Halloween 4, en 1988, marque une première cassure importante dans la saga, par le départ de John Carpenter au titre multi-casquette relevé jusque-là, à savoir scénariste, producteur et compositeur de la musique. Dorénavant entre les mains d’Alan Howarth sévissant seul à la barre de son synthétiseur, la musique allait à la fois entretenir les valeurs sûres de son thème principal culte actualisé pour l’occasion, et revoir entièrement sa copie, profitant du vent du changement opéré avec ce film.
Après avoir déployé son aura dévastatrice dans une maison (Halloween) et un hôpital (Halloween II), c’est la ville d’Haddonfield toute entière qui devient le théâtre de la folie meurtrière de Michael Myers dans Halloween 4. L’ambiance pesante et inquiétante se marque dès les premières secondes du disque (et du film), par le souffle du vent et des croassements de mauvaise augure. Au-delà de la musicalité habituelle, les partitions d’Halloween 4 exploitent donc davantage les effets sonores pour dépeindre une ambiance automnale et lugubre au rendu absolument incroyable. Le titre principal (« Halloween 4 : the return ») cède donc deux tiers de son morceau à ces entrecroisements soufflants avant l’arrivée lente et solennelle du « Halloween Theme » de légende, plus rythmé pour marquer au mieux cette attitude rock et pétillante propre à la seconde moitié des années 80. Les derniers récalcitrants à la découverte de ce disque seront définitivement convaincus par la piste suivante : « Jamie’s nightmare » , qui amène le thème doux et mélancolique de Jamie (pourtant une simple alternative du thème de Laurie des deux premiers films) et finit en une envolée mêlant angoisse et tambours battants. Le ton est donné : la musique de ce quatrième opus doit être percutante, voire foudroyante. En fait un protagoniste à part entière.
Alan Howarth maîtrise donc totalement son sujet, et on pourrait presque supposer que la directive en solo des thèmes composés à l’origine par John Carpenter lui insuffle également un renouveau. Avec « Return of the Shape » et « Myer’s finale » , il décompose la rythmique des thèmes de poursuites et de suspense avec une dextérité terrifiante. Michael Myers, surgissant du brouillard, devient une menace en musique sans même que les images de lui aient besoin de défiler sous nos yeux. « Garage » , « Be back by 9:30 » , « Schoolhouse » , « Downstairs alone » et « Power Compagny » sont une succession de ces élans tantôt sombres d’attente, tantôt assourdissants d’effroi. Même « Police Station » offre une version du thème d’Halloween sur un rythme de marche de guerre, tandis que les dernières notes de « Downstairs alone » déploient pour la première fois le thème d’Halloween (généralement déconstruit en rythme 5/4) en un 8/8 parfaitement synchronisé, et diablement efficace ! La maîtrise de ce suspense est complète et sans fausse note sur tout le disque, faisant d’Halloween 4 une des meilleures bandes originales de la saga, à la fois par l’illustration du film de Dwight Little qu’en tant que pistes isolées, pour frissonner un soir de pleine lune.
La bande originale d’Halloween 4 est sortie la première fois le 28 septembre 1988 en CD et K7 via Varèse Sarabande (11 pistes d’une durée totale de 38 minutes), avant une réédition du disque en CD version intégrale (15 pistes pour près de 53 minutes d’écoute) via AHI en 2011, dont on reprochera par contre d’avoir baptisé les morceaux sans logique et raccord avec les images qu’ils illustrent. En 2018, Halloween 4 a été réédité en un vinyle collector somptueux rejoignant le coffret des opus 1 à 5. Le titre principal, si ce n’est cette B.O. complète, est à redécouvrir d’urgence !
LES MORCEAUX PRÉFÉRÉS DE ZESHAPE :
HALLOWEEN 4 : THE RETURN
JAMIE’S NIGHTMARE
RETURN OF THE SHAPE
SCHOOLHOUSE
DOWNSTAIRS ALONE
MYER’S FINALE
