Le débat a de passionnant la place qu’a réussi à s’octroyer Halloween III dans le cœur des fans avec les années. Canard boiteux jusqu’à la fin des années 2000, le film de Tommy Lee Wallace, réalisé en 1982, reposait sur une véritable intention de John Carpenter de dévier la saga du personnage de Michael Myers pour s’orienter vers une anthologie dédiée à la fête d’Halloween. Le public de l’époque s’insurgeait de n’y trouver le croquemitaine au masque blanc (un peu comme la nouvelle génération découvrant le film aujourd’hui) et ne comprenait pas ce virage à 180° au milieu de la mode du slasher et de l’avalanche de tueurs psychopathes sévissant dans les salles.

Aujourd’hui, avec 13 films au compteur, la saga Halloween semble être passée par toutes les étapes qui lui étaient possible d’illustrer. Les suites, les suites des suites, les opus alternatifs, ceux qui s’ignorent, les remakes, reboots, requels et tutti quanti, ont envahi les écrans au point de perdre parfois son public et l’approbation de la critique. Qu’importe, la longévité a profité à Michael Myers (et surtout à ses producteurs) au point de se demander sous quelle forme il réapparaîtra un jour. En l’attente, au jeu de la quête de la meilleure suite à Halloween de John Carpenter, bon nombre d’aficionados s’est cassé les dents, jusqu’à considérer l’éventualité que le meilleur opus après l’original puisse finalement être celui qui n’a pas embarqué Michael Myers à son bord. Les sites Cinemablend et Movieweb se sont penchés sur la question. Mieux : avant même de se demander si Halloween III est ou non la meilleure séquelle, ils sont l’un et l’autre partis du principe qu’elle l’est bel et bien. Les arguments se détaillaient en plusieurs points.

LA VAGUE DE FRAÎCHEUR QU’HALLOWEEN III REPRÉSENTE :
Il est le rare opus à se démarquer assez de son modèle pour ne pas souffrir de la redite. Il honore ainsi le souhait originel de John Carpenter pour la saga. Et il embrasse l’absurde en mélangeant l’horreur et la science-fiction, déconstruisant son propre récit en mettant les spectateurs en immersion d’une enquête incongrue, au même titre que ses personnages principaux, ne sachant à aucun moment où l’intrigue va les mener…
L’AVANT-GARDISTE DE SON ÉPOQUE :
Season of the witch aborde des thèmes importants tels que l’hystérie de masse, le contrôle mental et les conspirations gouvernementales, ce qui fait de lui l’Halloween le plus politiquement fort, et démontre un profond engagement envers le format d’anthologie, comme le macabre chapitre d’une série de science-fiction et d’anticipation. Il dénonce l’emprise de la télévision sur la jeune génération tout en jouant subtilement sur les barbaries ancestrales de la sorcellerie païenne ravageant les enfants dans les populations celtiques.
IL EST LE PLUS REPRÉSENTATIF DE LA FÊTE D’HALLOWEEN :
Si la plupart des films a tenté d’induire la fête d’Halloween dans l’ambiance générale, Halloween III reste le film qui y parvient le plus, faisant reposer son essence au cœur de la fête. Il n’est plus que question de couleurs d’automne ou de costumes effrayants, mais de la nature-même de la fête d’Halloween, son origine mystique, ses coutumes étranges, et son but dévastateur.

IL NE SOUFFRE PAS DE LA COMPARAISON :
Si le public attend par défaut qu’une suite réitère la formule originale, il n’est pas établi qu’une séquelle ne soit pas un véritable nouveau chapitre. Sans Michael Myers à son bord, Halloween III ne donne pas dans la redite, et développe une trajectoire riche et bénéfique. Doté d’une esthétique originale, en plus de l’histoire qu’il dévoile, il sort des sentiers battus au point même de se retrouver inclassable dans une saga à laquelle il ne souhaite finalement pas appartenir.
SON HISTOIRE EST UNIQUE ET INTEMPORELLE :
Le miracle de la science-fiction des années 80 repose sur la magie d’effets-spéciaux expérimentaux parfois kitsch et de subterfuges old school hautement convaincants. Symbole de son époque, Halloween III est devenu culte pour bon nombre de cinéphiles. Son intrigue, mêlant rites anciens, magie, sorcellerie moderne, androïdes, merchandising et horreur graphique ne peut qu’entrer dans la légende de la série B, ici avec la palme d’une trame lorgnant avec une noirceur rare à laquelle peu de métrages est venu se frotter. Un contexte alliant ancien et contemporain, un développement emprunt de suspense et de surprises, sans oublier une fin macabre et audacieuse.
UN FILM QUI OSE :
Sous couvert de la part science-fiction qui prête à l’imaginaire, bien plus qu’un film terre-à-terre opposant un tueur en série à ses victimes, Halloween III se permet d’aller au-delà de l’entendement, donnant vie à des mythes (Stonehedge, Samhaïn, voire même quelques références aux galaxies et aux sortilèges de la religion celte), et conjurant le bien pensant en s’attaquant frontalement à la vie des enfants. Le grotesque de son intrigue n’a d’égal que l’impertinence de son sujet et sa mécanique. En gros, il est un film assumant son statut à part, osant être tour à tour différent, percutant, bizarre, déconcertant, barbare, anticonformiste, paradoxal et surtout stupéfiant.
