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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

DOSSIER SOUNDTRACKS : HALLOWEEN H20, L’ORCHESTRATION ISOLÉE

Célébrant le noble anniversaire de la franchise en éradiquant purement et simplement toutes les suites depuis Halloween II, Halloween H20 marque également une cassure nette et pas sans bavure dans la composition de sa musique, jusque-là le fruit de synthétiseurs, pour mieux coller au genre mélodique insufflé par John Carpenter dans ses origines, et entretenues par ce dernier et Alan Howarth jusqu’au sixième opus. Cette fois pourtant, on déroule au projet le tapis rouge, et on offre au compositeur John Ottman (déjà fort de Usual Suspects, Goodbye Lover et Snow White : a tale of terror) la possibilité de diriger un orchestre pour la mise en boîte de ses partitions pour H20. Il n’en faut pas moins pour que l’artiste écrive des notes aux accents nostalgiques, des envolées lyriques du générique revu et corrigé, aux variations des thèmes de poursuite à grand renfort d’un suspense beaucoup plus mélodieux qu’à l’accoutumée.

L’album réunissant les partitions de John Ottman sur Halloween H20.

Mais la vraie surprise, c’est de ne pas trouver de bande originale officielle du film sur le marché, si ce n’est un album appelé John Ottman : portrait of terror, et réunissant en effet les 17 pistes de la musique du métrage de 1998. Quand on y regarde de plus près, la surprise laisse place à la perplexité, car si le thème orchestral magistral du film ouvre bien le bal du disque, on remarque assez rapidement que toutes les compositions du CD ne se retrouvent pas dans le film… et vice-versa. Et entre deux plans sur les coupures de presse relatant les événements de la nuit d’horreur dans le film, un autre nom apparaît dans le générique, au titre de « compositeur de la musique additionnelle » : Marco Beltrami. À la manière d’Halloween 6, où bon nombre de pistes du disque étaient signées par Paul Rabjohns et non Alan Howarth, Halloween 20 ans après semble avoir subi quelques interventions de dernière minute qui ont l’air de n’avoir augurer rien de bon pour le résultat final. Retour sur un nouvel affront orchestré par les éminences de la firme Dimension. Pour preuve, le compositeur John Ottman n’a découvert la modification de ses partitions qu’à la sortie du métrage en salles, en août 1998.

Trois B.O. dont les notes défilent dans Halloween 20 ans après

A la différence du cas d’Halloween 6, où il a été expressément demandé à Paul Rabjohns de composer des pistes pour remplacer celles d’Alan Howarth, les producteurs de Dimension pour Halloween 20 ans après ont eu un recours plus facile : celui de confier à Ed Gerrard d’assurer la supervision musicale en piochant dans le répertoire d’autres productions dont il gère le management. Gerrard inclut alors des extraits des bandes originales de Mimic, Scream et Scream 2, toutes signées Marco Beltrami, qui devient, sans n’avoir rien opéré sur Halloween H20, le compositeur additionnel de la musique. Son nom apparaît dès lors au générique, et certaines des pièces orchestrales maitresses d’Ottman reléguées à l’oubli. Ce sont ces versions originelles qui se retrouvent sur l’excellent Portrait of Terror disponible en format CD depuis octobre 1998. Le titre de l’album, bien que semblant être un hommage au travail de l’artiste, c’est qu’une autre pierre jetée à sa figure, puisque qu’elle vend sur sa jaquette « une bande original de l’horreur du compositeur de Usual Suspects, Un élève doué et Halloween H20 » alors qu’il s’agit en fait bien la de la bande originale d’Halloween 20 ans après et rien d’autre ! La différence la plus cinglante entre les pistes originales et les remplacements par Beltrami sont flagrantes, des grands élans nostalgiques et envolées mélodiques d’Ottman, on passe aux sonorités lourdes des cuivres et violons fous originellement accolées à l’univers de Ghostface. Si Ottman l’a pris comme une attaque personnelle regrettable, les fans ont surtout pu constater que le résultat final donne encore plus de similitudes entre ce septième opus de la franchise et la firme naissante Scream, s’ajoutant à son univers de fac de l’horreur et la patte de Kevin Williamson dans le scénario.

Marco Beltrami et John Ottman : les notes de la discorde

Du disque Portrait of Terror, tout dénote de l’univers trash et électronique des partitions antérieures dans la saga Halloween. Et pourtant, tout est agréable à l’oreille, comme une pause pour marquer l’anniversaire (le « Main title » est de la pure magie, prolongée par « Laurie » , « The evening begins » qui ressemble beaucoup à ce qu’Ottman offrira quelques années plus tard sur son Urban Legend 2, et l’inédit « Letting Go » ), et ce sans oublier d’intégrer de beaux moments de suspense (« Narrow escape » , « Death of a nurse » , « Face to face » et « Final confrontation » ). John Ottman maîtrise les notes et les émotions avec une dextérité rare, incorporant des moments bouleversants, tels que quelques notes des partitions de Bernard Hermann de Psycho pour le moment où l’actrice Janet Leigh se dirige vers le véhicule similaire à celui qu’elle conduit dans le film d’Alfred Hitchcock. Une référence sonore s’ajoutant à la visuelle, pour un effet qui sent bon la nostalgie. Notons également que certains morceaux de la piste « Rest Stop » , évincés d’H20, ont étrangement été repris dans le montage final d’Halloween Resurrection (scène où Laurie recrache les pilules pour les cacher dans sa poupée). Au final, des 13 films que compte la saga à ce jour, Halloween 20 ans après est le seul à avoir bénéficié d’un orchestre pour la musique, les autres sont toutes composées sur synthétiseur. On pourra apprécier ou reprocher le point principal de cette B.O, où le thème d’Halloween n’est jamais synonyme de peur viscérale, mais de mélancolie pure, celle qui ravive les souvenirs tragiques comme les flammes de l’enfer. Comme si le film était vu davantage comme un drame plutôt que comme un film d’horreur.

Depuis, deux albums non officiels baptisés l’un et l’autre Halloween H20 original motion picture soundtrack, ont débarqué en CD sur la toile (commandables sur ebay), pour réunir les morceaux de John Ottman et Marco Beltrami réellement présents dans le film. Le premier rassemble 21 pistes et suivant d’apparition dans le métrage. L’autre va plus loin et inclut les titres des Chordettes (« Mister Sandman » , en ouverture du film et rappel d’Halloween II), Sabelle (« Happy » , qu’on entend durant la soirée intimiste d’Halloween entre John, Molly, Sarah et Charlie) et Creed (« What’s this life for » , entendu dans le film et durant le générique de fin) et le morceau clôturant le film, thème d’Halloween issu du premier film, et signé John Carpenter. Le disque découpe aussi les extraits pour en proposer une réelle et large intégralité (incluant un petit booklet illustré et explicatif), avec en bonus une suite des morceaux écartés de John Ottman. À ce jour, et bien que non-officiel, il s’agit de la bande originale la plus étoffée du film.

LES MORCEAUX PRÉFÉRÉS DE ZESHAPE
(ISSUS DE L’ALBUM PORTRAIT OF TERROR) :
MAIN TITLE – LAURIE – ADVICE
THE EVENING BEGINS
FACE TO FACE – LETTING GO
DEATH OF A NURSE
FINAL CONFRONTATION
ROAD TRIP – FAREWELL, MICHAEL

DOSSIER HALLOWEEN SOUNDTRACKS :
LES BANDES ORIGINALES DES FILMS

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