contenait des effets de chimpanzés ! Furieux, il lança aux producteurs : « On n’est pas en train de tourner La Planète des Singes ! » mais ils répondirent que nous devions nous débrouiller avec ce qu’ils ont envoyé. Nous tous, y compris Christopher Lee, avons éprouvé beaucoup de plaisir à jouer dans le film. J’ai demandé au producteur John Daly de couper la fameuse scène de la « déchirante » ouverture de ma robe à la fin du film. Cette scène était dans mon contrat, mais je n’aurais jamais pensé qu’elle serait utilisée à tort et à travers dans le générique de fin. Croyez-le ou non, il a finalement réduit le nombre de fois où la scène a été utilisée, sans la couper totalement. Il pensait que ça fonctionnait bien. Je n’ai pas immédiatement soutenu le film, mais je me suis inclinée devant le nombre de fans qui avait adoré le métrage. On ne peut pas comparer Hurlements et Hurlements II. La séquelle est un film fun, un divertissement qui a eu un gros succès international, et qui retrouve encore une nouvelle forme de succès à son édition en DVD. J’étais déjà chez Joe Dante. Je l’apprécie, et le respecte en tant qu’homme et en tant que réalisateur. J’aime beaucoup le premier Hurlements. Dee Wallace et moi sommes devenues amies, nous avons partagés beaucoup de choses, des conventions internationales, à signer des autographes et à répondre à des questions lors de panels face aux fans des deux films. Le réalisateur d’Hurlements II Philippe Mora, l’auteur de la série de nouvelles Hurlements Gary Brandner et moi avons grandement participé à la création de cette franchise de loups-garous. Gary a d’ailleurs signé le scénario de Hurlements II. Personnellement, j’adore la saga, et toutes celles concernant des loups-garous. ZeShape, je vous ai d’ailleurs envoyé un article qui m’a beaucoup plu, rédigé à la sortie de The Wolfman de Joe Johnston [sorti en 2010, NDR], qui mentionne mon nom à la toute fin.

● En effet. Un article très complet, merci à vous. Vous avez d’ailleurs œuvré dans plusieurs registres (horreur, science-fiction, charme, heroïc fantasy…). Mais dans quel genre auriez-vous aimé faire vos preuves ? Aimeriez-vous jouer dans un drame ou une comédie familiale par exemple ?
Je crois bien pouvoir dire qu’il est plus que clair que j‘aime l’heroïc fantasy, la science-fiction et le genre horrifique, le tout dans cet ordre. Ma mère, qui a 82 ans, a fait une vidéo de programme fitness la semaine dernière avec Jane Fonda. Jane était somptueuse dans Barbarella, réalisé par Roger Vadim, avec un ami cher à moi, le regretté John Phillip Law. La dernière fois que je l‘ai vu avant sa mort, c’était à une fête dans le manoir Playboy ici à Los Angeles. J’ai rencontré John et ai adoré jouer un petit rôle dans le drame La Jeune Fille Assassinée avec Mathieu Carriere. Jane a eu du succès dans le registre dramatique, a gagné des Oscars et a participé à des comédies. J‘admire les mélanges de registres. J’aime les films d’action comme Gloria de John Cassavetes et aimerais beaucoup interpréter un grand rôle féminin dans un film d’action dit « intelligent ».
● Vous n’avez pas été retenue pour le rôle de la James Bond Girl dans Octopussy, au profit de Maud Adams. Cela a-t-il provoqué un tournant dans votre carrière ?
Les rôles au cinéma vont et viennent. J’aime les films de la série James Bond et ai bien sûr été très déçue de ne pas avoir été choisie pour le rôle. Toutefois, j’ai été très heureuse de savoir que mon amie Maud Adams l’a eu. Mon agent m’a dit que je n’ai pas eu le rôle parce que monsieur Broccoli a pensé que j’avais trop de présence pour ce rôle avec Roger Moore. C’est bien dommage car j’ai rencontré Roger par la suite et nous nous entendions à merveille.

● Avez-vous déjà regardé la nouvelle série « V » ? Qu’en pensez-vous, ainsi que du succès de la série originale, qui a notamment également révélé Robert Englund au public ?
Les producteurs m’ont proposé de participer à la nouvelle série « V ». Malheureusement, ils sont ensuite revenus sur leur proposition en disant qu’ils se concentraient sur un casting jeune, pour un public jeune. Je ne suis pas d’accord avec le fait que tout le casting ait besoin d’être jeune pour toucher un auditoire jeune. J’aurais adoré être pour la nouvelle série « V« ce qu’a été Edward James Almos pour Battlestar Galactica, mais les puissants ont décidé et ont gagné. J’adore la série et les films originaux et suis persuadée qu’ils ont tous les éléments pour conquérir leur public. Par contre je n’ai pas vu la récente adaptation, mais je comprends qu’ils veulent aller dans une nouvelle direction. Je suis en contact avec le créateur et scénariste Kenneth Johnson, qui a les droits pour un nouveau film « V » pour les deux ans à venir. Il aimerait que je participe au film, ce qui nécessite encore des pourparlers avec les studios pour mener à bien le projet. J’espère qu’il y parviendra car Kenneth est le seul qui comprend encore réellement l’essence originelle de « V ».

● Connaissiez-vous Rob Zombie avant de tourner dans le remake d’Halloween ? Je me souviens que vous aviez révélé que jamais vous ne joueriez une infirmière ou une femme au foyer dans un film, estimant que ça devait être ennuyeux à mourir ! Pourtant, vous interprétez bel et bien une infirmière dans le film. Pensiez-vous que ça allait être moins ennuyeux de jouer une infirmière… tuée à coups de fourchette ?
(rires). Non, je ne connaissais pas Rob Zombie avant de tourner dans le segment Werewolf Women of the S.S., dans le Grindhouse de Tarantino. J‘ai adoré The Devil’s Rejects. J’ai dit à mon ami Ken Foree que j’aimerais beaucoup travailler avec lui. Il en a parlé à son tour à Rob et peu de temps après j’étais appelée pour participer à WWOSS. J’ai eu grand plaisir à collaborer avec lui, aussi lui ai-je fait part de l’intérêt que j’aurais à jouer dans sa version d’Halloween. Il n’avait pas de rôle pour moi et le casting était déjà complet, mais il m’a dit qu’il allait y réfléchir et qu’il me rappellerait. Au dernier jour du tournage de Werewolf Women…, Rob m’approcha et m’indiqua qu’il était en train d’écrire pour moi le rôle de l’infirmière Wynn, un personnage important car elle allait être l’ultime victime du « petit Michael » , frappée à mort avec une fourchette. J’ai adoré l‘idée et j’ai accepté. Saviez-vous que Rob Zombie était un fan de mon personnage dans Hurlements II ? Pour son anniversaire, je lui ai offert une copie DVD du film ainsi qu’un poster signé de ma main. Rob est un grand collectionneur d’archives.
● Connaissiez-vous la saga originale ? Quel est votre Halloween préféré ? Y a-t-il des opus que vous n’avez pas vu ?
Bien-sûr, je connais le premier Halloween et l’ai adoré, bien que je n’étais à l‘époque pas fan des films d’horreur. Je n’ai pas suivi le reste de la saga pour autant. Cependant, j’ai rencontré Sandy King, la femme de John Carpenter. Puis j’ai joué dans Warrior Queen, aux côtés de Donald Pleasence, avec qui j’ai passé de fabuleux moments. Il avait un grand sens de l’humour

● Avez-vous vu Halloween II, la suite du remake ? Que pensez-vous de la direction qu’a fait prendre Rob Zombie au personnage de Michael Myers ?
Oui. Non seulement j’ai vu le film, mais j’ai eu l’honneur d’aller à l’avant-première du film à Los Angeles sur Chinatown et dans les fêtes qui s’en sont suivies, avec Rob, sa femme Sheri, et les adorables Danielle et Scouty [Danielle Harris et Scout Taylor-Compton, NDR]. Je pense que le remake auquel j’ai participé avait une dimension sombre et profonde, des personnages intéressants qui fallait creuser et étoffer dans une séquelle, incluant Michael Myers. H2 de Rob Zombie a une aura phénoménale, une sonorité puissante et une formidable photographie.
● Si vous deviez vous retrouver face à face avec Michael Myers, là, à ce moment précis. Quelle serait votre réaction ?
Je le tue !!

● Pouvez-vous nous raconter quelques souvenirs de votre participation au tournage ?
Mon rôle, comme vous pouvez le voir, se résume à peu de choses. Je n’ai pas passé énormément de temps sur le tournage. Je n’ai pas eu besoin non plus de répéter ma scène indéfiniment. J‘ai joué mon rôle et ma scène et j’ai eu grand plaisir à le faire. J’ai rencontré Malcolm MacDowell pour la première fois à l‘occasion de ce tournage. Il est un grand fan de mon travail, et moi du sien. Nous avons donc travaillé ensemble dans le plus grand respect. Rob a demandé au responsable des maquillages et de la garde robe de faire en sorte que je ne sois pas une bombe glamour déguisée, mais une véritable infirmière. Ils ont réussi !


● Pouvez-vous partager avec nous vos souvenirs de la convention Halloween 30 years of terror, les panels, et la rencontre avec les fans ?
Cette convention a été une vraie partie de plaisir ! Les fans de mes nombreux films étaient là. Et beaucoup de mes amis ont également participé à cet événement. Malek Akkad, les producteur et possesseur des droits de la franchise Halloween étaient présents et nous avons tous fait la fête ensemble. J’ai revu de vieux amis et m‘en suis fait de nouveaux. Je ressens une grande fierté de rejoindre la communauté d‘une si grande saga, si importante pour les fans, si populaire et qui a su traverser plusieurs décennies.
● En parlant de cette fête avec Malek Akkad qui a clôturé le premier jour de convention, j’y étais également. Je me souviens vous avoir vu danser sur Thriller de Michael Jackson. Vous étiez fantastique et aviez vraiment l’air de vous amuser. Vous vous en souvenez ? J’ai immortalisé ce moment dans une petite vidéo postée en ligne sur YouTube.
Oh oui, je m’en souviens très bien. C‘était une superbe soirée. J’adore danser, et qui peut ne pas danser sur Thriller ? Je connais John Landis et je suis d’avis qu’il a réalisé avec Thriller l’un des meilleurs clips jamais tournés. Cette nuit-là, l’essence de Thriller s’est emparée de moi, me lançant sur la piste. Personne n’aurait pu m’arrêter !

● Pour finir, parlez-nous un peu de vous, de vos projets actuels. Et un petit mot pour les fans français ?
Je produis actuellement un thriller vampirique : The Last Revenants, avec Joe Eckardt. Gardons contact tous les deux et je vous tiendrai informé de l’avancement de ce projet. Comme beaucoup de mes fans ont pu le remarquer, j’ai fait une longue pause de plusieurs années, sans faire de films, et ce pour des raisons personnelles. Je suis revenue vers le cinéma il y a quelques années, puis vers les shows de fans, relançant un peu ma côte de popularité durant ces événements comme l’a été cette convention en 2008. J’accepterai de jouer dans des films, aussi saugrenus soient-ils, tant que mes fans voudront me voir à l’écran. J’ai obligation auprès d’eux ! Ce sont mes fans qui m’ont redonnée l‘envie de revenir sur le devant de la scène, qui m‘ont inspirée, et je veux les en remercier. Je vous remercie donc également vous, les fans français, pour votre loyauté ! Merci d’être là depuis toutes ces années. Je vous aime. J’aime la France. Paris est ma ville européenne préférée. J’aime travailler en France et j‘espère en avoir à nouveau l‘occasion dans un futur proche. Et je t’adresse tout spécialement à toi, ZeShape, des remerciements chaleureux pour ta patience, ton intérêt et ton travail. Merci de m’avoir donné l’opportunité de communiquer avec mon public français.
