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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

SAGA HALLOWEEN : LE MAL DANS LE MASQUE, déclinaison de la théorie

Michael Myers est-il autre chose qu’un « simple » tueur masqué ? Y a-t-il autre chose derrière la symbolique de ce masque, hormis la tentative futile de se cacher ? Paut-on donner au masque de Myers une raison, un pouvoir, voire même une fonction ? Ce pouvoir peut-il s’étendre aux autres masques de la saga ? Retrouvez dans cet article les différents versants concernant le masque (ou pour dire vrai, les masques) de Michael Myers.

JOHN CARPENTER’S HALLOWEEN : DU CLOWN AU FANTÔME

Le scénario de John Carpenter et Debra Hill n’était d’abord pas précis au sujet du masque du tueur dans le film. Certaines approches parlaient d’un masque de clown ou d’un masque de monstre. Si ce dernier rejoignait trop explicitement le mythe du croquemitaine terrorisant les enfants, l’idée du clown était une première façon de trancher avec l’idée première, rassurante et amusante, qu’elle est censée générer. Cette idée a donc été gardée pour le premier meurtre de Michael Myers. Un enfant qui, comme possédé, tue sa sœur de nombreux coups de couteau. Dans la suite du métrage, Myers vole un masque parmi d’autre et use de ce faciès inexpressif pour perpétrer ses actes. Lorsque Laurie lui ôte son masque à la fin du métrage, Myers se retrouve soudainement démuni de sa force, comme coupé en pleine attaque, donnant à son masque le pouvoir de le parer de toute raison.

Blafard et inexpressif, le Mal à l’état pur selon John Carpenter.

HALLOWEEN II : L’ACCENT SUR LA SYMBOLIQUE

La suite de film de Carpenter s’accentue sur ce qu’il y a au-delà du masque. Par le générique tout d’abord, via le crâne derrière la citrouille, allégorie de la mort derrière le masque. Puis par la source de doute à l’issue fatale (la mort de Ben Tramer) et le dernier plan du film (le masque en feu). Au Canada, le film s’appellera même Halloween II : le masque. Fait étrange toutefois : ce film est le premier à laisser entrevoir les yeux de Myers derrière son masque, comme un conflit inaltérable entre ces deux aspects de la vie (les yeux) et de la mort (le masque inexpressif). Les larmes de sang à la fin du métrage sont d’autant plus l’allégorie de ces deux aspects conflictuels. Myers donne le sentiment de « pleurer » alors qu’il ne s’agit concrètement que du fruit de ses blessures coulant sur son masque.

Plus que jamais, le Mal derrière le masque.

HALLOWEEN III : ENTRE MALÉDICTION ET CONSPIRATION

Si un film de la saga avait concrètement mérité de s’appeler « la nuit des masques », c’est bien Halloween III. Faisant des masques d’enfants le nid d’une malédiction programmée, Cochran habille le mythe d’Halloween d’un nouveau versant sanglant. Ceux qui seront parés de masques ne seront plus les bourreaux, comme induit dans les deux premiers opus via Michael Myers, ou, par extension, dans les slasher movies ; mais l’objet d’une mort atroce. Ils ne sont plus ceux qui décident de la mort sur les individus, mais les réceptacles de la véritable malédiction du sorcier contemporain. À la découverte de l’intrigue alternative que représente Halloween III au milieu de la saga, le public pouvait même soupçonner que les masques maudits de Silver Shamrock avaient le pouvoir de faire des enfants qui les portent des tueurs à leur tour. À cela, Michael Myers aurait pu être, et ce dès l’ouverture du film original, le premier pantin de ce sortilège meurtrier Silver Shamrock.

Les masques Silver Shamrock renouent avec les origines ancestrales de la fête d’Halloween.

HALLOWEEN 4 : ÉMANCIPATION ET MULTIPLICATION

Déjà partiellement coupable de la mort de Ben Tramer dans Halloween II, Loomis est à la limite de reproduire son erreur et commettre un impair, lorsque de jeunes habitants d’Haddonfield s’affublent du masque de Michael Myers pour faire une mauvaise blague au shérif. Croyant un instant à un phénomène de multiplication, Loomis et prêt à sombrer en pleine folie. Myers, quant à lui, aura déjà perpétré de nouveaux meurtres, d’abord camouflé sous des bandages, telle une momie des temps modernes, avant de retrouver une pâle copie de son masque original dans le store de la ville. Par ce recours, et au lieu de choisir un nouveau masque (peut-être par le fruit du hasard comme en 1978), Myers signe de ce masque l’allure éternelle de son aura dans les films et dans les intrigues. À partir d’Halloween 4, d’ailleurs, toutes les affiches des films exposeront le masque de Michael Myers, à la différence des trois premiers films.

Au choix du masque dans Halloween 4, on aurait presque préféré que Myers garde ses bandelettes pendant tout le film…

HALLOWEEN 5 : L’HUMANITÉ DERRIÈRE LA FOLIE

Le port du masque est-il la source de la soif meurtrière de Michael Myers ? Incapable jusque-là de tuer à visage découvert, le croquemitaine tombera dans un sommeil profond pendant un an, jour pour jour, au début du cinquième opus de la saga. À son réveil, il s’empare de son masque pour se remettre à l’œuvre. Dans ce film, on renoue avec l’idée que Myers « joue » avec ses victimes avant de s’en prendre physiquement à elle. Dans La nuit des masques, Myers se camouflait derrière un drap et les lunettes de Bob, pour semer le doute dans l’esprit de Lynda. Ici, c’est en portant le masque de brute que Tina avait acheté à son petit ami qu’il perturbera la jeune fille lors d’une séquence sous haute tension. Après Tina, c’est le spectateur lui-même qui est dupé par un autre personnage du film, qui porte à deux reprises le masque du tueur en simulant une nouvelle attaque sanguinaire. Plus tard, à la manière de la séquence durant laquelle Laurie ôte de masque de Myers à la fin du premier film et anéantit le temps d’un instant la force de son bourreau, Myers enlève ici lui-même son masque lors de la scène où il fait part à Jamie de la plus profonde marque d’humanité qui vit en lui : ses larmes. Son masque, très vite replacé sur son visage, garde la concentration de toute sa colère, sa rage meurtrière, voire sa malédiction, comme en dépeint l’opus suivant.

Le tueur joue consciemment du pouvoir des masques dans Halloween 5.

HALLOWEEN 6 : Y A-T-IL UNE ÂME DERRIÈRE LE MASQUE ?

L’opus de « toutes les explications » a cherché à donner une dimension mystique au masque de Michael Myers. Même une auditrice de l’émission radio de Barry Simms exprime toute sa curiosité de savoir ce qu’il y a derrière ce masque. Agressée par le croquemitaine, Kara tentera désespérément d’ôter le masque de son assaillant, dans une tentative vaine d’arrêter sa folie meurtrière. Dans la version producer’s cut, Myers, délivré de la malédiction de Thorn, habillera son ancien mentor de son masque comme subterfuge à sa fuite des murs de la clinique de Smith’s Grove. Un recours surprenant de la part de celui-ci qui peinait à se délier de sa parure jusqu’à lors.

Le masque contenant une rage meurtrière implacable dans Halloween 6.

HALLOWEEN H20 : LE SUBTERFUGE FINAL

À la fin d’Halloween 5, Myers était arrêté et jeté en prison… avec son masque. Bien que grossière, cette aberration est reconduite dans le final d’Halloween 20 ans après, lorsque le corps de Myers est emballé dans un sac mortuaire, le masque encore collé sur le visage. C’est d’ailleurs grâce à ce détail qu’une pirouette permettra au tueur de revenir dans le prochain film, un masque étant bien évidemment l »artifice idéal pour dissimuler l’identité pas si évidente de celui qui est en-dessous. Il reste bien entendu induit que l’analyse du masque de Myers dans H20 fait abstraction que le film présente plusieurs masques, parfois très différents, et exposés lors d’une même et unique scène.

Le masque ne sert pas qu’à cacher le visage, mais l’identité toute entière dans le final d’H20.

HALLOWEEN RESURRECTION : LE POUVOIR DE PERSUASION

Il revient (encore) pour se venger, et il n’est pas content. Indissociable de son masque ici particulièrement expressif, Michael Myers est devenu une icône. Objet de l’émission de web-réalité de Freddie Harris, le croquemitaine apparaîtra finalement bel et bien et contre toute attente dans la demeure ce soir-là. Ce dernier, bien que dispensé de toute mission meurtrière suite à la mort de Laurie Strode, gardera tout de même son masque vissé sur le crâne à son retour chez lui. Lors d’une scène mémorable, voulant copier le look du meurtrier pour effrayer les candidats, Freddie Harris s’affuble du masque et de la panoplie de Myers. Et face à son copycat amateur, Michael Myers lui-même sera mouché par les ordres de son étrange jumeau, et fera marche arrière au lieu de poursuivre son élan. La force de persuasion du masque fonctionnant peut-être même jusque sur le tueur lui-même.

Un masque aux traits particulièrement expressifs dans Halloween Resurrection.

HALLOWEEN 2007 : LE CONTRE-IDÉOLOGIE DES MASQUES

Dans le remake de Rob Zombie, les masques sont plus que jamais à l’honneur. Jouant sur le mythe tout en le déstructurant (une habitude chez le réalisateur), Myers opérera son premier meurtre à visage découvert, avant de revêtir un masque de clown pour abattre son beau-père et l’amant de sa sœur, avant de s’affubler du masque blanc pour tuer Judith. Jeté en prison, le tueur passera de nombreuses années à créer ses propres masques qui habilleront les murs de sa cellule, traduisant peut-être toutes les facettes de son esprit malade qui ne cherche qu’à être camouflé. C’est l’un de ses masques artisanaux, celui aux allures d’une citrouille d’Halloween, dont il se parera lors de sa sanglante évasion, avant de retourner à Haddonfield. Et c’est dans sa ville natale qu’il retrouvera son masque blanc, abimé et vieilli, qu’il portera pour le reste de ses viles actions. Ce seul masque qu’il n’avait pas façonné de ses mains.

Une panoplie de masques qui ne remplaceront jamais le classique original.

HALLOWEEN II ( 209) : LE CACHE-COLÈRE

Devenu une parure sale et décomposée, le masque de Michael Myers n’a plus dans Halloween II grand-chose de sa superbe d’antan. S’il a toujours été (mais particulièrement à partir d’Halloween 5) le barrage d’une rage immense, le masque deviendra cette fois à l’extrême un cache-colère qui n’arrivera plus à la contenir. Pantin des ordres de sa défunte mère, Myers ôtera délibérément son masque sur des plans entiers du film. Il le remettra à chaque meurtre, notamment dans la scène du champ de maïs, où, après avoir été agressé par des gros bras, il se camouflera derrière son masque pour les éliminer. Le masque sera le symbole de cette déchéance simple et dépravée, puisque Laurie elle-même en sera parée à l’issue du film (à des fins différentes selon la version cinéma ou la version director’s cut). À noter qu’arrivé à ce dixième film de la saga, cinq métrages (soit la moitié) ont choisi de faire apparaître les yeux de Myers à travers son masque (Halloween II, H20, Resurrection, et les deux films de Rob Zombie).

Les signes de la colère de Myers dépasse le masque dans H2 (2009)

HALLOWEEN 2018 : LE RÉVEIL DE LA FORCE

À l’occasion du 40e anniversaire du film original, qui efface accessoirement toute trace de toutes les suites qui en avaient été données, Halloween de David Gordon Green explore l’idée que le masque de Myers est un point essentiel à sa force et sa régénération. Provoqué par le journaliste Aaron Korey, Myers finit par s’échapper de Smith’s Grove, et retrouve sa légendaire parure qu’il ne quittera plus. Si l’absence du masque ne l’empêche tout d’abord pas de commettre plusieurs meurtres, c’est lorsque tous les éléments de l’équation sont réunis que Myers redevient littéralement le tueur d’Haddonfield. Errant dans les rues de la ville presque anonymement au milieu de la cohue habituelle du soir du 31 octobre, Myers renoue avec la présence fantomatique et menaçante voulue par Carpenter dans le film original. Le masque représente également d’autres idées survolées dans le film : la raison potentielle de la sortie du silence pour Aaron, ou l’illustration du plaisir de tuer pour le Dr Sartain.

Est-ce que tout repose sur le masque ?

HALLOWEEN KILLS : UNE SECONDE PEAU

Pris au pièce dans l’incendie de la maison de Laurie, Myers passe plusieurs instants au milieu des flammes. Dès lors touché par de sérieuses brûlures, il est dorénavant presque lié à son masque fondu comme une seconde peau. Myers est à présent reconnaissable entre mille, et à tout jamais associé à son masque (comme le prouve sa sortie fracassante de la maison, face à une armée de pompiers ébahis). Le masque n’est plus seulement une parure, il est un artifice essentiel à la quête de Myers. Lorsque Karen s’en empare pour le conduire dans un traquenard, le tueur ne se mesure à ses assaillants que lorsqu’il s’en est à nouveau revêtu. Mais Halloween Kills développe aussi l’idée que les gens ne connaissent pas le véritable visage de Myers, et le confonde avec un autre prisonnier qui devient alors une victime collatérale de cette psychose grandissante. Une alternative jusque-là inexploitée, qui trouvera dans Halloween Ends une variante en présentant un autre protagoniste sous le masque pour jouer sur les apparences.

Le masque d’Halloween Kills, comme une seconde peau pour Michael Myers.

HALLOWEEN ENDS : LE TRANSFERT D’IDENTITÉ

La saga originelle se clôt avec l’exploration d’une nouvelle idée : celle où le Mal ne meurt pas, mais renaît sous une nouvelle forme. Pour autant, elle ne se dépare pas du masque Michael Myers, qui devient, pour des raisons floues, l’interprétation du Mal pour celui qui le porte. En cela, le jeune Corey Cunningham n’est pas le nouveau Myers, mais une nouvelle illustration de cette folie meurtrière, animée par le désespoir. On ne saura donc pourquoi il lui est nécessaire de « voler » le masque du croquemitaine pour commettre ses meurtres ou s’attaquer à Laurie Strode, si ce n’est pour user du subterfuge de l’identité de Michael Myers. Un doute subsiste sur ce point dans le plan d’action de Corey, puisqu’il tue le Dr Mathis sous son masque d’épouvantail. Le masque devient la parure de vengeance pour Corey, avant de redevenir pour une ultime confrontation avec Laurie le volet facial du véritable tueur d’Haddonfield.

Halloween Ends : c’est à celui qui le portera…

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